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Transcription
En 1941, les États-Unis sont entrés en guerre et, au printemps 1942, notre entraîneur, Floyd Crutch, nous a donné un cours complet de premiers secours après l’école au bout duquel nous obtenions un certificat. En 1943, l’État du Texas a parrainé un programme de conditionnement physique pour l’effort de défense visant à ce que tous les garçons soient en bonne condition physique au moment de s’enrôler.
M. Crutch a mis en place une course à obstacles aux abords de l’école. Nous avons utilisé certaines des fosses de saut en hauteur pour lancer de fausses grenades. Il y avait des murs à escalader, comme dans une course à obstacles normale. Il nous a aussi notamment appris à marcher au pas et à recevoir des ordres.
L’enrôlement gagnait en popularité dans notre école, même notre directeur y est allé. Deux de nos enseignants, parmi mes préférés, se sont également enrôlés pour nous donner l’exemple. Beaucoup ont quitté l’école pour s’enrôler bien que la plupart d’entre nous, ceux qui n’avaient pas l’âge, aient essayé de terminer leur douzième année en premier.
Nous nous sommes tous enrôlés. Bien que je n’aie pas la plus belle plume qui soit, ceux qui ont écrit à notre entraîneur l’ont encouragé à créer un bulletin hebdomadaire. Chaque semaine, il racontait le quotidien des élèves, les messages qu’ils voulaient transmettre et tout ce qui concernait le rationnement, par exemple. Il expliquait les événements qui avaient lieu à l’école comme les programmes de sports.
L’âge pour le service militaire a fini par approcher, mais je ne pouvais pas m’enrôler parce que je suis aveugle d’un œil. J’ai cependant découvert que la marine marchande acceptait des hommes comme moi. À 17 ans, fraîchement sorti de mes études secondaires, je me suis donc enrôlé dans la marine marchande aux États-Unis. On avait besoin de nous dans le Pacifique Sud, alors au lieu de nous instruire sur la côte est, on nous a envoyés en Californie. Au bout d’un mois, j’ai été affecté à un navire à San Francisco, et nous sommes partis pour le Pacifique Sud le 1er septembre 1944.
Les Néerlandais contrôlaient autrefois ce qui est aujourd’hui l’Indonésie, alors appelée les Indes orientales néerlandaises, qui possédaient un port important, Hollandia (le nom a changé pour un autre de consonance indonésienne). Nous y apportions des fournitures et en chargions d’autres sur place. Lorsque le convoi a été formé, notre navire a été choisi pour transporter les troupes.
Dans un convoi, les navires transportant les troupes et les navires-hôpitaux sont placés au centre, entourés de navires transportant du pétrole, du carburant d’avion ou du gaz. Les colonnes extérieures étaient composées uniquement de navires de charge sans personnel transportant des fournitures militaires. La marine escortait bien entendu l’ensemble du convoi qui, dans le cas présent, était composé de 116 navires.
Nous sommes allés à Leyte, aux Philippines, qui était revenue entre les mains des Alliés. Les Japonais bombardaient la ville la nuit. Dans le port, il y avait une vaste baie où étaient ancrés tous les navires. Chaque nuit, la marine déployait un écran de fumée au-dessus du port, et nous pouvions ainsi sortir avec nos gilets de sauvetage pour regarder les projecteurs à travers la fumée et écouter les bruits provenant du rivage. Des avions japonais sont venus, mais je n’en ai jamais vu se faire abattre; tous ces combats avaient lieu à environ un kilomètre de nous, et nous n’avons donc jamais été attaqués directement.
D’autres navires arrivés avant nous étaient immergés dans le port avec la proue sortant de l’eau. La situation n’avait clairement pas été de tout repos avant notre arrivée. Pour notre part, nous n’avons eu à faire face qu’à des raids nocturnes et nous n’avons pas été attaqués directement.