Racine, Rober
Rober Racine, artiste visuel, musicien et écrivain (Montréal, 1956). Au cours des années 70, il étudie la littérature, l'histoire de l'art et le cinéma, puis commence à exercer un art multidisciplinaire. Racine donne des représentations remarquables au cours desquelles il relève des défis extraordinaires, entre autres dans Tetras 1 (1978), une composition musicale à la mise en scène complexe avec des musiciens, des acteurs, et des objets divers, et aussi dans les Vexations d'Erik Satie (1978-1979), où 152 notes de musique sont jouées 840 fois (l'artiste doit jouer du piano durant plus de 14 heures de suite). Il étudie aussi les dimensions physiques, spatiales, et temporelles du Salammbô de Gustave Flaubert (1978-1980). Pour ce faire, il transcrit le texte de Flaubert et construit un escalier qui rappelle la structure architecturale du roman. Durant la représentation, qui dure 14 heures, Racine lit le roman tout en montant les marches au fur et à mesure que l'histoire avance.Plus tard, Racine conçoit l'idée d'un parc qui puisse contenir tous les mots du dictionnaire. Le Parc de la langue français se veut une étude de l'organisation spatiale de l'écriture dans un environnement extérieur, où le lecteur-promeneur aurait à se déplacer dans l'espace pour passer d'un mot à l'autre. Le projet est encore à l'étape conceptuelle. Toutefois, Terrain du dictionnaire A/Z (1980) donne une bonne idée de ce que sera le parc si le projet se concrétise. L'artiste a découpé 55 000 entrées dans deux éditions du dictionnaire Robert, les a collées sur des cartes montées sur des chevilles, puis les a attachées sur une grande surface.
Le projet d'exploration du dictionnaire a donné naissance à d'autres projets. Par exemple, Racine enlumine de dorures et de couleurs les 2130 pages des deux exemplaires abîmés du dictionnaire Robert. Il compose ensuite de la musique en isolant d'abord les notes cachées dans les mots (do, ré, mi, fa...) puis en les intégrant à des portées musicales. La musique de Les pages-miroirs a été adaptée pour voix, piano et quatuor à cordes et jouée à plusieurs occasions au Canada et en Europe.
Rober Racine est particulièrement reconnu pour sa manière spectaculaire de transposer des mots en musique, en images et en gestes. Il a exposé dans plusieurs galeries et musées à travers le monde et a été choisi pour participer à des événements internationaux d'envergure, tels l'Aperto de la biennale de Venise (1990), la Biennale de Sydney (1990) et la Documenta IX de Kassel (1992). En 1995, le CIAC (Centre international d'art contemporain) de Montréal et le P3 de Tokyo ont présenté une rétrospective de ses oeuvres. Il a aussi publié un roman (Le mal de Vienne, 1992), réalisé des émissions radio et une vidéo (J'aurais dit Glenn Gould, 1984). Enfin, il a composé de la musique de danse et de la musique destinée à des spectacles.