Éditorial

Patrimoine asiatique au Canada

L'article suivant fait partie d'une exposition. Les expositions précédentes ne sont pas mises à jour.


Si les premiers liens entre la côte ouest canadienne et l'Asie se tissent à l'époque de la traite des fourrures, ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que se produit véritablement la première vague d'immigration asiatique au Canada. Attirés par la ruée vers l'or ou par les perspectives d'emploi dans la construction des voies ferrées ou l'exploitation des mines, les premiers immigrants chinois, japonais et sud-asiatiques ne sont pas bien accueillis par la société canadienne, qui réagit par l'adoption de mesures discriminatoires et racistes. Cette exposition est axée sur les luttes supportées par les premières générations d'immigrants asiatiques au Canada. Comme nous discutons brièvement de ces histoires — y compris les lois sur l'immigration, la ghettoïsation, les émeutes raciales, le droit de travailler et de voter, et l'internement —, nous vous encourageons à cliquer pour lire plus d'articles sur l'Encyclopédie afin d'avoir une vue plus large de ce coin crucial de l'histoire canadienne.

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Ouvriers des chemins de fer

Malgré le rôle important des Sino-Canadiens dans la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique, beaucoup de Canadiens d’origine européenne sont hostiles à l’immigration chinoise. De 1885 à 1923, celle-ci est limitée par une taxe d’entrée prohibitive.

Une taxe d'entrée

À partir de 1885, les immigrants chinois doivent verser une taxe d’entrée de 50 $ pour être admis au Canada. Les Chinois sont le seul groupe ethnique à payer une taxe d’immigration au Canada. En 1900, en réaction à l’agitation qui règne en Colombie-Britannique, le gouvernement augment la taxe à 100 $. En 1902, la Commission royale sur l’immigration chinoise et japonaise conclut que les Asiatiques « ne sont pas dignes de la citoyenneté entière, qu’ils sont nuisibles à une collectivité libre et dangereux pour l’État ». En 1903, le Parlement adopte une loi qui porte la taxe individuelle à 500 $.* Durant l’année financière qui suit, le nombre de Chinois qui s’acquittent de cette taxe passe de 4 719 à huit. Peu après, l’immigration chinoise augmente et, le 1er juillet 1923, depuis lors connu comme la « Fête de l’humiliation » pour les Sino-Canadiens, la Loi de l’immigration chinoise est remplacée par une autre loi portant le même nom, qui interrompt pratiquement l’immigration chinoise. En 1947, cette législation discriminatoire est finalement abrogée.

*Plus de 10 000 $ aujourd'hui

« La porcherie »

Quartier chinois

Certains d'entre eux, qui y passent jusqu'à six longs mois, surnomment ces centres « porcheries » en raison de leur cour minuscule entourée d'un mur épais qui évoque une prison, et de leurs fenêtres à barreaux. À Vancouver, les autorités mettent tous les nouveaux arrivants chinois en quarantaine pour trois mois, dans un immeuble bas, adjacent au quai du port. Peu importe que chaque passager ait été examiné par un médecin canadien à bord et qu'il ait subi un traitement de désinfection par fumigation au soufre (ainsi que ses effets personnels)… alors qu'il était aligné entièrement nu avec les autres. L'immeuble en brique aux fenêtres à barreaux, où sont gardés les arrivants, est surpeuplé et insalubre.

Émeute anti-asiatique

Vancouver's chinatown after the riot in 1907.

Le 7 septembre 1907, cinq jours avant l’arrivée du SS Monteagle de Pendjab —un paquebot transportant 901 Sikhs à l'embarcadère du CP à Vancouver — l’hostilité éclate contre les immigrants asiatiques. Alimentée par les agitateurs du Asiatic Exclusion League, une foule de 9 000 fracasse les fenêtres et détruit les logements et les magasins de Canadiens d’origine asiatique de « Japantown » et du quartier chinois. Lorsque les émeutiers arrivent dans le Japantown de Vancouver, ils sont repoussés par des immigrants d’origine japonaise vétérans de la guerre russo-japonaise.

