Le NCSM Sackvilleest la dernière corvette survivante utilisée par la Marine royale canadienne au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Ce navire de guerre est une des 123 corvettes canadiennes qui escortent des convois de ravitaillement à travers l’Atlantique Nord pendant la bataille de l’Atlantique, la plus longue bataille de la guerre. En 1985, le NCSM Sackville est désigné comme le navire commémoratif du Canada.
Premiers jours
Au printemps 1940, le NCSM Sackville est la deuxième corvette de la classe « Flower » commandée par la Marine royale canadienne (MRC). Les corvettes sont créées par une compagnie britannique Smith’s Dock Company Ltd. Leur conception est basée sur celle des navires de chasse à la baleine. Les corvettes sont assez faciles à construire et elles ne sont pas coûteuses. On les construit à l’origine pour le service de patrouille côtière. Elles sont surnommées la classe « Flower » par le premier ministre britannique Winston Churchill qui croit que c’est bien pour le moral de noyer des sous-marins U-boot allemands à l’aide des navires nommés en l’honneur des fleurs. Cependant, la MRC décide de nommer sa flotte de corvettes en l’honneur de communautés canadiennes, car, comme l’explique Percy W. Nelles (chef d’état-major de la Marine royale canadienne), « les fleurs ne tricotent pas de mitaines », en faisant référence au soutien civil de l’effort de guerre.
Le NCSM Sackville est construit au Saint John Shipbuilding and Drydock Company, au Nouveau-Brunswick. Il est lancé le 15 mai 1941 devant une grande foule, en tête de laquelle sont le maire de la ville et le conseil municipal de Sackville, au Nouveau-Brunswick. Les journaux de l’époque racontent que le navire Sackville est « salué de façon bruyante par des sirènes et des sifflets d’autres navires du port ». Bien que le navire soit lancé en mai, on met encore sept mois pour finir tout son accastillage et pour faire des essais en mer avant qu’on le mette en service de la MRC de façon officielle le 30 décembre 1941.
Hélas, les premiers mois de servicedu NCSM Sackville sont contaminés par une dissension entre son capitaine et son équipage. On met fin à ces tensions en février 1942. Pendant que le Sackville escorte un convoi de Terre-Neuve à la destination de Halifax, on le détourne pour sauver des survivants du navire grec Lili coulé par un sous-marin allemand au large de l’île de Sable. Après le sauvetage, le Sackville perd de vue le convoi et le premier lieutenant prend le commandement du navire en emprisonnant le capitaine dans ses quartiers. Ensuite, la Marine relève le capitaine de ses fonctions et disperse l’équipage à d’autres navires, en le remplaçant par l’équipage du NCSM Baddeck, une corvette qui a des problèmes de moteurs.
Service d’escorte
Bien que l’on construise à l’origine les corvettes pour le service de patrouille côtière et le déminage, le paysage de guerre changeant force les petits navires de guerre d’entreprendre des tâches beaucoup plus dangereuses. Les sous-marins allemands parcourent les eaux de l’Atlantique Nord coulant de plus en plus de bateaux marchands qui transportent des fournitures essentielles pour contribuer à l’effort de guerre en Europe. Donc, on presse les corvettes d’escorter des convois du Canada à la Grande-Bretagne.
Le NCSM Sackville est assigné à la « Force d’escorte de haute mer », groupe C.3, qui comprend deux contre-torpilleurs et trois corvettes. Le groupe est nommé le « Barber Pole Group », car chaque navire a une peinture d’une enseigne de barbier autour de ses cheminées. Le NCSM Sackville et le reste du groupe quittent St. John’s, à Terre-Neuve, le 26 mai 1942, pour escorter le convoi HX 191. Leur premier trajet est tranquille et le convoi arrive à Londonderry, en Irlande du Nord, le 5 juin 1942.
Le NCSM Sackville et d’autres corvettes ne sont pas bien équipés pour faire des traversées périlleuses de l’Atlantique Nord. Dans la mer agitée et glaciale, les vagues se brisent souvent contre le pont inférieur et atteignent les corridors, l’eau pénètre dans les emménagements. Ayant une construction de base, les corvettes n’ont pas d’équipement électronique ni de radar modernes. L’armement avec lequel elles sont garnies est plutôt léger.
