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Jacques Poulin

Jacques Poulin, romancier (Saint-Gédéon de Beauce, Qc, 23 sept. 1937). Auteur de neuf romans, lauréat de plusieurs prix littéraires, dont le prix David en 1995, Jacques Poulin est l'un des romanciers québécois de sa génération les plus lus et les plus estimés par la critique.

Après des études classiques aux séminaires de Saint-Georges et de Nicolet (baccalauréat en 1957), il obtient une licence en psychologie en 1960 à l'U. Laval, et une deuxième licence en lettres en 1964 à la même université. Conseiller en orientation professionnelle dans un collège de Sainte-Foy de 1967 à 1970, puis traducteur pour le gouvernement fédéral de 1970 à 1973, il se consacre depuis lors à l'écriture, vivant modestement à Paris où il réside depuis une quinzaine d'années.

Mon cheval pour un royaume, premier roman paru en 1967, inspiré en partie par le terrorisme, est l'histoire d'un homme aux prises avec lui-même (interné dans un hôpital psychiatrique), une femme (dont il partage l'amour avec un de ses amis), une ville (Québec) et une société dont il essaie de se libérer par un acte terroriste qui finit par le blesser. Suivent Jimmy en 1969, enfant qui témoigne du pourrissement de tout (le chalet sur pilotis au bord du fleuve, le couple parental, la société), Le coeur de la baleine bleue en 1970, récit d'un homme qui se fait greffer un coeur de jeune fille et qui s'éveille aux aléas d'une identité sexuelle problématique, et Faites de beaux rêves, pour lequel il obtient le prix La Presse en 1974. Les grandes marées, prix du Gouverneur général en 1978, l'une des uvres les plus fortes de l'auteur et l'un des romans québécois les plus profonds malgré sa légèreté apparente, raconte l'histoire d'un traducteur solitaire, isolé sur une île qui fait figure de nouvel Éden, qui connaît momentanément l'amour d'une jeune femme venue du ciel (par l'hélicoptère du patron), mais dont la solitude sera brisée et anéantie par l'arrivée d'une multitude de personnages qui finissent par l'expulser de l'île pour mieux s'y installer. Le roman est une fable sur l'impossibilité de vivre en société.

Dans Volkswagen Blues, paru en 1984, Jack Waterman, double fictif de l'écrivain comme le nom de plume l'indique, part à la recherche de son frère Théo disparu, et parcourt l'Amérique, de Gaspé jusqu'à San Francisco, accompagné d'une jeune Métis avec qui il refait la route ancestrale des Amérindiens. LE VIEUX CHAGRIN, publié en 1989 à la fois au Québec et en France, est l'histoire d'un écrivain en panne d'inspiration qui veut écrire un roman d'amour, perturbé dans sa propre vie par une femme mystérieuse qu'il ne rencontre pas, et qui finit par se réconcilier avec l'écriture en accueillant chez lui une jeune fille abusée par son père qui lui fait entendre la voix de la tendresse. Au cours des années 1990, où l'audience de l'auteur grandit, paraissent La tournée d'automne (1993), où l'on voit un bibliothécaire ambulant nouer une relation amoureuse avec une femme au cours d'un voyage entre Québec et la Côte-Nord, et Chat sauvage (1997), roman dans lequel le narrateur joue au détective dans les rues de Québec et rencontre par hasard une jeune fille qu'il ne cherchait pas, mais qui finit par occuper une place sans cesse grandissante dans sa vie. En 2006, paraît La traduction est une histoire d'amour, dont l'intrigue se situe à l'Île d'Orléans et qui présente une jeune traductrice qui rencontre l'écrivain dont elle doit traduire les oeuvres.

D'une écriture sobre, dépouillée tant dans la syntaxe que dans la stylistique, en apparence simple et même légère, les romans de Jacques Poulin racontent l'histoire de personnages en quête d'eux-mêmes et des autres, blessés plutôt que déchirés par le désir de se (re)trouver et l'impossibilité presque absolue de le faire. La solitude méditative, l'amour placé sous le signe de la tendresse et de l'ambiguïté, la douceur désespérée qui habite les personnages dans leurs quêtes sont les thèmes de prédilection d'un écrivain soucieux de raconter la fragilité des êtres jusque dans la banalité de la vie quotidienne.