Margaret Cooper (née Douglas) (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Margaret Cooper (née Douglas) (source primaire)

« Les bombardiers de l’ARC [Aviation royale canadienne] et les sous-marins britanniques avaient fait couler 47 navires de ravitaillement, soit 169 000 tonnes d’équipement. Tous, à l’exception de deux, étaient un résultat direct de messages décodés par Bletchley Park. »

Pour le témoignage complet de Mme Cooper, veuillez consulter en bas.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Le « Bletchley Park Commemorative Badge » décerné par le gouvernement britannique en juillet 1999.
Le « Bletchley Park Commemorative Badge » décerné par le gouvernement britannique en juillet 1999.
Avec la permission de Margaret Cooper
L'Officier Margaret Douglas (Cooper), Service féminin de la Marine, Royaume-Uni, 1941-1945.
L'Officier Margaret Douglas (Cooper), Service féminin de la Marine, Royaume-Uni, 1941-1945.
Avec la permission de Margaret Cooper
Une Bombe Turing. Cet appareil a été développé par Alan Turing au Bletchey Parl pour décoder les codes des Enigma allemandes pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Une Bombe Turing. Cet appareil a été développé par Alan Turing au Bletchey Parl pour décoder les codes des Enigma allemandes pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Avec la permission de Margaret Cooper
Certificat de l'ancien Premier Ministre britannique Gordon Brown commémorant le travail de Margaret Cooper au Bletchley Park pendant la Seconde Guerre Mondiale. Juillet 1999.
Certificat de l'ancien Premier Ministre britannique Gordon Brown commémorant le travail de Margaret Cooper au Bletchley Park pendant la Seconde Guerre Mondiale. Juillet 1999.
Avec la permission de Margaret Cooper
La transcription en français n’est pas disponible en ce moment. Veuillez consulter la transcription en anglais

Transcription

J’étais en Argentine et je travaillais à Buenos Aires. Lorsque la guerre a éclaté, il y avait une énorme communauté britannique en Argentine. Tous les jeunes voulaient se porter volontaires et contribuer à l’effort britannique.

À notre arrivée, nous devions obtenir des coupons de rationnement pour les vêtements, la nourriture et tout le reste et signer des papiers à droite et à gauche. C’était un long processus. Quoi qu’il en soit, j’ai été appelée le 7 septembre 1941 et je suis allée dans un collège d’instruction, le Westfield College, à Londres. Nous y sommes restées pendant deux semaines et on nous a demandé ce que nous voulions faire bénévolement, ce à quoi j’ai bizarrement répondu que je voulais être codeuse, c’est-à-dire coder tous les messages de communication.

La nuit précédant notre départ, après avoir été enrôlées dans le Women’s Royal Naval Service, huit d’entre nous ont été convoquées dans le bureau de l’officière en chef. Elle a pointé une lettre sur le bureau qui, selon elle, provenait du premier ministre britannique, Winston Churchill, et demandait des volontaires pour un travail très secret, sans possibilité de promotion. Elle ne pouvait rien nous dire à ce sujet, mais c’était très urgent. J’ai dormi là-dessus et je lui ai fait savoir le lendemain matin que j’acceptais; toutes ont en fait accepté sauf deux. Le lendemain, on nous a mises dans un autobus; nous ne savions pas où nous allions et nous sommes arrivées à Bletchley Park.

Nous devions travailler sur ce qu’on appelait une Bombe, qui n’avait rien à voir avec une vraie bombe au sens où on l’entend. C’était une machine qui avait été plus ou moins inventée par un homme, Alan Touring (un informaticien britannique), qui a permis de décoder les messages codés.

Nous devrions être très reconnaissants envers les Polonais, ils ont commencé en 1932 à décoder les messages énigmatiques des Allemands. Je pense qu’ils étaient également en contact avec les Britanniques, mais nous sommes arrivés à un point où les Allemands ont envahi la Pologne et ils ont offert une machine Bombe aux Français et aux Britanniques, ce qui était absolument incroyable. Nous avions ainsi une longueur d’avance.

En août 1942, les forces avancées du maréchal Bernard Montgomery avaient arrêté l’armée de Rommel. Les bombardiers de la RAF, les sous-marins britanniques, avaient coulé 47 navires de ravitaillement totalisant 169 000 tonnes. Toutes les attaques sauf deux étaient le résultat direct des décryptages de Bletchley Park. En octobre 1942, 44 % des navires de l’Axe quittant l’Italie pour la Libye ont été coulés. Le 4 novembre, Rommel déclarait que les effectifs du corps allemand en Afrique ne comptaient plus que 24 chars utilisables, nombre qui a baissé à 11 le 10 novembre. C’est ce qui a mis fin à la guerre en Afrique du Nord.

Par la suite, j’ai été transférée dans une autre salle, extrêmement intéressante : la salle des U-boot. Nous étions en parfaite relation avec notre homologue de l’amirauté (le quartier général de la Royal Navy). Nous traitions tous les messages décodés concernant les U-boot et les transmettions à l’amirauté. Si l’amirauté avait des questions sur les messages ou autre, elle nous appelait.

J’ai été envoyée à Plymouth au Royaume-Uni le 26 avril 1944. Plymouth et Portsmouth étaient les principaux ports d’invasion navale de la France (débarquement du jour J). Tout se passait donc là-bas. Je faisais partie du personnel du chef d’état-major, mais j’assurais la liaison entre Bletchley Park et Plymouth; si des messages des U-boot dans cette région étaient reçus, je pouvais les transmettre à la personne appropriée.

Nous étions en totale sécurité. C’était absolument incroyable parce qu’au début de la guerre, relativement peu de personnes travaillaient à Bletchley Park. À la fin de la guerre, cependant, il y avait des milliers de travailleurs dans le domaine non seulement à Bletchley Park, mais dans le monde entier, mais rien n’est sorti au public.

Je dois dire qu’à Bletchley Park, personne ne parlait de son travail, sauf dans la pièce avec des collègues. Nous ne pensions même pas parler de notre travail à qui que ce soit.

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