La province du Nouveau-Brunswick a un gouvernement libéral majoritaire qui a été élu le 21 octobre 2024. La première ministre de la province est Susan Holt (la première femme à être élue première ministre dans l’histoire de la province), et la lieutenante-gouverneure est Brenda Murphy. Le premier ministre du Nouveau-Brunswick après la Confédération était Andrew Wetmore, qui a exercé ses fonctions de 1867 à 1870. La politique du Nouveau-Brunswick a toujours été dominée par l’un de deux partis, les libéraux et les conservateurs (éventuellement renommés progressistes-conservateurs). Chacun d’entre eux a détenu le pouvoir pendant de longues périodes.

Structure du gouvernement provincial
Il y a 49 sièges au gouvernement provincial du Nouveau-Brunswick. Chacun de ces sièges est occupé par un député de l’Assemblée législative élu par les électeurs admissibles de sa circonscription électorale. Selon la Loi sur l’Assemblée législative, les élections provinciales doivent avoir lieu le troisième lundi d’octobre, tous les quatre ans. Parfois, si le parti au pouvoir détermine que cela est avantageux, des élections peuvent être déclenchées avant cette date. Des élections peuvent également avoir lieu avant que les quatre ans ne soient écoulés si le gouvernement n’a plus la confiance de l’Assemblée législative. (Voir Gouvernement minoritaire.)
Comme dans les autres provinces, le Nouveau-Brunswick utilise un système électoral majoritaire uninominal à un tour, ce qui signifie que le candidat qui obtient le plus de votes dans chaque circonscription électorale l’emporte. Le parti ayant le plus de sièges forme le gouvernement, et le chef de ce parti devient premier ministre. En théorie, en tant que représentant du monarque, le lieutenant-gouverneur occupe la plus haute fonction provinciale, bien qu’en réalité, ce rôle soit largement symbolique. (Voir aussi Premiers ministres du Nouveau-Brunswick; Lieutenants-gouverneurs du Nouveau-Brunswick.)
Le premier ministre nomme habituellement les membres de son Cabinet parmi les députés appartenant également au parti au pouvoir. Les membres du Cabinet sont appelés ministres, et ils supervisent des portefeuilles spécifiques. Les portefeuilles typiques incluent les finances, la santé et l’éducation.

Histoire
Les premières élections du Nouveau-Brunswick ont lieu en 1785. À l’époque, les partis politiques n’existent pas, et les électeurs choisissent plutôt les candidats en fonction de caractéristiques personnelles, comme la religion et la classe sociale. Environ 100 ans plus tard, les partis commencent graduellement à se former. Mais il faut attendre jusqu’en 1931 pour que les affiliations aux partis deviennent conséquentes. Bien que les termes « libéral » et « conservateur » soient déjà utilisés en politique provinciale depuis un certain temps, ils ne signifient pas grand-chose étant donné que les représentants votent souvent d’une idéologie à l’autre.
Dans les années qui suivent la Confédération, un système bipartite s’implante fermement dans la politique du Nouveau-Brunswick, les libéraux et les conservateurs (éventuellement renommés progressistes-conservateurs) détenant le pouvoir. La politique provinciale se caractérise également par des mandats multiples dont bénéficient les partis au pouvoir. Par exemple, cinq premiers ministres conservateurs consécutifs gouvernent de 1870 à 1883, suivis de six premiers ministres libéraux consécutifs de 1883 à 1908. Jusqu’en 1982, année où le Nouveau Parti démocratique remporte un unique siège, le seul troisième parti à faire sa marque en politique provinciale est le United Farmers of New Brunswick, qui remporte neuf sièges en 1920. (Voir aussi Fermiers unis du Canada.)
Comme dans les autres provinces, au départ ce n’est pas toute la population qui a le droit de voter aux élections provinciales. Les femmes obtiennent le droit de vote en 1919, et les peuples autochtones l’obtiennent en 1963. (Voir aussi Droit de vote des femmes au Canada; Droit de vote des peuples autochtones.) De même, les catholiques se voient refuser le droit de vote jusqu’en 1830, après quoi ils ne peuvent voter qu’à condition de prêter allégeance au roi protestant d’Angleterre. Cette loi prive les populations francophones et acadiennes de la province du droit de vote, dont la plupart sont de religion catholique.
L’ethnicité et les disparités régionales sont toujours des thèmes récurrents dans la politique du Nouveau-Brunswick. En 1972, un parti politique séparatiste, le Parti acadien, est formé dans un effort de mieux représenter les communautés francophones de la province. Les politiciens exploitent à l’occasion les tensions qui existent entre francophones et anglophones. Toutefois, le parti gagnant est traditionnellement celui qui parvient à obtenir le plus de soutien des deux groupes.
De Louis J. Robichaud à Richard Hatfield : des années 1960 aux années 1980
En 1960, le libéral Louis J. Robichaud devient le premier Acadien à être élu premier ministre du Nouveau-Brunswick (Peter J. Veniot prend le pouvoir en 1923 à la suite d’une démission, mais il n’est pas élu) ainsi que le premier francophone. Louis J. Robichaud apporte des changements radicaux aux politiques linguistiques et économiques. Les Acadiens profitent le plus de ces changements, car les revenus sont redistribués des centres urbains vers le nord où sévit la pauvreté, et des services linguistiques sont mis en place pour servir à la fois les anglophones et les francophones, selon les recommandations de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme.
Malgré l’opposition d’importantes entreprises et des conservateurs consternés par la rapidité des changements, Louis J. Robichaud demeure au pouvoir durant toute la décennie. Son successeur, le conservateur et protestant Richard Hatfield (qui demeure premier ministre de la province pendant 17 ans, de 1970 à 1987), ne cherche pas à renverser la tendance. Son gouvernement met en œuvre des changements conformes à ceux de Louis J. Robichaud. Le parti de Richard Hatfield fait de plus en plus de percées dans les circonscriptions acadiennes, désamorçant ainsi la tentative du Parti acadien de créer une province acadienne distincte.