Komagata Maru

En mai 1914, à son arrivée à Vancouver, les passagers sikhs à bord le Komagata Maru sont détenus à son bord pendant deux mois tandis que les officiers de l'immigration s'organisent pour les maintenir en dehors de la Colombie-Britannique. L'arrivée du croiseur Rainbow de la Marine royale du Canada le 20 juillet renforce la pression et, le 23 juillet, le Komagata Maru reprend la mer pour Calcutta, où l'attend la police. Lors du débarquement, 20 passagers sont tués au cours d'un échange de coups de feu.


Les droits des ouvriers et le vote

Les Canadiens d’origine asiatique sont privés du droit de vote : les Chinois en 1874, les Japonais en 1895 et Asiatiques du Sud en 1907. Des lois leur interdisent de travailler dans les mines, dans la fonction publique et dans les professions comme le droit, car pour ce faire il faut être inscrit sur les listes électorales provinciales. D'autres lois sur le travail et le salaire minimum font en sorte que les Canadiens asiatiques ne peuvent être embauchés que pour des tâches subalternes, à un salaire inférieur à celui des Blancs. Lorsque les Asiatiques travaillent plus fort et pendant plus d'heures pour gagner un salaire de subsistance, les syndicats blancs les accusent de concurrence déloyale, de voler les emplois et de saper les efforts des syndicats pour améliorer le niveau de vie des travailleurs blancs.

Service militaire

Pendant la Première Guerre mondiale, sauf exception, les bureaux de recrutement en Colombie-Britannique n’acceptent pas d’Asiatiques pour le service militaire. Pour contourner cette pratique, plus de 200 Issei (immigrants japonais de la première génération) voyagent de la Colombie-Britannique en Alberta pour s'enrôler. Des 222 hommes qui ont servi, 54 sont tués et 13 reçoivent la Médaille de la Bravoure.

Peu de gens savent que des Canadiens d’origine sikhe ont servi dans l’Armée canadienne au cours de la Première Guerre mondiale. Les dossiers militaires de la Grande Guerre recensent dix de ces hommes, qui se sont portés volontaires pour défendre un pays qui leur refusait la citoyenneté. Parmi eux, huit, dont deux sont morts au combat, ont servi en Europe. Un autre, Buckam Singh qui travaillait comme ouvrier agricole en Rosebank, en Ontario, a été blessé, puis est mort après son retour au Canada.

Enclaves ethniques

Quartier chinois de Vancouver, vers 1955.

À Vancouver, jusque vers 1930, des clauses restrictives empêchent les Chinois d’acquérir des propriétés hors du quartier chinois. Contrairement au stéréotype des quartiers chinois, « ghettos surpeuplés », ces communautés constituées aux XIXe et XXe siècles accordent une place importante à la famille et aux affaires. Elles constituent le cœur du Canada chinois et un bastion pour se protéger du climat raciste et hostile environnant. Plus particulièrement, durant la période d’exclusion (1923-1947), le quartier chinois de Vancouver devient une destination économique et sociale prospère et le foyer de nombreux Chinois sur la côte ouest.

Internement

Plus de 8 000 d'entre eux sont envoyés dans un camp de détention temporaire à Vancouver, où femmes et enfants sont gardés dans un bâtiment destiné au bétail. On les envoie ensuite dans des camps de détention en Colombie-Britannique, le sud de l’Alberta et au Manitoba, et en Ontario. Ceux qui résistent sont envoyés dans des camps de prisonniers de guerre. De 1943 à 1946, le gouvernement fédéral liquide toutes les propriétés des Canadiens d'origine japonaise (maisons, fermes, bateaux de pêche, entreprises et biens personnels) en déduisant des recettes toute prestation sociale touchée par les propriétaires pendant leur chômage forcé dans les camps de détention. En décembre 1945, toute une année après que les États-Unis aient permis à leurs citoyens d'origine japonaise de retourner chez eux, le gouvernement canadien défie le Parlement et donne au Cabinet le pouvoir de déporter 10 000 Canadiens d’origine japonaise au Japon.