Project Mémoire

Nellie Rettenbacher (Source primaire)

« Puis, brusquement, je me suis dit : "Je ne veux pas travailler dans les cuisines." J’ai donc demandé si je pouvais entrer dans la police militaire. »

Pour le témoignage complet de Mme Rettenbacher, veuillez consulter en bas.


Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Fête des CWAC. Nellie Rettenbacher est la 5ème à gauche.
Fête des CWAC. Nellie Rettenbacher est la 5ème à gauche.
Avec la permission de Nellie Rettenbacher
Soldats CWAC le 1er août 1942. Nellie Rettenbacher est la 2ème à gauche dans la rangée du haut.
Soldats CWAC le 1er août 1942. Nellie Rettenbacher est la 2ème à gauche dans la rangée du haut.
Avec la permission de Nellie Rettenbacher
Nellie Rettenbacher en uniforme de CWAC.
Nellie Rettenbacher en uniforme de CWAC.
Avec la permission de Nellie Rettenbacher
Défilé des CWACs, Angleterre.
Défilé des CWACs, Angleterre.
Avec la permission de Nellie Rettenbacher

Transcription

Je m’appelle Nellie Blankinship. Je suis née dans la vallée du mont Nicola Valley, en Colombie-Britannique, dans la maison de ma grand-mère, dans la réserve indienne. J’ai grandi dans le ranch et j’ai vécu avec mon père et ma mère jusqu’à l’âge de 20 ans. En ce temps-là, j’aimais beaucoup être une vraie cowgirl. Donc, à cette époque-là, on était en guerre et chaque fois que je voyais quelqu’un en uniforme, je trouvais ça très attirant. Puis, un beau jour, j’ai appris qu’on engageait des femmes. Et c’est ce que je voulais faire.

Donc, en juin 1943, je me suis engagée dans l’armée canadienne, à Vancouver. J’y suis restée jusqu’en juillet 1946, trois ans en tout. J’ai suivi une instruction de base à Vermillion, en Alberta, en juillet 1943. De là, on m’a envoyée à Gordon Head, au centre de formation des officiers. Je faisais partie de l’état-major. À proximité de Victoria, en Colombie-Britannique. Ensuite, je suis allée travailler pendant une courte période de temps à la caserne, à Victoria, en Colombie-Britannique. Puis, j’ai appris du jour au lendemain qu’on ouvrait une base à Chilliwack, en Colombie-Britannique, une base militaire à Vedder Crossing. Tout ce qu’on nous a dit, c’était qu’il fallait du personnel. On était environ une soixantaine de filles à former le premier groupe qui allait à Chilliwack.

On nous a logées dans les quartiers des officiers parce que les quartiers qui nous étaient destinés n’étaient pas encore prêts. Vous savez, ils ont commencé graduellement à en construire de plus en plus. C’était une grande base militaire, on s’amusait beaucoup. J’ai eu beaucoup de plaisir à me retrouver là. Puis, brusquement, je me suis dit : « Je ne veux pas travailler dans les cuisines. » J’ai donc demandé si je pouvais entrer dans la police militaire. Mon officier supérieur m’a répondu : « Bien sûr, je vais te mettre sur la liste. » On m’a donc envoyée au centre de formation de la police militaire, à Camp Borden, en Ontario.

De là, on m’a renvoyée à Vancouver, c’est là que j’ai passé le reste du temps à patrouiller ou à faire ce que les policières militaires font. J’ai été promue caporale, il y avait trois ou quatre filles qui travaillaient sous mes ordres, c’était la belle vie. J’ai vraiment aimé le temps que j’ai passé à l’armée.

Ma mère est une Thompson, mais mon père venait du Kansas, il était blanc. J’étais donc ce qu’on appelle une sang-mêlé. Cela ne m’a jamais vraiment causé de problèmes, il y avait pas mal d’Indiennes dans l’armée, qui venaient des réserves. Vous savez, je n’ai jamais grandi dans une réserve, une réserve indienne. Je ne suis pas allée à l’école indienne comme les autres filles. Je suis allée dans une petite école de campagne. À l’armée, je n’ai jamais de problèmes avec ça. On me traitait de la même façon qu’on traitait les autres, et moi, je faisais de même.

On allait à la gare ferroviaire ou à la gare routière pour accompagner les filles qui venaient et qui partaient, on s’assurait qu’elles avaient bien leur laissez-passer et tous leurs titres de permission. Sinon, on s’assurait qu’elles étaient de retour à la caserne à l’heure, elles devaient être rentrées à minuit. On vérifiait leur laissez-passer, qu’elles ne pouvaient pas rester plus tard, etc. Bien sûr, il y avait des filles qui faisaient des sottises, on devait les surveiller, elles devaient bien se comporter; on avait nos jeeps, on pouvait les reconduire à la caserne. Si elles avaient un petit ami qui était dans l’armée, elles devenaient un peu insolentes envers nous parce que, vous comprenez, nous n’étions que des femmes, même si nous faisions partie de la police militaire. Les policiers militaires [les hommes] travaillaient avec nous, ils n’étaient jamais bien loin. Donc, si on avait besoin de leur aide, on pouvait simplement les appeler et ils venaient. En général, les filles se comportaient bien. J’ai remarqué qu’il valait mieux leur parler gentiment que leur montrer qui commandait, que leur dire que moi, j’étais caporale et qu’elles n’étaient que de simples soldates. En fin de compte, ça marchait bien.

J’avais beaucoup d’amis à l’armée; encore aujourd’hui, je reçois de leurs nouvelles de temps en temps. L’année dernière, je suis allée à une réunion en Ontario, j’ai revu des filles que je connaissais dans l’armée. C’était bien de les revoir.

Il m’arrivait de travailler à la caserne, au bureau. Les lumières devaient être éteintes à une certaine heure, mais parfois, elles revenaient d’une fête, elles montaient et elles allumaient toutes les lumières. Je devais alors monter et leur dire d’éteindre les lumières. En général, elles me disaient d’aller me faire voir. Dans ce cas-là, j’allais chercher des filles qui travaillaient avec moi, on montait, j’appelais un des officiers et on les remettait à leur place. Mais pour ce qui est des réprimandes physiques, non, on n’a jamais eu à aller jusque-là avec elles. Elles savaient que si elles allaient plus loin, elles auraient des problèmes. Elles auraient été détenues à la caserne pendant une semaine ou deux ou un autre type de punition. Dans l’ensemble, je m’entendais bien avec elles.

À cette époque, il n’y avait pas le téléphone au ranch, on devait donc s’écrire, c’est tout. Si j’étais libre une fin de semaine, je prenais l’autobus et j’allais passer deux jours avec mes parents et ensuite, je revenais. Ils étaient vraiment fiers de moi, du fait que j’étais dans l’armée. On était trois, mes deux frères et moi, à être dans l’armée, ils nous appuyaient beaucoup, ils étaient vraiment fiers de moi.