Val Rimer a servi comme opérateur artilleur dans l'armée pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il faisait partie des forces canadiennes qui ont participé à la campagne d'Italie.
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Transcription
Je m’appelle Val Rimer. Je suis né et j’ai grandi à Toronto. J’ai déménagé à Winnipeg à un jeune âge et c’est à Winnipeg que je me suis enrôlé dans l’Armée. En 1942, j’avais 19 ans. C’était l’époque de la Deuxième Guerre mondiale.
Après un mois d’entraînement de base, je suis passé au Camp Borden. Deux mois plus tard, j’ai été affecté outre-mer avec des troupes de renforcement. J’ai reçu une formation d’opérateur d’artillerie. Je me suis joint à un régiment blindé, le Lord Strathcona Horse, en Angleterre. Après un bref séjour en Angleterre, j’ai été affecté à un détachement d’avant-garde composé de douze hommes du Régiment, pour aller en Italie. À cette époque, le port de Naples était rempli de navires coulés – délibérément coulés pour bloquer le passage – et nous avons dû zigzaguer jusqu’à la rive pour déposer notre cargaison.
Nous étions en Italie avec un énorme contingent multinational. Il y avait des Canadiens, des Américains, les Britanniques, les Polonais, des Gurkhas, des Palestiniens, des Sikhs, des Indiens (des Indes) et des représentants d’autres nations alliées. Nous avons participé à plusieurs combats, des combats féroces. Nous avons combattu aux batailles de Monte Cassino, la ‘’Hitler Line’’, la ‘’Gothic Line’’.
Le 24 mai 1944, nous avons joué un rôle crucial dans la bataille de la rivière Melfa. En fait, nous avons fait la traversée de cette rivière avec le Régiment d’infanterie de New Westminster dont le major Mahoney s’est mérité la Croix de Victoria. Notre propre capitaine Perkins s’est mérité la médaille DSM (pour bravoure au combat). Par contre, le prix en vies humaines a été élevé. Deux officiers sont morts, six ont été blessés. Dix-neuf soldats sont morts et vingt-huit ont été blessés. Nous avons perdu dix-sept chars d’assaut Sherman. Le lendemain, le 25 mai, nous nous sommes rassemblés après le combat pour évaluer les dommages et, ce fut une erreur. Nous avons été repérés par un veilleur allemand avec un sans-fil et il a ouvert le feu. Les hommes de notre troupe étaient dans trois chars. Les trois ont été détruits. J’ai été le seul survivant.
Nous avons sans cesse continué à avancer et à reculer. Nous avons combattu à Ortona, un combat très, très féroce. J’ai abouti à l’hôpital avec une blessure légère et, au même moment, j’ai appris que mon frère avait été blessé en Europe. Nos parents ont reçu deux télégrammes. Vous pouvez vous imaginer leur réaction. Par contre, j’ai regagné mon régiment et j’ai continué ma participation dans la guerre.
Un événement reste un souvenir vif. Nous roulions lors d’un combat. Mon commandant était debout mais il s’est penché rapidement pour se mettre à l’abri des obus qui fusaient de toute part. Moi, en tant qu’opérateur d’artillerie, j’étais assis devant lui, lui faisant dos. Tout à coup, j’aperçois sa main sur l’écoutille – sa main n’avait plus doigts, ils avaient tous été coupés. Je vois encore sa main sans doigts devant mon visage. Cette image m’est toujours restée. Nous sommes retournés au poste de secours du régiment où il a été traité. Nous étions hors-combat puisque nous n’avions plus de commandant. Il y a eu plein d’opérations comme celle-ci.