Project Mémoire

Laurence Jesse William Morgan (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Laurence Morgan
Laurence Morgan
Laurence Morgan, 1939.
Laurence Morgan
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Laurence Morgan (au centre) à Durban, Afrique du sud, 1943.
Laurence Morgan
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Laurence Morgan parlant dans une église pour le souvenir et l'appréciation des anciens combattants, novembre 2009.
Laurence Morgan
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Laurence Morgan (au centre) à Alexandrie, Egypte, 1941.
Laurence Morgan
« La guerre est une chose atroce. J’espère que les jeunes gens d’aujourd’hui n’auront pas à vivre ce que nous avons vécu. »

Transcription

Lawrence Morgan, né le 24 novembre 1920. Je suis né à Seal Cove, Conception Bay, près de St John. Il n’y avait pas de travail à Terre-Neuve, alors les jeunes s’engageaient dans la marine ou dans l’armée de l’air ou l’armée de terre. Et ils devaient se joindre aux anglais parce que Terre-Neuve était une colonie anglaise à cette époque. Et il n’y a pas de raison particulière à mon engagement, je voulais juste m’en aller parce qu’il n’y avait pas de travail à Terre-Neuve à ce moment-là. Je travaillais dans une ferme pour 7 dollars par mois. C’est tout ce qu’on gagnait.

Alors on n’avait pas grand-chose, il n’y avait pas vraiment de quoi vivre. Alors je me suis tout simplement engagé, c’est tout. J’ai débarqué en Angleterre, et j’ai passé sept ans dans la marine, après que la guerre soit terminée, 1939 à 1945, j’ai rejoint la marine marchande et j’ai passé deux ans dans la marine marchande. Et le bateau sur lequel j’étais a coulé alors je, j’ai quitté la marine à ce moment-là. J’étais canonnier alors j’étais sur le canon anti-aérien et les six 4,5 ils appelaient ça. Il faisait à peu près cinq pieds quatre pouces de diamètre.

Pour moi, moi je nettoyais les canons après l’action. On était tous prêts pour, je vais vous dire, ils appelaient du pont « Avion en vue, relèvement 9-0 vert, prêt à ouvrir le feu. » Ils disent : « ouvrez le feu » alors vous ouvrez le feu. Donc vous ne voyez pas sur quoi vous tirez parce que vous êtes en dessous du pont et c’est un canon de 4,5, sur lequel j’étais, et puis on avait quatre canons de 16 pouces. Et un boulet ça faisait 450 kilos, à côté la cordite, derrière le boulet. Et on faisait couler un bateau à une distance de 20 milles. C’était tout fait par radar, en tirant ceux-là. Et il fallait tirer droit derrière ou droit devant parce que si vous tiriez de côté, le bateau se renversait.

On était en plein combat une fois et cet homme, il se préparait à enfiler son gilet de sauvetage et un éclat d’obus l’a touché et pendant qu’il courait, comme il était pressé, il a eu la tête coupée net et sa tête a traversé le pont en roulant et je me demande souvent pourquoi ça n’était pas moi, mais je suis toujours ici.

Et bien, juste avant la fin de la guerre il y avait des bombes magnétiques et un sous-marin allemand est entré dans le port (Le port d’Alexandrie en Egypte). Un sous-marin biplace, avec un italien et un allemand à bord, ils les ont attrapés après, et ils ont largué ces bombes magnétiques dans l’eau et l’acier a attiré ces bombes qui sont venue se coller sur le bateau.

Et alors c’était des bombes à retardement, elles étaient programmées pour exploser. Le Queen Elizabeth, il avait sauté dans le port d’Alexandrie. On a réussi à débarrasser le bateau de l’une d’elles avant qu’elle se déclenche, mais l’autre a explosé et a fait un énorme trou sur le côté du bateau et pas très loin de l’arsenal. Si vous étiez entré en contact avec l’arsenal, le bateau aurait explosé parce que c’est là qu’ils gardaient toutes les munitions.

C’est difficile d’expliquer ce que ça faisait. C’était il y a tellement longtemps, je ne sais pas, je ne me souviens pas de ce que ça faisait. Mais vous viviez tout simplement au jour le jour. Vous, c’est comme ça que vous viviez. Et les anglais, ils, ils avaient une rasade de rhum chaque jour, on avait une petite dose de rhum chaque jour. Ce n’était pas bien parce que beaucoup d’hommes en sont devenus dépendants. Et tous les jours, ils vous donnent une petite ration, ce qu’ils appelaient une petite dose, un quart de pinte (142 ml) de rhum. C’est un truc fort, et ça vous rend joyeux, vous savez, vous ne vous souciez plus de rien. Quand vous êtes heureux, vous buvez ça, vous vous sentez, vous oubliez tout et s’il y a une bataille, vous y allez et… Mais vous viviez au jour le jour vraiment.

C’est une chose terrible la guerre. J’espère que les jeunes d’aujourd’hui n’auront pas à passer par là où je suis passé. Et la dernière année de la guerre, 1945, j’étais en garnison à Philadelphie, à réparer des torpilles. Quand les sous-marins se présentaient, on réparait les torpilles et on sortait et on les contrôlait.

Et puis quand la guerre s’est terminée, en 1945, je, ils m’ont mis dans la police militaire. J’allais partout aux Etats-Unis pour aller chercher les déserteurs, qui avaient déserté pendant la guerre. Et vous vous cachiez dans des bâtiments. Et on leur passait les menottes et on les ramenait au poste. Après ça, ils étaient libres de s’en aller ou quoi, le service s’en occupait à partir de là.

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