Historique
Dès 1913, l’Edmonton Orchestral Society réunit environ 15 instrumentistes. La première société à prendre le nom d’Edmonton Symphony Orchestra fait ses débuts au Pantages Theatre le 15 novembre 1920 sous la direction de A. Weaver Winston. Elle regroupe alors 52 instrumentistes. Après le départ du directeur Winston cette même année, l’ESO est dirigé par Henri Baron et Vernon Barford (1920‑1929), puis par F. Holden Rushworth jusqu’à la dissolution de l’orchestre en 1932.
Au cours des années 1940, des concerts d’orchestre sont donnés par l’Orchestre philharmonique d’Edmonton (fondé en 1941 par Abe Fratkin et Ranald Shean), et l’Edmonton Pops Orchestra dirigé de 1947 aux alentours de 1951) par Lee Hepner. Les chefs de l’Orchestre philharmonique d’Edmonton sont Abe Fratkin (1941‑1948) et Edgar Williams (1948‑1951).
En 1952, certains membres de ces deux orchestres s’unissent pour former un second Edmonton Symphony Orchestra (ESO, ou Orchestre symphonique d’Edmonton) comprenant 60 membres. La principale responsable de sa création est Mme Marion Mills, présidente fondatrice de l’Edmonton Symphony Society, fondée en 1952. Le premier concert de l’orchestre reconstitué a lieu le 30 novembre 1952 au Capitol Theatre sous la direction de Lee Hepner, qui demeure chef d’orchestre jusqu’en 1960. Durant la première saison, l’ESO présente une série sur abonnements et deux concerts pour les jeunes. Les solistes sont notamment Lois Marshall, Patricia Rolston et Soulima Stravinsky. En 1957, l’ESO se transporte au Alberta Jubilee Auditorium du Nord de l’Alberta, sa salle permanente jusqu’en 1997, à l’ouverture du Francis Winspear Centre of Music.
Administration
Les activités de l’ESO relèvent d’un conseil d’administration. Le financement de l’ESO est assuré par un appui du Conseil des Arts du Canada, de l’Alberta Foundation for the Arts et du Conseil des Arts d’Edmonton, auquel s’ajoute des dons de particuliers et d’entreprises.
Directeurs musicaux de 1960 à aujourd’hui
Après la démission de Lee Hepner, Thomas Rolston agit comme chef d’orchestre par intérim pendant quatre ans, suivi, en 1964, de Brian Priestman, fondateur de l’Opera da Camera et de l’Orchestra da Camera de Birmingham, et ancien directeur musical du Royal Shakespeare Theatre (1960‑1963). Durant ses quatre ans à Edmonton, Brian Priestman présente une « série principale » et, sous le nom de « Petite symphonie », des concerts par divers groupes d’instrumentistes de l’ESO. En 1968, il aide à la mise sur pied, avec l’appui de l’Alberta Cultural Development Branch, de la National Performing Artists Competition. Le gagnant du premier et unique concours (1968) est Arthur Ozolins.
En 1968, Brian Priestman est remplacé par Lawrence Leonard, qui a été violoncelliste dans l’Orchestre symphonique de Londres dès l’âge de 16 ans et chef d’orchestre adjoint de l’Orchestre Hallé (1963‑1968). Sous la direction de Lawrence Leonard, l’ESO devient, en 1971, un ensemble à temps plein et l’un des plus importants orchestres au pays. Il interprète pour la première fois deux compositions de son directeur musical, une adaptation de la Grande Messe de Notre Dame de Machaut et Group Questions for Orchestra, en 1972 et 1973 respectivement. Vers 1973, la décision est prise de maintenir désormais à temps plein un orchestre de dimension classique (45 instrumentistes). Au fil des 30 années suivantes, l’ESO s'agrandit à 56 musiciens à temps plein, avec, en fonction du répertoire, des musiciens supplémentaires.
Pierre Hétu succède à Lawrence Leonard en 1973, étant directeur artistique et chef d’orchestre jusqu’à la fin de la saison 1978‑1979, et principal chef d’orchestre invité en 1979‑1980. Peter McCoppin, chef d’orchestre adjoint durant la saison 1978‑1979, est nommé chef d’orchestre résident en 1979. Uri Mayer est directeur musical et chef principal de 1980 à 1994.
