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Pelletier, Frédéric (Fred)

Frédéric (Fred) Pelletier. Maître de chapelle, critique, professeur, compositeur, médecin (Montréal, 1er mai 1870 - 30 mai 1944). M.D. (Montréal) 1895, D.Mus. h.c. (ibid.) 1937.

Pelletier, Frédéric (Fred)

Frédéric (Fred) Pelletier. Maître de chapelle, critique, professeur, compositeur, médecin (Montréal, 1er mai 1870 - 30 mai 1944). M.D. (Montréal) 1895, D.Mus. h.c. (ibid.) 1937. Il travailla le piano avec son père, Romain-Octave I, le chant avec Guillaume Couture et l'harmonie et le contrepoint avec Achille Fortier. Reçu médecin, il négligea bientôt cette profession en faveur de la musique et du journalisme. Diplômé de l'École militaire de Saint-Jean, Québec, il fut capitaine du 65e régiment des Fusiliers Mont-Royal (1897). À Montréal, il fut reporter et rédacteur municipal à divers quotidiens jusqu'en 1914, alors qu'il mit un terme à sa carrière journalistique et devint fonctionnaire à la Ville de Montréal. Il fut secr. du Service de santé municipal, secr. du Bureau d'hygiène de Montréal (1914-21) puis bibliothécaire et publicitaire au Bureau provincial d'hygiène (1922-44).

Dès 1900, Pelletier fut chroniqueur musical à Montréal pour divers journaux. Il fit de la critique de concert de façon anonyme dans les grands quotidiens (La Patrie, La Presse) de 1904 à 1910 environ, et signa une dizaine de critiques au Devoir de 1911 à 1913, avant d'y occuper le poste de critique et chroniqueur musical pendant 28 ans (1916-44). De 1901 à 1911, il utilisa le pseudonyme de Rémi Siffadaux à quelques occasions pour des chroniques musicales et autres articles. En plus de sa collaboration comme correspondant montréalais de La Musique (1919-21) et du Musical America (1923-25), il signa des articles dans divers périodiques, notamment le mensuel Entre-Nous (1929-31) dont il fut rédacteur en chef, ainsi que L'Art musical, La Lyre, Musical Canada et la Quinzaine musicale et artistique. Pelletier signa la préface de Musiciens canadiens, ouvrage qu'il qualifiait de « premier monument élevé à la mémoire de nos musiciens d'hier ». En 1948, il publia à Montréal l'ouvrage Initiation à l'orchestre mais ses mémoires, « Montréal, fin de siècle », qui devaient être publiés au moment de sa mort, semblent être demeurés en manuscrit.

En 1909, Pelletier fut nommé m. c. à l'église Saint-Léon de Westmount [Montréal]. Il fut m. c. à l'église Saint-Jacques-le-Mineur (1910-36) et à Sainte-Brigide (1923-24). En 1922, il dirigea la Société chorale Saint-Saëns, qu'il venait de fonder, dans Samson et Dalila, avec Cédia Brault et Émile Gour. Il fut correspondant de l'Assn française d'expansion et d'échanges artistiques (1920?-44?) devenue en 1937 l'Assn française d'action artistique. C'est à ce titre qu'il organisa la première visite des Petits chanteurs à la croix de bois de Paris (1931) qui devaient par la suite inscrire à leur répertoire ses harmonisations de chansons folkloriques canadiennes. Pelletier fut prof. d'histoire de la musique au Cons. national de Montréal et (1933-44) à l'École supérieure de musique d'Outremont (École Vincent-d'Indy). Il fut prés. de l'AMQ (1932-35). De ses compositions, 34 titres étaient connus en 1990, y compris des harmonisations. Quelque 18 oeuvres furent publiées dans des revues et journaux, la plupart des chansons de circonstances, harmonisations ou noëls. Sa production comprend plusieurs oeuvres chorales religieuses : des motets, une Messe de Requiem (Schola cantorum 1919), un Stabat mater (1916) et deux oratorios, La Rédemption et Le Triptyque d'oraisons (Messager canadien 1943). Son Ludus puerilis pour orgue (1926) fut publié aux éditions du Cons. national de Montréal en 1931; orchestrée par Rosario Bourdon, l'oeuvre fut exécutée en 1943 par l'orchestre des CSM (OSM).

Pelletier n'a pas connu la notoriété apportée à cette époque par des études en Europe, une carrière d'interprète ou de compositeur remarquée sur la scène nationale et internationale, ou encore des élèves actifs dans les milieux musicaux canadiens. En fait, même s'il fut impliqué de façon intensive dans plusieurs sphères de la vie musicale montréalaise pendant toute sa vie, force est de constater que sa contribution, axée principalement sur la musique d'église, l'éducation (histoire de la musique) et la musicographie, demeure plutôt méconnue. Pourtant, Frédéric Pelletier peut à juste titre être considéré comme l'un des principaux critiques musicaux à Montréal dans la première moitié du XXe siècle. Sa participation à l'essor de la critique musicale, ses analyses et ses prises de position sur le développement musical à Montréal et sa pensée esthétique constituent une contribution importante à l'histoire de la critique musicale et permettent de mieux comprendre l'orientation de la discussion lors de débats majeurs qui ont marqué son époque.

Voir aussi Romain Pelletier, son frère, et Romain-Octave Pelletier II, son fils.