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Première Nation d’Elsipogtog

La Première Nation d’Elsipogtog (prononcer El-si-boque-toque) est une communauté micmaque située à 91 km au nord-ouest de Moncton, au Nouveau-Brunswick. Depuis longtemps connue sous le nom de Big Cove, la Première Nation a officiellement changé son nom pour Elsipogtog, qui signifie « rivière de feu ». Néanmoins, elle continue à être désignée communément sous le nom de Big Cove. La plupart des membres de la communauté parlent micmac et anglais.

En 2021, la communauté d’Elsipogtog comptait 3 509 membres inscrits, dont 2 703 résidaient dans la réserve de la Première Nation. La réserve, aussi appelée Elsipogtog, figure dans certains documents officiels sous le nom de Richibucto 15. Elle s’étend sur 19,56 km2.


Histoire

Les Micmacs vivent en contact étroit avec la terre depuis leur création par le Créateur. Selon le Atlantic Policy Congress (Congrès des chefs des Premières nations de l’Atlantique), on trouve des traces d’établissements micmacs remontant à plus de 5 000 ans le long de la rivière Richibucto.

Quand les Français, futurs Acadiens, s’installent dans la région, leur survie dépend largement de l’aide des Micmacs. Les Micmacs appuient aussi les colons français dans leur guerre contre la Couronne britannique. Entre 1725 et 1779, les Britanniques signent une série de traités avec les Micmacs, les Wolastoqiyik, les Abénakis, les Penobscot et les Passamaquoddy. Ces ententes, appelées Traités de paix et d’amitié, ne comportent pas de dispositions sur des transferts de territoires et des paiements. Les signataires autochtones promettent de ne plus combattre les Britanniques, et les Britanniques promettent en retour que les Autochtones continueront à avoir accès aux terres et aux ressources.

Première Nation d’Elsipogtog

Selon l’aînée micmaque Jane Meader, les Micmacs représentaient une force militaire importante dans la région et ont contraint la Couronne britannique à accepter des concessions assurant la préservation de leur mode de vie.

Mais bientôt, les Micmacs ont commencé à se faire voler leurs terres, qui ont été vendues par le gouvernement colonial. En 1802, 51 200 acres ont été mises en réserve pour la tribu des Richibucto, les Elsipogtog actuels. En 1900, la tribu ne disposait plus que de 2 222 acres, et aujourd’hui elle en détient 4 833,9 (19,56 km2).


Revendication de titre autochtone

En 2016, la Première Nation d’Elsipogtog et Kopit Lodge, un organisme communautaire micmac, ont déposé une revendication de titre autochtone auprès des gouvernements du Nouveau-Brunswick et du Canada. La poursuite s’applique à Sikniktuk, un des sept districts de Mi’kma’ki (la terre micmaque). Sikniktuk comprend une portion de la Nouvelle-Écosse, ainsi que l’extrémité sud-est du Nouveau-Brunswick, de la Baie de Fundy au nord jusqu’à la rivière Miramichi, et de l’est de la rivière Saint-Jean jusqu’au détroit de Northumberland. Les plaignants affirment qu’ils n’ont jamais cédé le territoire et qu’ils ont conservé leurs titres autochtones après avoir signé un des Traités de paix et d’amitié en 1761. En 2019, les Elsipogtog ont signé un mémorandum d’accord avec Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada. Le mémorandum exprime la volonté, de part et d’autre, de négocier au sujet du titre autochtone et de la gestion de l’environnement et des ressources naturelles à Sikniktuk.

Pensionnat indien de Shubenacadie

Pensionnat indien de Shubenacadie, Nouvelle-Écosse

Comme d’autres Premières Nations du pays, les Elsipogtog ont subi les effets débilitants de la Loi sur les Indiens, promulguée en 1876. La communauté a connu les pensionnats indiens, les externats indiens et la rafle des années soixante. Les enfants d’Elsipogtog ont été placés dans le pensionnat indien de Shubenacadie, à Shubenacadie, Nouvelle-Écosse. Seul pensionnat indien des Maritimes, Shubenacadie a été actif de 1930 à 1967.

En 2013, la Première Nation d’Elsipogtog a érigé un monument pour rendre hommage aux membres de la communauté qui ont été placés dans le pensionnat indien de Shubenacadie. Le monument est situé tout près des bureaux de la bande, près de l’intersection de Big Cove Road et Main Street.