Combattre les sous-marins allemands
Les convois qui traversent l’Atlantique Nord sont toujours en danger d’être attaqués par les « meutes » allemandes, les groupes de sous-marins allemands qui se cachent et attendent la nuit pour commencer une attaque.
Le 3 août 1942, juste après minuit, le convoi ON-115 de Londonderry à destination de Terre-Neuve est attaqué dans la région des Grands Bancs. Les torpilles allemandes attaquent tout à coup deux navires. Pendant que les autres navires d’escorte essaient de retrouver des survivants, le NCSM Sackville chasse les agresseurs, en tirant sur eux avec ses armes et en lançant ses grenades sous-marines en plein sur le U-boot 43. Le capitaine du Sackville, Lt. Alan Easton, décrit plus tard la scène comme ça : « le U-boot… monte à la surface à l’angle de 40 degrés en exposant un tiers de sa coque longue et fuselée… Il reste juste un instant dans cette position précaire d’équilibre et à cet instant, une grenade lancée sur sa poupe explose sous le sous-marin et il disparaît en faisant un jet d’eau immense ».
Quelques heures plus tard, le NCSM Sackville rencontre le U-boot 552 à la surface des eaux. Au moment où le sous-marin s’apprête à plonger en vitesse, le Sackville tire le feu sur sa tour de manœuvre qui explose. D’abord, on croit que le Sackville a détruit deux U-boot pendant 12 heures, mais après la guerre, on apprend que les deux sous-marins, même avec des dégâts importants, ont réussi à rentrer à leur port d’attache.
En février 1944, on envoie le NCSM Sackville à Galveston, au Texas, pour une réfection en profondeur dans le but de le rendre plus propice aux traversées dangereuses et dures de l’Atlantique Nord. Quatre mois plus tard, en escortant un convoi à Londonderry, le Sackville subit des problèmes avec sa chaudière principale. La marine décide de ne pas la remplacer et de transformer le Sackville en un navire d’entraînement, car la guerre touche à sa fin et de plus, il y a d’autres navires plus modernes pour escorter des bateaux.
Le NCSM Sackville termine ses fonctions de navire d’escorte. Il fait 30 traversées pendant la longue et mortelle bataille de l’Atlantique.
Service après la guerre
Comme la guerre touche à sa fin, le NCSM Sackville est débarrassé de ses armements et il devient un navire d’entretien. Sa chaudière défectueuse est retirée pour permettre d’entreposer des câbles anti-sous-marins qu’on met dans l’eau pour protéger les entrées des ports de la côte Est.
En 1946, le navire d’entretien Sackville est relégué dans la réserve de la flotte, où il reste jusqu’en 1953, quand on en fait un navire de recherches océanographiques. Le Sackville participe à de nombreux voyages de recherche pour des projets militaires et civils pendant presque 30 ans.
Enfin, en 1982, on décide de le retirer de la navigation. À cette époque, le Sackville est la dernière corvette survivante. On planifie de le donner au Canadian Naval Corvette Trust. Ce groupe mène une vaste campagne de financement pour redonner l’apparence et la configuration d’origine (1944) au NCSM Sackville.
Le 4 mai 1985, le navire restauré est nommé monument de la marine canadienne pour rendre honneur à la mémoire de 5 000 membres des Forces armées canadiennes et des marins marchands qui sont morts pendant la bataille de l’Atlantique. Pendant l’été, le navire est à quai le long de la côte au centre-ville de Halifax, en Nouvelle-Écosse, et il est ouvert aux visiteurs.
Bataille de l’Atlantique
Le Fonds de commémoration de la marine canadienne, une organisation à but non lucratif qui est propriétaire du NCSM Sackville, annonce une idée ambitieuse de bâtir la Place de la Bataille de l’Atlantique, un nouveau musée au bord de l’eau à Halifax. Le NCSM Sackville doit devenir une attraction principale d’une exposition interactive sur les efforts de la marine canadienne pendant la Deuxième Guerre mondiale, en honorant ceux qui sont morts au cours de la bataille de l’Atlantique. Le Fonds estime que le coût du projet est entre 180 et 200 millions de dollars. Il demande une contribution de 150 millions au gouvernement fédéral en espérant recueillir des fonds de commanditaires privés pour la balance.