Grzegorz Nowak, gagnant de la Ansermet Conducting Competition de 1984 à Genève et musicien européen de l’année en 1985, succède à Uri Mayer et occupe la fonction de directeur musical de 1995 à 2002. Pendant ce temps, David Hoyt est cor principal, chef d’orchestre résident, initiateur (1994) de même que directeur artistique du festival en plein air Symphony Under the Sky (Symphonie sous le ciel). De 2002 à 2004, il est directeur artistique par intérim de l’ESO, rôle important pendant la recherche d’un nouveau directeur musical. Alors que l’ESO présente une série de chefs d’orchestre invités établis ou montants au public, les chefs d’orchestre principaux Franz‑Paul Decker et Kazuyoshi Akiyama assurent sa direction et sa continuité.
William Eddins, diplômé de l’Eastman School of Music, est nommé directeur musical de l’ESO en janvier 2005. Il occupe cette fonction pendant 12 ans, puis cède sa place à Alex Prior, qui a 24 ans, pour la saison 2017‑2018.
Tournées, collaborations et représentations spéciales
Au cours de la saison 1975‑1976, l’ESO prend part à une série d’émissions de télévision diffusées internationalement avec des vedettes telles que Charles Aznavour, Roberta Flack, Tom Jones, Henry Mancini, Anne Murray, Neil Sedaka et Paul Williams. Plusieurs concerts se déroulent à guichets fermés, par exemple avec k.d. lang en 1985 et avec Tom Cochrane and Red Rider en 1989. Cette tradition de présenter des musiciens d’autres genres se poursuit jusqu’au 21e siècle. L’orchestre est amplement médiatisé à la radio et à la télévision de la CBC et se produit à l’Expo 86 de Vancouver.
L’ESO fait fréquemment des tournées dans l’Ouest canadien et dans le Grand Nord, notamment pour le 75e anniversaire de l’Alberta en 1980 et dans le cadre de Northern Lights (Aurores boréales), une ambitieuse tournée, en 1994. Élément reconnu du paysage culturel de la ville, l’ESO marque son 50e anniversaire en 2002 par plusieurs concerts spéciaux. Puis, le 6 juin 2003, l’organiste britannique Christopher Herrick participe à la célébration du jubilé d’or de la reine Elizabeth II. Le 9 octobre 2004, un concert festif célèbre à la fois le centenaire d’Edmonton et celui du mécène de l’ESO, Harriet Winspear. De plus, l’orchestre exécute de la musique de compositeurs albertains pendant l’Alberta Scene, en avril 2005, au Centre national des arts d’Ottawa.
L’ESO collabore souvent avec les Richard Eaton Singers et d’autres chœurs locaux, et accompagne des représentations de l’Edmonton Opera et de l’Alberta Ballet. Beaucoup de ses musiciens se produisent aussi dans de plus petits ensembles, tels le Millcreek Colliery Band, l’Alberta Baroque Ensemble et, autrefois, les Harlan Green Players. À l’ouverture du Winspear Centre, en 1997, l’Orchestre philharmonique de Calgary se joint à l’ESO pour la 8esymphonie de Mahler. En novembre 2005, l’Orchestre du Centre national des arts (OCNA) visite Edmonton et se produit avec l’ESO. Parmi les 116 musiciens de l’OCNA, on compte les Edmontoniennes Jessica Linnebach et Amanda Forsyth.
L’ESO se donne comme objectif à la fois de remplir son mandat et de satisfaire le public, jouant de tous les genres de musique, des maîtres à la musique country. Les concerts du dimanche présentent des musiciens de l’ESO en solo, des symphonies pour enfants et des concerts éducatifs. Chaque année scolaire, environ 25 000 élèves expérimentent le Winspear Centre. Avec des compositeurs en résidence comme mentors, des élèves choisis écrivent des œuvres orchestrales et les écoutent en concert. Un spectacle somptueux présentant des compositeurs particuliers en juin, et le festival annuel Symphonie sous le ciel, en septembre, clôturent la saison de l’ESO.
