Stella Pierce a servi comme assistante météorologique dans la British Women's Auxiliary Air Force durant la Deuxième Guerre mondiale.
J'étais encore à l'école lorsque la guerre a éclaté. Je pense que tout le monde se souvient de ce jour où les sirènes d'alerte aérienne ont retenti, et nous sommes tous sortis pour regarder, et nous nous attendions à être bombardés immédiatement. Bien sûr, nous ne l'avons pas été, mais nous pouvions voir, papa était coordonnateur d’urgence lors des raids aériens et il devait faire le tour, tout comme la garde nationale, pour s'assurer que tout le monde allait bien. Ma grand-mère a été bombardée là où nous vivions, c'est-à-dire assez près de l'endroit où se trouve aujourd'hui l'aéroport d'Heathrow. Ce n'est donc pas très loin du centre de Londres. Nous pouvions voir les incendies dans l'Est de Londres, tout ce rouge dans le ciel. Et c'était assez loin. Nous n'avions pas le choix de ce que nous allions faire dans l'armée de l'air (Women’s Auxiliary Air Force), mais on m'a dit que je serais assistante « met », assistante météorologique, ce qui avait l'air assez intéressant. J'ai beaucoup appris. J'ai appris à estimer la hauteur des nuages et tout ce qui concerne l'échelle de Beaufort (mesure de la vitesse du vent), la façon d’envoyer un ballon météorologique et de mesurer sa trajectoire, et la façon d’utiliser le téléimprimeur. J'ai vraiment aimé ce travail. Toutes les heures, il fallait sortir et mesurer la hauteur des nuages, le vent, le temps, la pression atmosphérique, puis revenir, coder les données et les envoyer sur le téléimprimeur. Les rapports nous parvenaient de partout et nous devions les reporter sur une carte de l'Angleterre et de l’Atlantique. Ce premier aéroport, qui datait d'avant la guerre, était un endroit assez agréable où vivre. La première fois que j'y suis allé, ils faisaient des bombardements à basse altitude et ils sont allés presque, je crois qu'ils sont allés jusqu'en Pologne. C'était très dangereux et il y a eu beaucoup de victimes. Je ne sais pas ce qu'est devenu cet escadron par la suite. Je pense qu'ils ont arrêté les bombardements à basse altitude et qu'ils sont passés aux bombardements à haute altitude avec des (De Havilland DH-98) Mosquito (avions de combat multirôles). C'étaient tous des Mosquito, il y avait donc deux pilotes et un navigateur dans chaque avion. Ils sont devenus le No. 8 Pathfinder Force Group, qui larguait des fusées éclairantes sur les cibles pour que les bombardiers lourds viennent les bombarder. C'est dans cette station que j'ai rencontré mon mari. C'est une histoire assez romantique. (rires) C’était (la station de la RAF) Marham, dans le Norfolk; et un grand propriétaire terrien a dit que nous pouvions aller sur sa propriété pour faire du vélo. C’était très gentil, j'ai pensé que c’était tout un honneur. Un jour, j’ai donc enfourché mon vélo un jour et j'ai fait le tour de la propriété, et il s'est trouvé qu'un autre cycliste faisait de même, et nous nous sommes arrêtés à une pompe, je crois, qui pompait peut-être le lac ou quelque chose comme ça. Nous avons discuté et vous savez, ce que font les jeunes. (Rires) J’ai dit que je connaissais un endroit où nous pouvions manger des œufs et des frites. Nous y sommes donc allés et avons mangé des œufs et des frites, et c'est ainsi que tout a commencé. (Rires) Vous savez, le chemin vers le cœur d'un homme passe par son estomac. (Rires) Mais bon, nous sommes tombés amoureux et cela s'est passé très vite, vous savez. Je suis allé à Marham, je crois, fin avril, début mai 1943. Nous nous sommes rencontrés en juillet 1943. En décembre, nous étions fiancés ; il se trouve que nous nous embrassions dans la salle de téléimpression et que le capitaine du groupe nous a vus, ce qui a mis fin à Marham pour moi. J'ai été envoyé dans une nouvelle station dans le Lincolnshire. C'était la première fois que je voyais de la neige au sol. C'était une nouvelle station et les filles du bureau « met » étaient très amicales. L'une d'entre elles m'a emmené à la cathédrale de Lincoln où j'ai entendu le Messie (de Haendel) pour la première fois. C'était un moment excitant. Et puis, bien sûr, ce n'était pas très loin, l'Angleterre n'est pas vraiment loin, mais j'ai fait du pouce dans la neige autour du Nouvel An, je crois, pour aller à Marham. Il était facile de faire du pouce à l'époque, car il n'y avait pas beaucoup de voitures, mais il y avait pas mal de camions. Les chauffeurs de camion étaient très gentils avec les membres des forces (armées); j'ai pu faire de l'auto-stop et j'ai été embarquée. Nous nous retrouvions donc assez souvent ensemble. Il fallait obtenir ces papiers et faire le tour des gens pour les faire signer; et tout le monde disait : « Oh, vous êtes enceinte », parce que c'était la raison habituelle pour laquelle les gens quittaient l'armée de l'air. J'ai répondu : « Non, je ne suis pas enceinte. Je vais au Canada, je suis très excitée. Je vais au Canada rejoindre mon mari », car nous étions déjà mariés à l'époque. À un moment en décembre, j'ai dû me rendre à Londres et mes parents, oh mon Dieu, c'était un jour triste, sont venus avec moi; nous étions assis autour d'une tasse de thé, les larmes aux yeux. À ce moment-là, je me suis dit que je ne reverrais jamais mes parents et me suis demandé ce que j’avais fait. J’aimais Tony, je voulais partir et être avec lui, mais je ne reverrais jamais plus maman et papa. En fait, ça ne s'est pas passé comme ça, mais ça a pris beaucoup de temps avant que je puisse rentrer. Nous étions un groupe d'autres femmes et nous devions nous rendre à ce bureau à une certaine heure, puis on nous a donné des billets pour monter. On ne nous a pas dit où nous allions parce que tout était secret, mais il semblait que c’était Liverpool. Nous sommes montés sur le bateau et nous sommes parties, nous étions au mois de décembre, c'était encore la guerre, et c'était un bateau français et nous n'étions pas en convoi, alors nous avons dû aller très loin au sud, c’est ce qu’ils nous on dit, au sud, jusqu'aux Bermudes. Je suis entrée dans le port d’Halifax le 18 septembre 1943.