Nathalie Provost, C.P., secrétaire d’État (Nature), députée, ingénieure, militante pour le contrôle des armes à feu (née en 1966) . Survivante du féminicide survenu le 6 décembre 1989 à l’École Polytechnique de Montréal (voir Tragédie de Polytechnique), elle est une militante anti-arme à feu très prolifique et socialement engagée. En 2025, elle est élue députée libérale de Châteauguay–Les Jardins-de-Napierville. Elle est ensuite nommée secrétaire d’État pour la nature sous le gouvernement de Mark Carney.
Formation et début de carrière
À l’âge de 23 ans, Nathalie Provost est étudiante à l’École Polytechnique de Montréal. (Voir Université de Montréal.) Le 6 décembre 1989, elle tente en vain de dissuader un tueur antiféministe en faisant valoir qu’elles et ses camarades de classe ne sont pas féministes, mais seulement là pour étudier. Elle est blessée sérieusement par quatre balles. (Voir Tragédie de Polytechnique.)
Un mois après la tragédie, qui l’a laissée avec un trouble de stress post-traumatique, elle retourne déjà sur les bancs d’école. Elle s’implique dans la vie politique étudiante, devenant également la première femme à représenter ses camarades étudiants au conseil d'administration de Polytechnique. Elle obtient son baccalauréat en génie mécanique en 1990, puis une maîtrise en génie industriel en 1993.
Plusieurs années après la tragédie qui a coûté la vie à 14 femmes ― largement considérée comme la pire fusillade de masse misogyne du Canada ― elle s’identifie désormais de tout cœur comme féministe. Elle consacre sa vie à améliorer la condition féminine et à militer pour un meilleur contrôle des armes à feu.
Activités militantes
Survivre à la tuerie motive Nathalie Provost à s’engager dans le militantisme. Depuis 2009, elle est porte-parole de PolySeSouvient. Constitué de personnes ayant étudié à la Polytechnique, le groupe milite en faveur du contrôle des armes à feu.
En 2012, le gouvernement conservateur de Stephen Harper abolit dans la controverse le registre fédéral des armes à feu d’épaule. Cette mesure avait été mise en place en 1995. Le gouvernement du Québec s’oppose à son abolition et propose de créer son propre système d’enregistrement des armes à feu. Nathalie Provost accueille favorablement cette initiative québécoise bien qu’elle se désole de l’abolition du registre fédéral.
Nathalie Provost est également critique des libéraux sous Justin Trudeau. Elle fait valoir qu’ils ne sont pas assez durs avec le contrôle des armes à feu.
En 2017, elle est nommée vice-présidente du Comité consultatif canadien sur les armes à feu. Le rôle de ce comité créé en 2006 est de conseiller le gouvernement sur le dossier des armes à feu. En 2018, la Coalition canadienne pour le droit aux armes à feu réclame le renvoi de la militante au sein du comité. Selon l’organisme, Nathalie Provost fait du « lobbyisme illégal » auprès du ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale. Elle est blanchie de cette accusation. Cependant, elle démissionne du Comité consultatif canadien sur les armes à feu en 2019. Elle invoque son mécontentement à l'égard de l'approche du gouvernement en matière de contrôle des fusils de style militaire et son impression d’avoir été instrumentalisée en tant que seule victime siégeant au comité.
Nathalie Provost ainsi que d’autres figures et groupes en faveur du contrôle des armes continuent à mettre la pression sur le gouvernement libéral.
À partir de 2020, le gouvernement du Canada interdit par plusieurs décrets un grand nombre de modèles et variantes de fusils semi-automatiques et/ou de grande puissance. En 2023, le gouvernement adopte le projet de loi C-21 qui limite entre autres les transferts et la vente des armes de poing. Ces mesures sont bien accueillies par Nathalie Provost et PolySeSouvient.
Le militantisme de Nathalie Provost provoque des campagnes de harcèlement, mais elle est résolue à ne pas se laisser réduire au silence. Certains de ses adversaires politiques qui souhaitent assouplir le contrôle des armes à feu s’avouent intimidés par l’influence sociale importante de la survivante.
Carrière politique
Nathalie Provost fait carrière au sein de la fonction publique du Québec pendant 20 ans. Elle gravit les échelons à travers plusieurs rôles stratégiques, contribuant à améliorer le rendement du secteur public et à moderniser les services aux citoyens et citoyennes. En 2011, elle est nommée directrice générale de la transformation et des technologies de l’information au sein du ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles. En 2020, elle devient directrice générale au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.
En mars 2025, le gouvernement libéral élargit les interdictions sur les armes à feu. Nathalie Provost annonce que, avec Mark Carney à la tête du parti libéral du Canada, elle se lance en tant que candidate libérale à l’élection de 2025. Selon elle, si les conservateurs gagnent, ses 35 années de combat seraient perdues.
Lors de la campagne électorale, le candidat conservateur Simon Payette s’attaque au militantisme de Nathalie Provost. Il l’accuse de jouer le jeu de la victime dans ses efforts pour renforcer le contrôle des armes à feu. Dans la controverse, Simon Payette est forcé de retirer sa candidature.
Le soir du scrutin, Nathalie Provost est élue députée avec 45 % des votes dans la circonscription de Châteauguay―Les Jardins-de-Napierville. (Voir Châteauguay.) Mère de quatre enfants, elle attribue une part de son succès politique à la maternité qui lui a permis de tisser des liens forts avec sa communauté locale.
Prix et distinctions
En 1994, Nathalie Provost reçoit la Médaille de la bravoure du Canada. Celle-ci est remise en reconnaissance de sa bravoure et de son discours inspirant dans les heures suivant le féminicide.
Depuis 2014, Nathalie Provost est marraine de l’Ordre de la rose blanche. Celui-ci est créé en hommage aux victimes de Polytechnique à l’occasion du 25e anniversaire de la tuerie. (Voir Tragédie de Polytechnique.) L’ordre décerne notamment des bourses à des étudiantes canadiennes en génie.
En 2022, l’Université de Montréal lui décerne un doctorat honorifique en hommage, entre autres, à son militantisme et à sa volonté d’agir concrètement pour le bien-être collectif des citoyens et citoyennes.