Ruth McMillan a servi dans le Service féminin de la Marine royale du Canada pendant la Deuxième Guerre mondiale.
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Transcription
Je vivais à Summerside [Île-du-Prince-Édouard] à l’époque, je suis allée à Charlottetown et j’ai décidé de m’enrôler. J’ai rejoint la marine parce que mes deux frères s’étaient mobilisés. Ils étaient tous les deux dans l’armée et ils m’ont dit que je ne pouvais pas m’y enrôler parce que c’était trop difficile pour les femmes, alors je me suis tournée vers la marine. Et pas n’importe où, le Service féminin! Quand je suis rentrée à la maison, ma mère était dans le jardin et elle a commencé à s’approcher de moi, alors je lui ai dit qu’elle ferait mieux de s’asseoir, car j’avais quelque chose à lui dire. Je lui ai annoncé la nouvelle et elle m’a répondu avec le proverbe « Comme on fait son lit on se couche ». C’était difficile au début, mais toutes les autres faisaient la même chose, alors on suivait, et je m’entendais bien avec elles. J’étais habituée à la discipline à la maison. Nous étions une famille de cinq enfants et mes deux frères étaient partis à la guerre. Ils étaient les deux dans l’armée. Nous avons pris place à bord du [SS] Lady Rodney. Nous sommes parties avec un convoi la nuit tombée. Il y avait un sous-marin au milieu du convoi qui essayait de couler certains navires. Le convoi se dirigeait vers l’Angleterre. On nous a déposées à l’embouchure du port de Terre-Neuve et c’est là que je suis restée jusqu’à la fin de la guerre. C’était une belle expérience. Nous dormions dans nos jeans ou dans ce que nous avions comme pantalon de marine. On ne se déshabillait pas pendant la traversée parce qu’il fallait avoir des vêtements au cas où quelque chose arriverait. Quand on a appris qu’il y avait un sous-marin au milieu du convoi, on nous a fait monter sur le pont et nous avions toutes une lampe pour qu’on puisse nous voir si nous devions quitter le navire. Nous n’aurions eu en fait aucune chance dans l’eau glaciale. Ça fait peur d’y penser. Je pense que la fois où j’ai eu le plus peur, c’est lorsque j’étais à Terre-Neuve, au chantier naval. Il n’était pas permis de descendre ou de rentrer toute seule. Il fallait toujours être escortée dans un véhicule. Je le sais parce qu’un jour, nous avons essayé de sortir en passant devant le garde à la porte et il a levé son fusil en nous disant de rester où nous étions.