La province du Nouveau-Brunswick a un gouvernement progressiste-conservateur majoritaire, formé le 14 septembre 2020. Le premier ministre de la province est Blaine Higgs et la lieutenante-gouverneure est Brenda Murphy. La première personne à défendre le mandat de premier ministre du Nouveau-Brunswick après la Confédération a été Andrew Wetmore, qui a servi de 1867 à 1870. La politique du Nouveau-Brunswick a toujours été dominée par l’un de deux partis, les libéraux et les conservateurs (éventuellement renommés progressistes-conservateurs). Chacun d’entre eux a détenu le pouvoir pendant de longues périodes. En 1987, par exemple, le Parti libéral de Frank McKenna a remporté tous les sièges de la législature. Cela ne s’était produit qu’une seule fois dans l’histoire du Canada, en 1935, lorsque les libéraux de l’Île-du-Prince-Édouard s’étaient emparés de tous les sièges.
Structure du gouvernement provincial
Il y a 49 sièges au gouvernement provincial du Nouveau-Brunswick. Chacun de ces sièges est occupé par un député de l’Assemblée législative élu par les électeurs admissibles de sa circonscription. Selon la Loi sur l’Assemblée législative, les élections provinciales doivent avoir lieu le troisième lundi d’octobre, tous les quatre ans. Toutefois, si le parti au pouvoir détermine que cela est avantageux, des élections peuvent être déclenchées avant cette date. Des élections peuvent également avoir lieu avant que les quatre ans ne soient écoulés si le gouvernement n’a plus la confiance de l’Assemblée législative. (Voir Gouvernement minoritaire.)
Comme dans les autres provinces, le Nouveau-Brunswick utilise un système électoral majoritaire uninominal, ce qui signifie que le candidat qui obtient le plus de votes dans chaque circonscription électorale l’emporte. Le parti ayant le plus de sièges forme le gouvernement, et le chef de ce parti devient premier ministre. En théorie, en tant que représentant de la reine, le lieutenant-gouverneur occupe la plus haute fonction provinciale, bien qu’en réalité, ce rôle soit largement symbolique. (Voir aussi Premiers ministres du Nouveau-Brunswick; Lieutenants-gouverneurs du Nouveau-Brunswick.)
Le premier ministre nomme habituellement les membres de son Cabinet parmi les députés appartenant également au parti au pouvoir. Les membres du Cabinet sont appelés ministres, et ils supervisent des portefeuilles spécifiques. Les portefeuilles typiques incluent les finances, la santé et l’éducation.
Histoire
Les premières élections du Nouveau-Brunswick ont lieu en 1785. À l’époque, il n’y a pas encore de partis politiques. Les électeurs choisissent plutôt des candidats en fonction de caractéristiques personnelles, comme la religion et la classe sociale. Environ 100 ans plus tard, les partis font graduellement leur apparition. Il faudra toutefois attendre jusqu’en 1931 pour voir l’appartenance politique devenir la norme. Si l’on utilise déjà les termes « libéral » et « conservateur » en politique provinciale dans ces années-là, ils n’ont cependant que très peu de signification, étant donné que les représentants votent souvent sans tenir compte des idéologies qu’ils sont censés appuyer.
Dans les années qui suivent la Confédération, un système bipartisan s’implante fermement dans la politique néo-brunswickoise, les libéraux et les conservateurs (éventuellement renommés progressistes-conservateurs) se disputant le pouvoir. La politique provinciale se caractérise également par les mandats multiples dont bénéficient les partis au pouvoir; par exemple, cinq premiers ministres conservateurs consécutifs gouvernent de 1870 à 1883, suivis de six premiers ministres libéraux consécutifs de 1883 à 1908. Jusqu’en 1982, année où le Nouveau Parti démocratique remporte un seul siège, le seul troisième parti à faire sa marque en politique provinciale est le United Farmers of New Brunswick, qui remporte 6 sièges en 1920.
Comme dans les autres provinces, de grands pans de la population sont à l’origine exclus du vote aux élections provinciales. Les femmes obtiennent le droit de vote en 1919. Les peuples autochtones, eux, devront attendre jusqu’en 1963. (Voir aussi Droit de vote des femmes au Canada; Droit de vote des peuples autochtones.) De façon similaire, les catholiques sont privés du droit de vote jusqu’en 1830, après quoi on les autorise à voter à condition de prêter allégeance au roi protestant d’Angleterre. Cette loi pénalise les populations francophones et acadiennes de la province, dont la plupart sont de religion catholique.
