Winifred Kathleen Sirois (source primaire) | l'Encyclopédie Canadienne

Project Mémoire

Winifred Kathleen Sirois (source primaire)

Ce témoignage fait partie de l’archive du Projet mémoire

Winifred Sirois a servi dans l'armée pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Prenez note que les sources primaires du Projet Mémoire abordent des témoignages personnels qui reflètent les interprétations de l'orateur. Les témoignages ne reflètent pas nécessairement les opinions du Projet Mémoire ou de Historica Canada.


Winifred Sirois
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Winifred Sirois (2ème à gauche) à Garrett's Hay, près de Woodhouse Eaves, Grande-Bretagne, en 1943.
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Winifred et son mari sont allés en voyage de noces à Bournemouth, Grande-Bretagne. A gauche: photo montrant Bournemouth aujourd'hui; à droite: carte postale montrant Bournemouth quand ils y étaient en 1943.
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Winifred Sirois, le 4 novembre 2009, à Whitby, Ontario.
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Winifred Sirois (2ème à droite) en permission à Trafalgar Square à Londres, Grande-Bretagne, en 1943.
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Winifred Sirois et son mari Arthur Francis, en permission dans la maison de ses parents, en 1944.
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« Il y avait une pharmacie et quelques boutiques, puis un obus a tout fait exploser et il ne restait plus qu’un gros cratère. Oui, la guerre est horrible. N’allez jamais à la guerre.

Transcription

J’aurais aimé m’être engagée dans l’armée de l’air mais il n’y avait pas de poste vacant. Les femmes dans le service c’était nouveau. Chacun des services a eu une sorte de période d’essai pour voir combien de personnes ils pouvait prendre. Donc comme je ne pouvais pas m’engager dans les forces aériennes, j’ai pris l’armée de terre.

Et bien, la formation s’est passée à Trowbridge, qui est une petite ville dans la plaine de Salisbury, qui en fait est au sud-est de Londres. C’était les transmissions, je vais les appeler transmissions et ils avaient leurs, ces femmes pour nous enseigner le morse et comment écouter en morse. Et quand vous dites que vous écoutez du morse, ça va bien, mais vous écoutez le morse avec toutes les interférences en plus. Parce que les allemands savaient qu’on écoutait leurs transmissions, alors ils s’arrangeaient pour rendre ça le plus difficile possible. Et vous êtes devant ces récepteurs pendant huit heures d’affilée et vous trouvez un petit son quelque part et puis vous essayez de l’écouter.

Si on recevait quelque chose de bon, ils nous le disaient. Mais si on n’avait rien de bon, alors on n’entendait rien. Et la seule fois où j’ai entendu quelque chose en langage normal c’était quand les italiens quittaient la Libye. Ils étaient en train d’être évacués comme c’était les troupes italiennes et ils envoyaient des messages au pays à leurs familles. Et ça c’était en langage courant mais évidemment, c’était de l’italien. Je veux dire, vous deviez parler italien pour savoir, mais c’était très intéressant les messages qu’ils envoyaient chez eux.

C’était vraiment ennuyeux par moment. Vous travailliez pendant huit heures, c’était 24 heures sur 24 vous savez, on faisait les trois-huit. Et on marchait depuis notre cantonnement jusqu’à, en fait, il y avait des baraques avec le toit en tôle ondulée [Nissen], c’étaient des longs bâtiments en métal et il y avait du camouflage dessus pour les faire ressembler à des serres.

Je me rappelle à quoi ça ressemblait. Personne ne pourrait oublier. Bon, en fait, ce n’était pas aussi terrible. Vous devez vous rappeler que l’Angleterre était privée de presque tout et rationnée. Je veux dire qu’on était plus que rationnés. Les bateaux qui venaient nous ravitailler devaient traverser l’Atlantique. Ils coulaient de nombreux bateaux, la nourriture manquait. Bon, non seulement on nous bombardait mais on nous affamait aussi.

Au début, on n’a pas été bombardés. Tout le monde attendait et ils n’ont commencé les bombardements qu’au bout d’une année à peu près. Ils concentraient leurs efforts sur l’éviction des français de la France. Et si vous avez des notions de géographie vous savez que la Manche est très étroite, 34 kilomètres de large. Alors une fois qu’ils ont eu expulsé les français ou capturé les français, ils étaient là sur la côte, alors leurs avions n’avaient pas à aller bien loin, 34 kilomètres pour traverser la Manche. Pour les bombardiers lourds c’était tout près. Bien-sûr, nous avons bombardé l’Allemagne aussi.

Tout le monde était entraînés à s’occuper des bombes incendiaires qui faisaient beaucoup de dégâts. Et vous étiez guetteur d’incendie. On faisait quatre ou cinq heures et vous aviez un seau et une pelle et du sable et quand ces bombes incendiaires tombaient, vous preniez votre seau et vous jetiez du sable sur la bombe pour l’éteindre.

La fois où ils ont bombardé les docks, un samedi après-midi très agréable. Et ils sont arrivés et ils ont bombardé les docks avec des bombes incendiaires. C’était un taudis parce que les gens sur les bateaux, ils venaient et ils restaient aux environs d’une semaine et ensuite ils repartaient. Un peu dans la périphérie de Londres et là où nous étions, vous pouviez voir les flammes sur les docks. Et puis la nuit, les bombardiers sont revenus et évidemment, on parle de seulement 30 à 40 kilomètres à parcourir et ils ont largué des explosifs brisants incendiaires dessus et toute la zone des docks était en feu, plus les bateaux qui mouillaient à quai.

Et puis au fur et à mesure que la guerre progressait, vous avez sans doute vu ça dans vos livres d’histoire, ils ont parlé des bombes volantes et des roquettes. Et les bombes volantes c’était quelque chose comme on voit dans les bandes dessinées aujourd’hui, et les bombes volantes elles avançaient en faisant le bruit d’un petit moteur, c’était comme un petit avion et vous pouviez les voir. Et ils essayaient de les descendre et elles vrombissaient. Et puis le moteur s’arrêtait et elles tombaient. Et quelque soit l’endroit où elles tombaient elles explosaient. Et il y avait des roquettes et les roquettes venaient de Hollande, dans cette région. Et elle commençaient à, bon, ce que vous avez maintenant, mais c’était tout frais. Et bien-sûr, l’aviation de chasse et la force de bombardement [Bomber Command] ont essayé de bombarder ces endroits parce que les roquettes faisaient beaucoup de dégâts. C’était des explosifs brisants. Je me rappelle mon père qui partait à pied à la guerre et ce matin-là, il est parti et il a pensé qu’il allait pleuvoir, il pleut beaucoup en Angleterre. Alors ils est revenu chercher son parapluie. Quand il est arrivé au coin où il traversait d’habitude, il y avait une pharmacie là et quelques boutiques et une roquette avait atterri dessus et il ne restait plus qu’un cratère. Elle venait de tomber. Oui, c’est dur, la guerre c’est dur. Ne partez pas en guerre.