De Frank McKenna à David Alward : des années 1990 aux années 2000
En 1984, la GRC trouve de la marijuana dans les bagages de Richard Hatfield, le premier ministre de l’époque. Bien qu’il ne soit finalement pas accusé de possession, l’incident affecte l’image publique de Richard Hatfield. En 1987, le parti libéral du Nouveau-Brunswick, sous la direction de Frank McKenna, balaie les élections, remportant toutes les circonscriptions de la province. Ceci ne s’est produit qu’une seule fois dans l’histoire canadienne, lorsque les libéraux de l’Île-du-Prince-Édouard ont remporté tous les sièges en 1935. Frank McKenna s’attaque au déficit de la province et rationalise le gouvernement dans le but de contrôler les dépenses provinciales. Un bon nombre des initiatives budgétaires de Frank McKenna sont depuis des modèles pour d’autres provinces aux prises avec un déficit. Son succès dans ce domaine lui vaut une autre victoire largement majoritaire lors des élections générales de 1991. Le parti Confederation of Regions (CoR), un tout jeune parti anti-francophone, fait preuve d’une force surprenante lors de ces élections, remportant huit sièges. Cela est en grande partie un contrecoup de l’échec de l’Accord du lac Meech et de l’Accord de Charlottetown.

En 1995, suivant la tendance provinciale où les troisièmes partis provinciaux ne connaissent que de brefs succès, le CoR ne remporte pas de siège lors de ses deuxièmes élections, et Frank McKenna remporte sa troisième majorité consécutive. En 1999, Bernard Lord mène le Parti progressiste-conservateur à sa victoire la plus importante de l’histoire de la province. Cependant, en 2003, le nouveau chef libéral Shawn Graham profite de l’indignation du public à l’égard des primes d’assurance automobile. Shawn Graham attaque constamment Bernard Lord et le Parti progressiste-conservateur sur cette question, allant même jusqu’à suggérer un système d’assurance automobile public afin de contrôler les prix. Bernard Lord est réduit au plus petit gouvernement majoritaire possible, remportant 28 sièges, tandis que les libéraux en gagnent 26 et le NPD, un seul.
Shawn Graham défait Bernard Lord aux élections de 2006, qui sont déclenchées prématurément et de façon controversée par Bernard Lord afin d’éviter d’entamer une nouvelle session législative avec une minorité à la suite de la démission de Peter Mesheau, député du Parti progressiste-conservateur. Cette stratégie se retourne contre lui, et les libéraux forment un gouvernement majoritaire en remportant 29 sièges contre 26 sièges pour les progressistes-conservateurs. Malgré cela, la désillusion à l’égard du gouvernement de Shawn Graham s’amplifie, faisant de lui le premier ministre du Nouveau-Brunswick à n’effectuer qu’un seul mandat depuis la Confédération. Sous la direction de David Alward, les conservateurs remportent une victoire écrasante en 2010 avec 42 sièges sur 55, alors que les libéraux en obtiennent 13. En 2013, les limites des circonscriptions de la province sont redéfinies, ce qui réduit le nombre de sièges à l’Assemblée législative de 55 à 49.
De Brian Gallant à Susan Holt : de 2014 à aujourd’hui
Lors des élections de 2014, la province bascule de nouveau à gauche, ce qui donne à Brian Gallant un gouvernement libéral étroitement majoritaire avec 27 sièges. Les conservateurs de David Alward remportent 21 sièges, et pour la première fois dans l’histoire du Nouveau-Brunswick, le Parti vert remporte un siège lorsque son chef David Coon bat le ministre de l’Énergie du gouvernement progressiste-conservateur dans la circonscription de Fredericton-Sud.
En plus de cette défaite, les électeurs semblent rejeter plus généralement la plateforme centrée sur l’énergie du parti. David Alward a fait campagne sur la nécessité de développer les ressources naturelles de la province, incluant la fracturation hydraulique, alors que Brian Gallant a plutôt poussé les dépenses en matière d’infrastructures. Des difficultés techniques avec les machines de comptage de vote causent un retard dans la transmission des résultats, ce qui mène le parti conservateur à demander un recomptage. Toutefois, Élections Nouveau-Brunswick maintient que les résultats sont fiables.
Les élections de 2018 se soldent par une quasi-égalité entre les libéraux et les conservateurs. Les conservateurs, dirigés par Blaine Higgs, remportent 22 sièges, soit un seul de plus que les libéraux de Brian Gallant. Le Parti vert, toujours sous la gouverne de David Coon, remporte trois sièges, tout comme le Parti de l’Alliance populaire, dirigé par Kris Austin.