Solistes et chefs d’orchestre invités
De nombreux solistes canadiens et internationaux éminents et montants jouent avec l’ESO. On peut citer, seulement pour les années 1980 : Victor Bouchard, Corey Cerovsek, Angela Cheng, Jane Coop, Janina Fialkowska, Judith Forst, John Hendrickson, Norbert Kraft, André Laplante, Joseph Rouleau et Alain Trudel. Par la suite, les solistes sont, entre autres, des vedettes comme Kathleen Battle, Isabel Bayrakdarian, Rivka Golani, Ben Heppner, Angela Hewitt, Ofra Harnoy, Marilyn Horne, Nigel Kennedy, Anton Kuerti, Jens Lindemann, Yo‑Yo Ma, Jon Kimura Parker, Luciano Pavarotti, Itzhak Perlman et Shauna Rolston.
Les chefs d’orchestre invités sont notamment Kazuyoshi Akiyama, Mario Bernardi, Alexander Brott, Boris Brott, Gabriel Chmura, Charles Dutoit, Ruben Gurevich, Richard Hayman, Brian Jackson, Bob Lappin, Thomas Sanderling, Peter Schenck, Simon Streatfeild, Walter Susskind et Yuval Zaliouk, qui est chef par intérim pour la saison 1980‑1981.
Depuis 1987, l’ESO organise le Concours de concerto du Nord de l’Alberta pour jeunes artistes. Parmi les lauréats figurent la violoncelliste Amanda Forsyth (1987), la pianiste Jamie Parker (1988) et le trompettiste Jens Lindeman (1990).
Commandes
L’ESO commande et présente pour la première fois plusieurs œuvres, dont Concertante de Louis Applebaum, Prelude‑Incantation, Sinfonia et Evocations pour deux pianos et orchestre de Violet Archer, Overtura Buffa de George Fiala, Symphonie no 2... a host of nomads... de Malcolm Forsyth (écrite pour le 25e anniversaire de l’ESO), Dreams de Gary Kulesha, Tales of the Netsilik de Raymond Luedeke (commandée conjointement avec six autres orchestres canadiens), Ballads of Distances, A suite for Orchestra de Rod McKuen, Neumes d’espace et reliefs de François Morel, Memento Mori (1998) de Chan Ka Nin, Musica Post Prandia de Manus Sasonkin et Shades of Autumn de Robert Turner.
Compositeurs en résidence
Le compositeur canadien primé John Estacio est le premier compositeur en résidence de l’ESO, de 1992 à 1999. Il produit beaucoup de nouvelles œuvres autant pour l’ESO que pour des ensembles de tout le pays. Pour l’ESO, il compose notamment Frenergy (1998), Wondrous Light (1997) et A Farmer’s Symphony (1994).
Allan Gilliland, qui succède à John Estacio, écrit plusieurs œuvres commandées par l’ESO, dont un Concerto pour violon pour le premier violon Martin Riseley, Gaol’s Ruadh Ròs: A Celtic Concerto for Two Harps and Orchestra, On the Shoulders of Giants, qui remporte le premier prix du New Music Festival de l’Orchestre symphonique de Winnipeg (2002), et Dreaming of the Masters, un concerto pour clarinette créé à Edmonton et avec le Boston Pops (2003) par James Campbell.
Enregistrements
Le premier enregistrement commercial de l’ESO est le fruit d’une collaboration avec le groupe rock britannique Procol Harum en 1971. L’album Procol Harum Live: In Concert with the Edmonton Symphony Orchestra (1972) est certifié disque d’or aux États‑Unis pour un demi‑million d’exemplaires vendus, et sa chanson Conquistador se hisse parmi les dix plus grands succès au Canada.
Sous la direction d’Uri Mayer, l’ESO produit dix enregistrements pour la CBC. Le premier, Orchestral Suites of the British Isles, remporte le Grand Prix du disque du Conseil des Arts du Canada pour le meilleur enregistrement de musique orchestrale en 1985; le deuxième, Great Verdi Arias, est finaliste aux prix Juno en 1986. L’ESO est aussi candidat aux nominations des prix Juno en 2005, pour Frenergy: Music of John Estacio avec Mario Bernardi, et en 2013, pour Logos Futura dirigé par Antonio Peruch.