Du côté des filles, on peut lire les noms suivants :

  • Alice Augustine (Sanipass)
  • Doreen Augustine (Peters)
  • Lena Augustine
  • Yvonne Marie Augustine (Torrey)
  • Joanne Clair
  • Margaret Ann Dedam (Peters)
  • Sarah Simon (Francis)
  • Laura Sanipass
  • Barbara Ann Peters Nee Simon
  • Marilyn Simon (Ingram)

  • Annie Bella Augustine (Levi)
  • Gertie Augustine
  • Phyllis Marie Augustine (Bernard)
  • Elizabeth (Liza) Augustine
  • Veronica Copage (Daulton)
  • Linda Marie Francis
  • Helen Sanipass
  • Madeline Sanipass
  • Caroline Joan Simon
  • Martha Simon

Les noms présents sur le côté des garçons :

  • Allan Joseph Edward Augustine
  • Frank Kenneth Augustine
  • John Augustine
  • Joseph Henry Augustine (Joe Bee)
  • Sam (Bald Eagle) Augustine
  • James (Jimmy) Clair
  • Raymond Copage
  • Roger Dedam
  • Joseph Andrew Francis
  • Michael William Francis
  • Philip Francis Jr.
  • Clement Paul
  • Stephen Sanipass
  • Bryant Joseph Simon
  • Wayne Solomon

  • Clifford Augustine (Peters)
  • Frank S. Augustine
  • John Freeman Augustine (Noel)
  • Louis Augustine
  • Stephen Augustine
  • David Copage
  • Arnold Dedam
  • Fenton Francis
  • Joseph Gabriel Francis
  • Philip Francis Sr.
  • Andrew Paul
  • Frank Paul
  • Alexander Bruce Simon
  • Francis Stephen Simon (Clifton)


À l’arrière du monument, un espace a été réservé pour honorer les survivants des pensionnats indiens de la Première Nation voisine d’Indian Island : Garfield Barlow, Grace Brooks, Gloria Jean Knockwood et Vincent Knockwood. Joseph James Julian, d’Indian Brook, se trouve aussi sur la liste.

Femmes et filles autochtones disparues et assassinées

La Première Nation d’Elsipogtog participe aux efforts de sensibilisation autour des femmes et filles autochtones disparues et assassinées. En 2020, la Fondation Rick Hansen a accordé le prix de la Personne qui fait une différence de l’année à Milee Millea, membre de la Première Nation d’Elsipogtog et élève de l’école élémentaire Rexton. Milee Millea a surmonté sa timidité pour présenter un discours à ses camarades d’école au sujet des femmes et filles autochtones disparues et assassinées, et a remporté le concours de débats.

De nombreuses familles de la communauté continuent de lutter pour obtenir justice pour leurs proches tout en poursuivant leur travail de deuil. Une ligne de soutien nationale et indépendante est disponible au 1 (884) 413-6649.

Infrastructure

La réserve d’Elsipogtog comporte une épicerie, le marché de River of Fire, un Pharmasave et un centre de développement économique. Un centre pour la famille et les enfants vient d’y être érigé. La Première Nation construit actuellement une nouvelle école, qui doit ouvrir ses portes en 2021. Une salle communautaire, dont l’entrée est en forme de tipi, se trouve à l’intersection de Big Cove Road et Ball Park Street.

En 2021, la Première Nation d’Elsipogtog a remporté le prix Kraft Hockeyville Canada, qui inclut $ 250 000 et la possibilité d’accueillir un match de la LNH. La communauté prévoit utiliser l’argent pour reconstruire la patinoire communautaire du centre récréatif Chief Young Eagle. L’aréna a reçu le nom du chef de longue date Albert Levi, qui est décédé en octobre 2020.

Gouvernance

Elsipogtog Flag

La Première Nation d’Elsipogtog est membre du Grand Conseil micmac. Le Grand Conseil est une forme de gouvernement traditionnelle qui déterminait autrefois le territoire où les familles pouvaient chasser et pêcher, tout en entretenant des relations avec d’autres nations. Pour ce qui est de la gouvernance locale, la communauté élit un chef et un conseil locaux conformément à la Loi sur les élections des Premières nations. Les élections se déroulent tous les quatre ans.

Cérémonie

Arts et culture

La Première Nation d’Elsipogtog est une communauté catholique, mais connaît une résurgence de la spiritualité micmaque. La danse du soleil se tient chaque année à côté des terrains du centre de traitement de Lone Eagle à Elsipogtog. La danse du soleil est une cérémonie des Peuples autochtones des Plaines tenue en l’honneur du soleil. William Nevin est le chef local de la danse du soleil. Avec l’aide de l’aîné siksika Keith Chiefmoon, William Nevin a introduit la danse du soleil à Elsipogtog dans le cadre des efforts de lutte contre l’abus de drogues et d'alcool.

Pow-wow de la Première Nation d’Elsipogtog

Les Elsipogtog ont une riche tradition sportive. Des modèles comme Everett Sanipass, ex-attaquant des Blackhawks de Chicago, inspirent de nombreux jeunes athlètes. Outre le hockey, les Elsipogtog ont fourni de nombreux athlètes dans les sports de combat, comme Stephen « Spider-Man » Clement (MMA) et Nathan « Timberwolf » Millier (boxe). Aujourd’hui décédé, Alfred Sanipass a été quatre fois champion Golden Glove en Nouvelle-Angleterre et a été intronisé dans le temple de la renommée Boxe Canada.

Le groupe Wabanaki Confederacy, dans lequel joue le gardien du tambour d’Elsipogtog Donnie Augustine, a remporté un Prix de musique autochtone pour Journey of the Drum en 2019. En 2021, le groupe a remporté le prix de la musique autochtone Summer Solstice de l’album de l’année pour Honouring Our Languages.

Peinture de Fancy Peterpaul