Une convention parlementaire rarement utilisée stipule que le premier ministre sortant a priorité pour tenter de former le gouvernement, quel que soit le nombre de sièges remportés par son parti. Brian Gallant, dont le parti remporte 37,8 % des voix par rapport à 31,9 % pour les conservateurs, choisit d’utiliser cette convention pour tenter de rester au pouvoir.
Le 2 novembre, Brian Gallant prononce un discours du Trône pour tester la confiance de l’Assemblée législative envers son gouvernement. Ayant perdu un membre votant de leur parti pour remplir le rôle de président de l’Assemblée législative, les libéraux ont maintenant besoin de l’appui de quatre députés provinciaux non libéraux. Bien que les trois membres du Parti vert votent en faveur du discours, les libéraux ne réussissent pas à convaincre les membres de l’Alliance populaire, un parti conservateur sur le plan financier qui s’oppose à de nombreuses politiques bilingues de la province. Sans la confiance de l’Assemblée législative, Brian Gallant quitte son poste de premier ministre, ouvrant la voie à Blaine Higgs.
En début d’août 2020, cinq mois après le début de la pandémie de COVID-19, Blaine Higgs envoie une lettre aux trois partis de l’opposition. Dans cette lettre, il demande aux partis de soutenir son gouvernement soit jusqu’à la date fixe des élections provinciales d’octobre 2022, soit jusqu’à la fin de la pandémie. En tant que chef d’un gouvernement minoritaire, la demande de Blaine Higgs signifie que les partis de l’opposition doivent promettre de ne pas défaire son gouvernement lors des votes de confiance. Au moment de la lettre, la cote d’approbation de Blaine Higgs est à un niveau record. Il justifie sa demande en affirmant qu’il faut assurer la stabilité de la province pendant la pandémie.

Lorsque le Parti libéral se retire des négociations, Blaine Higgs déclenche des élections. Le 14 septembre 2020, le Nouveau-Brunswick tient les premières élections générales au Canada depuis le début de la pandémie. Les électeurs élisent un gouvernement conservateur majoritaire. Les conservateurs obtiennent 27 sièges, les libéraux 17, les Verts ont trois sièges, et l’Alliance populaire, deux.
Le gouvernement majoritaire de Blaine Higgs et du Parti conservateur s’avère tumultueux. En 2022, Blaine Higgs intègre deux députés de l’Alliance populaire à son caucus, dont le chef Kris Austin, qui se vante ensuite d’avoir tiré le Parti conservateur encore plus à droite. Blaine Higgs promet ensuite quelque chose que le gouvernement libéral précédent n’a pas réussi à réaliser : remplacer l’éducation en immersion française dans la province par un nouveau programme dans un délai d’un an. Blaine Higgs change finalement d’avis, mais seulement après la démission de son ministre de l’Éducation, Dominic Cardy, qui critique publiquement le leadership de Blaine Higgs. Mais la plus grande gaffe de Blaine Higgs a lieu en juin 2023 lorsqu’il tente de modifier la politique 713, une loi qui établit des normes minimales pour les élèves 2SLGBTQ+ dans les écoles, pour mettre l’accent sur les droits parentaux. Six membres du caucus du Parti conservateur votent contre les changements et deux ministres démissionnent.
Alors que les élections du 21 octobre 2024 s’annoncent comme un référendum sur le gouvernement de Blaine Higgs, ce dernier tente de relier la cheffe libérale Susan Holt au chef libéral fédéral profondément impopulaire, Justin Trudeau. Mais Susan Holt se distancie de Justin Trudeau et elle mène une campagne efficace. Son parti remporte une majorité avec 31 sièges, contre 16 pour les conservateurs et deux pour les Verts. Blaine Higgs et cinq de ses ministres perdent leur siège. Susan Holt devient non seulement la première femme à être première ministre du Nouveau-Brunswick, mais un nombre record de 17 femmes candidates sont élues députées.
Dans son discours d’acceptation, Susan Holt déclare que les principales priorités de son gouvernement sont l’éducation, les soins de santé et le logement abordable.
(Voir aussi Premiers ministres du Nouveau-Brunswick.)