Le Paddle Prairie Metis Settlement est un des huit peuplements métis de l’Alberta. La communauté est située dans le coin nord-ouest de la province, près de la rivière de la Paix. Elle couvre 1 739 km2, soit environ deux fois et demie la taille d’Edmonton. Du point de vue de la superficie, il s’agit du plus grand des huit peuplements métis de l’Alberta ainsi que de la plus grande réserve autochtone de la province et du pays. (Blood 148, une réserve de la nation kainai située dans le sud de l’Alberta, s’étend sur 1 342,9 km2.) Selon le recensement de 2019, le peuplement de Paddle Prairie compte 536 habitants. Certaines personnes sont également membres du peuplement sans y vivre.
Histoire
Les peuplements métis de l’Alberta sont établis en 1938 après une enquête provinciale connue sous le nom de Commission Ewing. L’enquête est menée à la suite de pressions exercées par des chefs métis sur le gouvernement provincial pour que des terres soient données aux Métis qui souhaitent s’établir. En Alberta et ailleurs au pays, des traités garantissent des réserves aux Premières Nations, mais les Métis ont été exclus de ces ententes. La Commission Ewing se penche sur les conditions socioéconomiques des Métis en Alberta. Elle recommande ainsi l’établissement de « colonies métisses ». Le gouvernement de l’Alberta accepte les recommandations et procède plus tard à la création de 12 « colonies » ou peuplements métis dans les parties centrale et nord de la province. En 1960, le gouvernement provincial avait déjà dissolu quatre de ces peuplements (Cold Lake, Touchwood, Marlboro et Wolf Lake). Les huit peuplements restants (Paddle Prairie, Peavine, Gift Lake, East Prairie, Buffalo Lake, Kikino, Elizabeth et Fishing Lake) sont encore aujourd’hui de dynamiques communautés métisses.
En 1989, la province et les peuplements métis concluent le Alberta-Métis Settlements Accord. L’accord définit les principes d’une nouvelle relation entre le gouvernement provincial et les peuples métis de l’Alberta. Il entraîne la création d’une série de loi sur les peuplements métis, dont la Metis Settlements Act. Cette loi détermine les bases territoriales de la préservation et de la mise en valeur de la culture et de l’identité métisses. Sa structure vise également à promouvoir l’autonomie gouvernementale des peuplements métis. Les peuplements métis de l’Alberta sont les seules communautés métisses à faire l’objet d’une loi territoriale au Canada.
Territoires et activités traditionnels
Les membres du peuplement de Paddle Prairie considèrent que leur territoire traditionnel s’étend au-delà des limites établies. Le territoire traditionnel renvoie à toute terre que les peuples métis considèrent comme sacrée à des fins d’activités ou de croyances culturellement significatives. Les sites associés à des croyances sont utilisés actuellement et ont historiquement été utilisés pour des rassemblements spirituels et comme cimetières. Ces endroits sacrés sont principalement reconnus comme tels par des histoires transmises oralement de génération en génération. Il est important de documenter et de consigner ces histoires et traditions pour qu’elles ne soient pas oubliées au fil du temps.
Les activités traditionnelles qui dépendent du territoire comptent notamment la chasse, la trappe, la pêche et la cueillette de plantes médicinales et de baies. De nombreux membres du peuplement de Paddle Prairie pratiquent des activités traditionnelles tout au long de l’année. Ainsi, l’orignal, le cerf et le wapiti constituent des sources importantes de nourriture pour beaucoup de familles.
Village et infrastructures
La majorité du territoire de Paddle Prairie n’a jamais fait l’objet d’un arpentage et sert à des activités traditionnelles qui dépendent du territoire. Les habitations sont situées près de la route 35 du Mackenzie, qui traverse le peuplement du nord au sud. Du côté est de la route et au centre du territoire se trouve un petit village. Le bureau administratif, le bureau de poste, l’école, le centre récréatif, le magasin local et la station-service du peuplement s’y trouvent. Il compte également deux églises, une catholique et une évangélique.
L’école de Paddle Prairie offre des classes du préscolaire à la 12e année. Elle accueille environ 120 élèves, parmi lesquels se trouvent des enfants de Carcajou et de Keg River, des communautés avoisinantes. L’école offre à la fois des cours théoriques et des cours de formation professionnelle et sur les technologies.
Feu de forêt du ruisseau Chuckegg
Le feu de forêt du ruisseau Chuckegg, un des plus grands de l’histoire de l’Alberta, a ravagé le peuplement de Paddle Prairie (voir aussi Feux de forêt au Canada). En mai et en juin 2019, le feu force l’évacuation de l’ensemble du peuplement. Certains résidents ne peuvent y retourner qu’après 33 jours. Au total, le feu brûle 865 000 acres sur une période de 17 mois, dont 149 760 acres à l’intérieur du peuplement de Paddle Prairie, soit 35 % de sa superficie. Seize maisons sont détruites et plusieurs autres structures sont partiellement endommagées. De coûteuses mesures de rétablissement sont actuellement mises en œuvre dans le nord-ouest de l’Alberta.
Gouvernance
Le Paddle Prairie Metis Settlement, comme tous les peuplements métis de l’Alberta, est autonome sur le plan gouvernemental. Le gouvernement du peuplement est composé de trois à cinq postes élus, dont un président et de deux à quatre membres du conseil. Ce sont les membres du peuplement qui votent lors des élections, qui se tiennent tous les quatre ans.
Économie et projets actuels
Les secteurs des ressources naturelles les plus développés du peuplement sont ceux de la récolte du bois et de l’agriculture. Le peuplement de Paddle Prairie comporte également des réserves de pétrole et de gaz naturel importantes. Récemment, plusieurs projets d’énergie solaire y ont vu le jour. Ces projets financent la consommation énergétique des bâtiments du peuplement. Le plus grand projet consiste en une installation de 240 panneaux à l’usine de traitement de l’eau et une de 80 à l’aréna.
Vie culturelle
Le Paddle Prairie Metis Settlement a toujours valorisé les sports et les activités récréatives. Plusieurs membres sont d’enthousiastes joueurs de hockey l’hiver et jouent à la balle lente l’été. Des tournois de fer à cheval et des joutes de cribbage sont organisés tout au long de l’année.