William Parker (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

William Parker (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

William Parker a servi comme aide-cuisinier avec la marine marchande pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.

Harvey Burns
Harvey Burns
Harvey Burns
On a eu beaucoup de chance, ça a été un coup direct, le canon de 12 livres a frappé l’avion alors qu’il se présentait, à basse altitude, et alors qu’il rugissait au-dessus de nous il a largué ses bombes, on a bien sûr fait une manœuvre d’évitement d’urgence à ce moment-là et on l’a évité de justesse.

Transcription

Et j’ai pensé, oh, un de mes amis, il est allé dans la marine marchande, pourquoi ne pas essayer la marine marchande. Et j’ai pris contact avec lui et en effet, pas de problème pour rentrer là. Donc j’ai passé un entretien avec eux et ils ont dit, bon, qu’est-ce que tu voudrais faire ? J’ai répondu, j’aimerais apprendre le métier de matelot de pont. Bon, a-t-il dit, on a déjà des tas de marins, ce dont on a vraiment besoin c’est de cuisiniers. J’ai dit, cuisiniers, ai-je dit, je ne sais même pas faire bouillir de l’eau. Bon a-t-il dit, réfléchis à ça. Il a dit, tu sais, le boulot de cuisinier n’est pas désagréable à bord d’un bateau. Tu es ton propre chef, tu travailles le jour, principalement, tu n’as pas à faire de quart, tu es dans un endroit assez confortable, tu as un lit bien chaud, penses-y.

Alors j’ai fait ça, j’y ai réfléchi pendant deux semaines et j’ai parlé avec mon père et ma mère et ils ont dit, oh, ça ne paraît pas mal du tout. Et ils m’ont envoyé dans une école de cuisine suivre un cours intensif et un mois plus tard, j’étais en mer, en tant qu’aide-cuisinier.

Bon, c’est un très… en fait, c’est un boulot très important sur le bateau parce que si vous avez un bon cuisinier à bord, tout le monde est content sur le bateau. Vous savez, sur certains bateaux les gens n’étaient pas heureux, ils avaient un mauvais cuisinier ou ils n’avaient pas assez à manger et il y avait aussi pas mal de trucs louches qui se passaient quand ils recevaient leurs stocks à bord, il y avait beaucoup de… ils commandaient 50 kilos de viande et on leur livrait seulement 35 et ils répartissaient la différence. Il y avait beaucoup de choses comme ça qui se passaient sur les bateaux. Et c’était, je dirais que la nourriture était potable, pas géniale, mais c’était potable.

Le travail en lui-même était vraiment intéressant parce qu’on avait des postes de combat et on m’en avait attribué un en haut sur le pont et on m’a formé à tirer avec un canon Oerlikon. Et on était deux par canon, on en avait juste deux, un de chaque côté du pont. Et celui qui arrivait au canon en premier, il tirait et l’autre gars aidait avec les munitions.

Quand j’allais au Portugal, j’ai fait plusieurs voyages là-bas, on avait l’habitude de se séparer du convoi et d’entrer de notre côté. Alors on était seuls pendant la nuit et on repartait avant le lever du jour si on pouvait. Quitter le Portugal était une tout autre histoire. Ils savaient qu’on s’en allait et il y avait des Allemands là-bas et ils passaient juste un coup de téléphone et disaient, il y a un navire anglais qui est en train de partir. Et on sortait du port, dans une zone de trois milles nautiques environ, parfois ils n’attendaient même pas, et à peine on était sortis, il y avait déjà des bombardiers allemands qui nous attendaient. Et en général c’était des Condor Focke-Wulf (Fw200) à long rayon d’action. Une fois en particulier, on était partis de bonne heure le matin et c’était une journée humide et brumeuse et c’était l’heure du petit-déjeuner et on surveillait et il y avait trois avions à l’horizon qui nous tournaient autour et ils ont continué à nous tourner autour et on a décidé, bon, ce sont des Condor Focke-Wulf, ce sont des avions qui volent à haute altitude, il y a eu une petite erreur. Mais je suppose qu’ils ne pouvaient pas voir, ils allaient arriver à basse altitude et nous regarder d’en haut et on était tout seuls, on allait rejoindre le convoi.

Donc finalement, un avion a décidé de nous attaquer, le premier. On avait un canon de 12 livres à l’arrière et on avait deux matelots qui étaient viseurs d’armes avec nous et un des officiers et quelques matelots de pont, ils s’occupaient du canon et j’étais sur un des Oerlikon avec un marin et il y avait deux autres gars de l’autre côté. Et il semblait, bon, ce gars va nous sauter dessus. Et il était à très basse altitude. Bon, finalement, on a eu beaucoup de chance, ça a été un coup direct, le canon de 12 livres a frappé l’avion alors qu’il se présentait, à basse altitude, et alors qu’il rugissait au-dessus de nous il a largué ses bombes, on a bien sûr fait une manœuvre d’évitement d’urgence à ce moment-là et on l’a évité de justesse. Mais en tout cas, on l’a arrosé avec notre canon et on l’a descendu.

Les gens me demandent comment c’était et qu’est-ce que vous leur dites, la même chose que je vous ai dit, vous savez. Il y avait de courts moments de terreur intense et je dirais que 90 pour cent du temps, on était assez contents, en paix. L’action était toujours très rapide, ça venait de nulle part, ça avait l’air, vous savez, vous suivez la côte par une belle journée ensoleillée comme ça et tout à coup, vous avez une demi-douzaine d’avions qui vous attaquent en sortant de nulle part. Alors c’était, vous savez, de la terreur à l’état pur.