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Naufrage du NCSM Esquimalt

Le NCSM Esquimalt a été le dernier navire de guerre canadien perdu en raison d’actions de l’ennemi durant la Deuxième Guerre mondiale. Le navire effectuait une patrouille anti-sous-marine aux abords du port de Halifax lorsqu’il a été torpillé par le sous-marin allemand U-190. Le Esquimalt a coulé le 16 avril 1945; au total, 44 des 71 membres d’équipage sont morts, et plusieurs d’entre eux sont morts d’exposition au froid en attendant d’être secourus.

Rencontre fortuite

Au mois de février 1945, alors que la Deuxième Guerre mondiale est presque terminée, les troupes russes se préparent à assiéger Berlin, la capitale du Third Reich de Hitler. Le sous-marin U-190 reçoit l’ordre de se rendre à Halifax pour une dernière mission de routine : faire couler des navires de la marine marchande. Dans la salle des machines du U-190 se trouve Werner Hirschmann, un ingénieur-chef de 22 ans.

Le 16 avril au matin, Werner Hirschmann et son équipage naviguent sous la surface des eaux dans les environs du port de Halifax lorsqu’ils croient qu’un navire de guerre allié les a détectés. Alors que le U-190 se déplace à la profondeur du périscope, les craintes de l’équipage semblent se confirmer : le capitaine du U-190 voit le NCSM Esquimalt se déplacer rapidement dans leur direction. Vers 6 h 30, le sous-marin U-190 répond à la menace perçue.

« En mode de défense, se rappelle Werner Hirschmann, nous avons lancé une torpille, une torpille acoustique qui a frappé le navire. »

Sur l’eau, à bord du NCSM Esquimalt, les yeux et les oreilles rivés sur l’ASDIC (le sonar), le marin canadien Joe Wilson est stupéfait d’entendre l’impact d’une torpille sur la coque du navire. En fait, le sonar n’a pas détecté le sous-marin allemand. À peine quelques minutes plus tôt, à 6 h 27, la dernière transmission radio de routine du NCSM Esquimalt ne mentionne aucun contact sonar. Joe Wilson se rappelle : « Je n’ai pas entendu d’écho ni rien qui pouvait provenir d’un sous-marin. »

La torpille perce le côté tribord de la salle des machines; le navire coule en quatre minutes, trop rapidement pour envoyer un signal de détresse. On estime que 28 hommes coulent avec le NCSM Esquimalt. Les 43 membres restants de l’équipage réussissent à grimper sur les flotteurs Carley (des dispositifs de flottaison faits de cordes nouées et de planches de bois) ou à s’accrocher aux flancs des flotteurs.

Recherches retardées

Le NCSM Esquimalt ne se présente pas à son rendez-vous de 8 h avec son navire jumeau, le NCSM Sarnia. Le lieutenant Roberty Douty, capitaine du NCSM Sarnia, raconte plus tard à la commission d’enquête sur le naufrage du Esquimalt : « Nous avons essayé, de 8 h à 9 h 50, d’entrer en contact radio avec le NCSM Esquimalt. Ne recevant aucune réponse et n’apercevant pas le Esquimalt dans la région, j’ai signalé au commandant du port que le NCSM Esquimalt n’était pas arrivé et que je procédais de manière indépendante à l’exécution de son ordre de fouiller tout le canal de Halifax. On m’a aussi rapporté qu’ils avaient tenté de localiser le NCSM Esquimalt à partir de la côte, mais qu’ils en avaient été incapables. »

Les recherches commencent à 9 h 50. L’équipage du NCSM Sarnia entend alors des échos sur le sonar, et croyant qu’un sous-marin allemand se trouve à proximité, largue des grenades sous-marines avant de reprendre les recherches du Esquimalt.

Roberty Douty raconte : « Nous nous doutions que quelque chose était arrivé, et après le contact avec le sonar, j’étais convaincu de ce qui était arrivé. »

Selon Liam Dwyer, maitre de 1re classe du NCSM Sarnia, la station radio du port de Halifax avait joint le NCSM Esquimalt quelques instants avant le coup de torpille, réessayant d’entrer en contact avec le navire à 7 h 41 sur différentes fréquences, mais en vain. Cette information, qui aurait bien pu sauver la vie de nombre de marins, n’est toutefois pas transmise à l’officier de quart du port avant 10 h 20. Les recherches officielles commencent ainsi plus de quatre heures après le naufrage du NCSM Esquimalt.

Les survivants restent dans les eaux glaciales pendant plus de cinq heures. En plus des 28 marins qui ont vraisemblablement coulé avec le bateau, 16 autres meurent de froid avant que le NCSM Sarnia ne les retrouve.

La Deuxième Guerre mondiale se termine à peine trois semaines plus tard; le NCSM Esquimalt est le tout dernier navire canadien perdu pendant la guerre. Plus tragique encore, ce désastre n’aurait jamais dû se produire. Comme Werner Hirschmann se rappelle, « Le plus tragique dans cette histoire, c’est que nous pensions qu’ils nous avaient trouvés, alors qu’en réalité, ils ne nous avaient même pas vus. »