Leon Katz (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Leon Katz (source primaire)

« Quand je suis arrivé à Bad Oeynhausen, ces lois étaient déjà en vigueur ou en voie de l’être, et j’étais chargé de mettre en œuvre, de contrôler et de gérer plusieurs de ces lois. »

Pour le témoignage complet de M. Katz, veuillez consulter en bas.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

La transcription en français n'est pas disponible en ce moment. Veuillez consulter la transcription en anglais.

Transcription

Je suis né le 20 décembre 1924 à Montréal. Je suis issu d’une famille pauvre et j’ai fréquenté l’école publique puis l’école secondaire de la Commission scolaire protestante de Montréal. J’ai obtenu mon diplôme de la Commercial High School en 1940 où j’ai obtenu la plus haute distinction de la province de Québec à l’obtention de mon diplôme d’études secondaires. J’ai reçu une belle grosse médaille d’argent pour le prouver. Jusqu’en 1943, j’étudiais la comptabilité et la vérification à l’Université McGill, puis je me suis enrôlé dans l’armée le 17 juillet 1943. Mon frère Carl était déjà en mer à cette époque, même s’il n’avait que 16 ans. Il avait menti sur son âge et il a dit qu’il était plus âgé. Ma mère, en particulier, m’appuyait, mon frère et moi, parce qu’elle était au courant des horreurs de la tyrannie nazie qui coûtaient la vie de nombreux Juifs en Europe. Ma mère et mon père étaient tous deux favorables à ce que Carl et moi nous enrôlions dans l’armée.

J’étais en Angleterre à l’époque, à Aldershot, près de Guildford. Le jour où la guerre a pris fin, les troupes canadiennes ont eu un congé, une mise à pied provisoire, et je suis allé à Londres. Voyez-vous, en mai [1945] je pense que nos dossiers et nos documents montreront que j’avais déjà été transféré à la British Control Commission [l’élément britannique de la Commission de contrôle alliée] parce que, très peu de temps après mon arrivée à Aldershot, ils se sont mis à chercher des effectifs parlant allemand. J’ai rapidement été identifié comme l’un d’eux, très tôt. Ce devait être en avril 1945. Lorsque je suis arrivé en Allemagne, je suis arrivé au quartier général des autorités britanniques de contrôle dans les zones occupées de la zone britannique, à Bad Oeynhausen. C’était le quartier général militaire britannique. Ce devait donc être au début de 1945, juste après la fin de la guerre, et les autorités britanniques essayaient d’établir une sorte de gouvernement militaire commun pour toutes les zones occidentales, sous contrôle britannique, américain ou français. Ils étaient bien sûr en conflit avec la zone russe, mais c’est une autre histoire. Dans les zones occidentales, l’appareil du renseignement a conclu une très bonne entente entre les trois autorités de sorte que j’ai pu, par exemple, circuler librement dans les trois zones, ce que j’ai fait. Par exemple, Coblence était dans la zone française, Düsseldorf dans la zone américaine et Köln dans la zone britannique.

Quel était le but de ma mission et à quoi je servais? Quand j’étais encore Bad Oeynhausen, les services de renseignement britanniques avaient déjà convenu avec les Américains et les Français d’établir des lois de gouvernement militaire pour remplacer les lois allemandes locales et ils ont publié ces lois et tous les… Je veux être prudent ici… chaque Allemand était tenu par la loi d’obéir aux lois du gouvernement militaire et non à ses lois locales. Par exemple, il était interdit aux Allemands de posséder ou de contrôler des actifs étrangers. Cela comprenait des actions, des obligations et d’autres participations ou titres dans des sociétés étrangères ou dans des filiales allemandes, disons, au Canada, par exemple. De plus, il leur était strictement interdit de posséder des métaux précieux; de l’or, de l’argent, du platine. Donc, quand je suis arrivé à Bad Oeynhausen, ces lois étaient déjà en vigueur ou en voie de l’être, et j’étais chargé de mettre en œuvre, de contrôler et de gérer plusieurs de ces lois.

La société Krupp [autrefois Friedrich Krupp AG et aujourd’hui ThyssenKrupp AG]; vous pouvez écrire des livres à ce sujet parce qu’elle était la plus importante fabricante d’armes d’Allemagne… J’ai hésité ici parce que lorsque Hitler a pris la République tchécoslovaque et la région des Sudètes, il a aussi pris le contrôle de Škoda Holding. Škoda Holding était un fabricant de très gros chars et de véhicules blindés à chenilles en Tchécoslovaquie. Krupp a mis la main sur l’entreprise et toutes ses usines. Je ne vais pas écrire un livre complet sur Krupp, mais laissez-moi dire ceci : les officiers américains m’ont dit clairement de me tenir loin de cette entreprise, même si j’étais invité à l’occasion à des fêtes à la Villa Hügel, le somptueux centre de villégiature estival de la famille Krupp elle-même. Je n’ai jamais pu établir de contact ou effectuer de contrôle dans l’empire Krupp parce que les Américains l’interdisaient. Ils subissaient des pressions constantes de la part des Krupp, qui répétaient : « Vous feriez mieux de nous laisser tranquilles, parce que d’ici un an, vous allez combattre les bolchéviques, l’Armée rouge, et vous allez avoir besoin de nous. » Il n’a pas fallu longtemps avant que la famille Krupp, et c’était en fait une entreprise sous contrôle familial, reprenne le contrôle des actifs et des usines Krupp, même en Tchécoslovaquie, imaginez, et chaque fois que je découvrais un lien avec les Krupps, on m’ordonnait, plus ou moins subtilement, d’abandonner la piste.