L’appartenance ethnique et les disparités régionales ont toujours été au cœur de la politique au Nouveau-Brunswick. En 1972, un parti politique séparatiste, le Parti acadien, est mis sur pied dans le but de mieux représenter les communautés francophones de la province. Les politiciens exploitent à l’occasion les tensions qui existent entre francophones et anglophones. Toutefois, le parti gagnant est généralement celui qui parvient à obtenir le plus de soutien des deux groupes.
De Robichaud à Hatfield : des années 1960 aux années 1980
En 1960, le libéral Louis J. Robichaud devient la première personne acadienne à être élue premier ministre du Nouveau-Brunswick (Peter J. Veniot prend le pouvoir en 1923 à la suite d’une démission, mais n’est pas élu). Il est aussi le premier francophone à occuper cette fonction. Louis J. Robichaud apporte d’importantes modifications aux politiques linguistiques et économiques. Ce sont les Acadiens qui bénéficient le plus de ces changements, avec la redistribution des revenus des centres urbains vers le nord, plus défavorisé. En outre, on met en place des services à l’intention des deux communautés linguistiques, d’après les recommandations de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme.
Malgré l’opposition d’entreprises prépondérantes et des conservateurs affolés par la vive allure du changement, Louis J. Robichaud demeure au pouvoir durant toute la décennie. Son successeur, le conservateur et protestant Richard Hatfield, dirige la province pendant 17 ans, de 1970 à 1987; il ne cherche pas à renverser la vapeur. Son gouvernement met en œuvre des réformes qui vont dans le même sens que le programme de Louis J. Robichaud. Son parti parvient même à percer dans les milieux acadiens, atténuant les visées du Parti acadien en faveur d’une province acadienne distincte.
De McKenna à Alward : des années 1990 aux années 2000
En 1984, la GRC trouve de la marijuana dans les bagages du premier ministre de l’époque, Richard Hatfield. Bien qu’il ne soit finalement pas accusé de possession, l’incident a de fortes répercussions sur l’image publique de l’homme politique. En 1987, le parti libéral du Nouveau-Brunswick, sous la gouverne de Frank McKenna, entre au pouvoir après avoir été élu dans toutes les circonscriptions de la province. On n’a jusque-là jamais connu tel triomphe au pays, à l’exception de l’Île-du-Prince-Édouard, où les libéraux s’emparent de la totalité des sièges en 1935. Frank McKenna s’attaque au déficit de la province et rationalise l’appareil gouvernemental en vue de mettre un frein aux dépenses provinciales. Bon nombre des initiatives budgétaires du premier ministre ont depuis servi de modèles à d’autres provinces aux prises avec un déficit. Son succès dans ce domaine lui vaut une autre victoire largement majoritaire à l’élection générale de 1991. La Confederation of Regions (COR), un nouveau parti antifrancophone, profite d’un appui surprenant lors de cette élection, remportant huit sièges, un gain attribuable en grande partie au mouvement de réaction à l’échec de l’Accord du lac Meech (voir Accord du lac Meech : document)et de l’Accord de Charlottetown (voir Accord de Charlottetown : document).
En 1995, suivant la tendance provinciale qui n’accorde que de brèves victoires aux troisièmes partis provinciaux, le COR est pratiquement éliminé à sa deuxième élection, et Frank McKenna remporte sa troisième majorité consécutive. En 1999, Bernard Lord mène le Parti progressiste-conservateur à sa victoire la plus importante de l’histoire de la province. Cependant, en 2003, le nouveau chef libéral Shawn Graham profite de l’indignation de la population quant aux primes d’assurance automobile et attaque sans arrêt Bernard Lord et le Parti progressiste-conservateur à ce sujet, allant même jusqu’à suggérer un système d’assurance automobile public afin de contrôler les prix. Bernard Lord est alors réduit au plus petit gouvernement majoritaire possible, gagnant 28 sièges, alors que les libéraux en gagnent 26 et le NPD, un seul.
