Prenez note que les sources primaires du Projet Memoire abordent des temoignages personnels qui refletent les interpretations de l'orateur. Les temoignages ne refletent pas necessairement les opinions du Projet Memoire ou de Historica Canada.
Transcription
L’artilleur du DEMS [navire de commerce doté d’un équipement défensif] est un artilleur naval ayant suivi un entraînement. Sur notre navire, nous avions un armement de quatre pouces, des canons Oerlikon et des mitrailleuses Browning .50. Une grande partie du personnel de la marine marchande avait reçu une courte instruction de base. Règle générale, deux artilleurs navals étaient affectés au canon de quatre pouces, le reste de l’équipage s’occupant des munitions et d’autres tâches liées au canon. Nous effectuions des exercices de tir régulièrement, toutes les deux semaines environ. Les marins marchands avaient comme travail de nous aider si nous étions attaqués. C’est pourquoi on les qualifiait de navires de commerce dotés d’un équipement défensif.
Nous n’étions que 2 600 dans l’ensemble du service, sur les 100 000 personnes dans la marine pendant la guerre. Comme le veut la loi des petits nombres, nous étions vraiment différents.
Sur l’Ontariolite [un navire-citerne de l’Impériale], nous étions postés à l’arrière. Les marins marchands étaient positionnés sur le pont et vers l’avant, tandis que les artilleurs étaient chargés de surveiller la poupe et tous les autres angles. Nous devions surveiller tout ce qui était inhabituel. Lors de notre dernier voyage, nous étions dans un convoi de cinq pétroliers au départ de New York. Les cinq navires-citernes sont partis ensemble et je ne sais pas où nous avons perdu le convoi, mais c’est arrivé. Nous étions l’un des navires les plus lents à seulement huit nœuds, alors nous avons dû finir par nous séparer du groupe.
Quoi qu’il en soit, vers 10 heures cette nuit-là, les sous-marins allemands ont intercepté notre SOS. Ils ont touché le bateau le plus rapide. À 2 heures du matin, ils en avaient déjà coulé un autre. Cependant, ils ne nous ont pas eus, nous et les deux autres. Nous avons eu de la chance, je suppose. Je ne sais pas ce qui se serait passé si nous avions rencontré un vrai typhon ou quelque chose du genre.
Nous avons entendu la première bombe tomber et, grâce à l’interphone du navire, Sparks, l’opérateur radio, nous a tenus au courant. Après le largage de la deuxième bombe, ils ont commencé à diffuser leurs conditions de reddition 24 heures sur 24. Nous étions soulagés de savoir que la guerre touchait à sa fin. Nous n’avons pas fait grand-chose; je crois que le capitaine a donné à chacun une pinte de bière. C’était notre façon de célébrer.
Nous sommes revenus en novembre 1945 et nous nous sommes portés volontaires pour servir dans le Pacifique. À ce moment-là, ils accordaient à tout le monde 30 jours de congé, alors, naturellement, nous en avons fait la demande. Cependant, alors que tous ceux qui n’étaient pas venus de New York obtenaient leur congé, nous devions retourner au travail. À notre retour, j’avais accumulé 58 jours de congé, et je n’ai donc été libéré que le 22 janvier 1946.
Ils m’ont permis de réaliser mon rêve de vie : aller en mer. J’ai eu l’occasion de voir d’autres pays et de découvrir d’autres endroits. Nous avons la chance de vivre au Canada, c’est un pays pour lequel il vaut la peine de se battre.