On parle de racisme environnemental lorsque les industries polluantes et les activités dangereuses pour l’environnement sont principalement situées près de communautés à faibles revenus ou minoritaires. Au Canada, le racisme environnemental touche davantage les communautés autochtones et noires. Cet article contient des exemples de racisme environnemental en Nouvelle-Écosse, en Ontario et en Colombie-Britannique.
Cet article est un résumé en langage simple sur le racisme environnemental au Canada. Si vous souhaitez approfondir le sujet, veuillez consulter notre article intégral, intitulé, Racisme environnemental au Canada.
Qu’est-ce que le racisme environnemental?
Au Canada, le racisme environnemental se manifeste souvent de la façon suivante :
- Les industries qui créent des risques environnementaux sont situées près de communautés autochtones, noires et d’autres minorités.
- Ces communautés ne possèdent pas le pouvoir politique pour empêcher ces industries de s’installer près d’elles.
- Les gouvernements élaborent des politiques qui permettent à ces activités nuisibles de se dérouler dans ces zones.
- Les polluants ne sont pas éliminés rapidement.
- Les groupes environnementaux et décisionnels ne comptent pas de représentants des communautés autochtones, noires et d’autres minorités.
Exemples de racisme environnemental au Canada
Shelburne, en Nouvelle-Écosse
Dans les années 1940, le site d’enfouissement de Morvan Road est situé à Shelburne, une communauté afro-néo-écossaise. Au début de 2016, les membres de la communauté se réunissent afin de remédier aux effets sociaux et sanitaires du site. Le site est finalement fermé à la fin de l’année 2016, grâce aux efforts déployés par la communauté.
Africville, en Nouvelle-Écosse
Africville est une ancienne communauté afro-néo-écossaise. En 1965, la ville d’Halifax déménage ses habitants et s’empare de leur propriété. La zone devient alors le théâtre de nombreuses activités dangereuses. En 2016, environ 300 anciens résidents et leurs descendants intentent une action en justice contre Halifax pour la perte de leur terre. En 2018, un juge rejette leur demande, mettant ainsi fin à cette affaire.
Lincolnville, en Nouvelle-Écosse
Lincolnville est une communauté afro-néo-écossaise située près de deux sites d’enfouissement. Ses membres s’inquiètent de la présence de produits chimiques cancérigènes dans leur eau potable. Ils expriment aussi leurs craintes concernant les méthodes dangereuses pour l’environnement utilisées dans l’un des sites d’enfouissement. Ils lancent une initiative communautaire pour éliminer ce site.
Première Nation de Pictou Landing
En 1967, l’usine de pâtes et papiers Northern Pulp commence à déverser ses effluents dans Boat Harbour, en Nouvelle-Écosse. Or, trois des réserves de la Première Nation de Pictou Landing sont situées près du port. La communauté entame des poursuites contre le gouvernement fédéral en 1986, mais celui-ci ignore le problème. En 2014, le gouvernement de la Première Nation bloque la route qui mène au site du déversement. Les gouvernements de la Première Nation et de la province conviennent de fermer l’usine avant 2020 et la Première Nation démantèle le barrage. L’usine Northern Pulp ferme ses portes en janvier 2020.
Première Nation Sipekne’katik
En 2014, la Première Nation Sipekne’katik commence à s’opposer à un projet de développement de gaz naturel. Alton Natural Gas Storage souhaite construire un pipeline sur un terrain non cédé près de la rivière Shubenacadie en Nouvelle-Écosse (voir aussi Territoire autochtone). La Première Nation Sipekne’katik soutient que les consultations étaient insuffisantes et ne donne pas son aval au projet. Elle fait appel de la décision de la province à plusieurs reprises. En 2020, le tribunal rejette l’approbation et la Nation obtient gain de cause. Le juge ordonne à la province de poursuivre les consultations avec la Première Nation Sipekne’katik.
Première Nation de Grassy Narrows
Asubpeeschoseewagong Netum Anishinabek (également connue sous le nom de Première Nation Grassy Narrows) est située au nord de Kenora, en Ontario. À la fin des années 1960, Dryden Chemicals Ltd. déverse du mercure dans le réseau fluvial English-Wabigoon. Ce mercure contamine les poissons de ce réseau, qui constituent une source majeure de nourriture et de revenus pour la communauté. Le gouvernement provincial recommande à la communauté de cesser de manger du poisson et ferme ensuite son entreprise de pêche commerciale, ce qui met en péril l’économie de la Première Nation. Un an plus tard, le taux de chômage de Grassy Narrows passe de 5 % à 95 %. Dryden Chemicals Ltd. ferme ses portes en 1976, mais les effets de la contamination au mercure sur la santé persistent.
Première Nation Aamjiwnaang
La Première Nation Aamjiwnaang est située près de Sarnia, une région de l’Ontario connue sous le nom de « vallée de la chimie ». La vallée de la chimie est le plus grand complexe pétrochimique du Canada, regroupant plus de 60 installations pétrochimiques dans une zone de 25 km2. Des taux élevés de cancer sont associés à ces installations. La Première Nation Aamjiwnaang dépend du poisson de la rivière Sainte-Claire, qui traverse la vallée de la chimie. Le fleuve est le théâtre de 32 déversements majeurs et de 300 déversements d’importance moindre entre 1974 et 1986. Ces déversements contribuent à la présence d’environ 10 tonnes de polluants dans la rivière Sainte-Claire.

Première Nation Wet’suwet’en
En Colombie-Britannique, les chefs héréditaires de la Première Nation Wet’suwet’en s’opposent au pipeline Coastal GasLink. En 2018, des membres des clans Unist’ot’en et Gidimt’en érigent des barrages près de Smithers, en Colombie-Britannique, pour empêcher l’accès au site de construction du pipeline. Les partisans prennent part à de grandes manifestations, à des occupations et à des barrages.
Lois concernant le racisme environnemental
En 2015, le projet de loi 111, la Loi sur la prévention du racisme environnemental, est présenté en Nouvelle-Écosse, mais on ne l’adopte pas. En 2020, il est présenté de nouveau en tant que projet de loi fédéral C-230, sous l’appellation Loi concernant l’élaboration d’une stratégie nationale visant à remédier au racisme environnemental (projet de loi C-230). Le projet de loi C-230 n’est pas approuvé lors du dernier vote avant les élections de 2021. Il est réintroduit en 2022 sous le nom de Loi sur la stratégie nationale relative au racisme environnemental et à la justice environnementale (projet de loi C-226). Le projet de loi C-226 est adopté et reçoit la sanction royale en juin 2024 (voir aussi Loi).