Shawn Graham défait Bernard Lord aux élections de 2006, organisées de façon anticipée — et dans la controverse — par Bernard Lord afin d’éviter d’entamer une nouvelle session législative avec une minorité à la suite de la démission de Peter Mesheau, député à l’Assemblée législative du Parti progressiste-conservateur. La stratégie se retourne contre lui : les libéraux forment un gouvernement majoritaire en remportant 29 sièges, contre 26 pour les progressistes-conservateurs. Qu’à cela ne tienne, la désillusion par rapport au gouvernement de Shawn Graham s’amplifie, et le premier ministre devient le premier au Nouveau-Brunswick à ne s’acquitter que d’un seul mandat depuis la Confédération. Sous la direction de David Alward, les conservateurs remportent une victoire écrasante en 2010 avec 42 sièges sur 55, alors que les libéraux en obtiennent 13. En 2013, on redessine les limites des circonscriptions électorales de la province, ce qui réduit le nombre de sièges à l’Assemblée législative de 55 à 49.
De Gallant à Higgs : de 2014 à aujourd’hui
Lors des élections de 2014, la province effectue un retour à gauche sur l’échiquier politique. Les citoyens se donnent un gouvernement libéral étroitement majoritaire (27 sièges), avec Brian Gallant à sa tête. David Alward, lui, remporte 21 sièges. Pour la première fois dans l’histoire de la province, le Parti vert remporte un siège alors que son chef David Coon ravit la circonscription de Fredericton-Sud des mains de l’ancien ministre de l’Énergie du gouvernement progressiste-conservateur.
Pour ajouter à la défaite, les électeurs semblent rejeter de manière globale la plateforme du parti centrée sur l’énergie. La campagne de David Alward misait sur la nécessité, pour la province, d’exploiter ses ressources naturelles, notamment en ayant recours à la fracturation hydraulique, alors que celle de Brian Gallant insistait plutôt sur les investissements en matière d’infrastructures. Des défaillances dans le système de vote électronique occasionnent un retard dans la transmission des résultats aux médias, ce qui incite le parti conservateur à demander un recomptage. En dépit de ces ratés, Élections Nouveau-Brunswick soutient que les résultats sont fiables et que l’erreur vient de la communication des votes plutôt que du dépouillement.
Aux élections de 2018 au Nouveau-Brunswick, il y a presque égalité entre les libéraux et les conservateurs. Les conservateurs, dirigés par Blaine Higgs, remportent alors 22 sièges, soit un seul de plus que les libéraux de Brian Gallant. Le Parti vert, toujours sous la gouverne de David Coon, remporte quant à lui trois sièges, tout comme l’Alliance des Gens, dirigée par Kris Austin.
Il existe une tradition parlementaire rarement invoquée selon laquelle le premier ministre en place peut tenter en priorité de former le gouvernement, sans égard au nombre de sièges gagnés par son parti. Brian Gallant, dont le parti remporte 37,8 % des voix (par rapport à 31,9 % pour les conservateurs), décide de mettre cette tradition en pratique dans le but de rester au pouvoir.
Le 2 novembre, il prononce un discours du Trône pour tester la confiance de l’Assemblée législative dans son gouvernement. Ayant perdu un membre votant de leur parti pour pourvoir le poste de président de l’Assemblée législative, les libéraux ont maintenant besoin de l’appui de quatre députés provinciaux non libéraux. Alors que les trois membres du Parti vert s’expriment en faveur du discours de Brian Gallant, les libéraux ne réussissent pas à convaincre les membres de l’Alliance des Gens, un parti conservateur sur le plan financier qui s’oppose à de nombreuses politiques bilingues de la province. N’ayant pas la confiance de la législature, Brian Gallant se voit forcé de quitter ses fonctions de premier ministre, et le pouvoir passe aux mains de Blaine Higgs.
En début d’août 2020, cinq mois après le début de la pandémie de COVID-19, Blaine Higgs envoie une lettre aux trois partis d’opposition. Dans cette lettre, il demande aux partis de soutenir son gouvernement soit jusqu’à la date fixe des élections provinciales d’octobre 2022, soit jusqu’à la fin de la pandémie. En tant que chef d’un gouvernement minoritaire, la demande de Blaine Higgs signifie que les partis d’opposition doivent promettre de ne pas dissoudre son gouvernement lors des votes de confiance. Au moment de la lettre, la cote d’approbation de Blaine Higgs est à un niveau record. Il justifie sa demande par la volonté d’assurer la stabilité de la province pendant la pandémie.
Lorsque le Parti libéral se retire des négociations, Blaine Higgs déclenche des élections. Le 14 septembre 2020, le Nouveau-Brunswick tient les premières élections générales au Canada depuis le début de la pandémie. Les électeurs élisent un gouvernement conservateur majoritaire. Les conservateurs obtiennent 27 sièges, les libéraux 17, les Verts trois et l’Alliance des Gens, deux.