La rainette crucifère (Pseudacris crucifer) est une petite grenouille arboricole originaire des forêts de l’Est de l’Amérique du Nord. Au Canada, on peut trouver la rainette crucifère du Manitoba jusqu’aux provinces de l’Atlantique, à l’exception de Terre-Neuve. (Voir aussi Espèces d’anoures (et rainettes) au Canada.) Au printemps, les rainettes crucifères mâles se rassemblent en groupes autour des étangs de reproduction temporaires pour lancer leurs cris d’appel, des pépiements forts et stridents lancés en série, pour attirer les femelles. Ce son est l’un des premiers cris de grenouilles entendus au printemps.
Description
La rainette crucifère est une petite grenouille arboricole. En moyenne, les adultes mesurent entre 2 et 2,5 cm et ils pèsent entre 3 et 5 g. Les femelles sont légèrement plus larges que les mâles. La rainette crucifère peut être de couleur beige, grise, olive, ou brune; elle a une marque en forme de X plus foncée sur son dos et des bandes croisées foncées sur ses pattes arrière. Son ventre varie du blanc au crème. Elle est capable de changer sa couleur, se rendant plus sombre ou plus claire afin de s’adapter à son environnement. Sa peau a une texture granuleuse et elle a des ventouses visibles qui lui permettent de grimper.
Lorsque les œufs de la rainette crucifère éclosent sous forme de têtards, ces derniers sont bruns ou beiges avec des marbrures foncées et une grande nageoire transparente. Au fur et à mesure que les têtards vieillissent, il est possible qu’ils commencent à développer des taches dorées ou cuivrées sur leur corps, ainsi que des taches foncées sur le bord de leur nageoire. Ils peuvent grandir de 3 ou 4 cm de longueur avant de se métamorphoser pour devenir une grenouille adulte.
Répartition et habitat
Au Canada, on peut trouver la rainette crucifère au Manitoba, en Ontario, au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l’Île-du-Prince-Édouard. On la trouve également dans toute la moitié est des États-Unis.
La rainette crucifère préfère vivre dans les habitats boisés et arbustifs, et dans les terres basses herbeuses près des étangs et des terres humides. Bien que la rainette soit une excellente grimpeuse, on ne la trouve que rarement à une hauteur plus élevée qu’un mètre du sol. Au lieu de cela, elle passe la majeure partie de son temps dans une litière de feuilles. On la trouve rarement dans les régions urbaines ou sur les terres agricoles, et elle a tendance à rester à quelques centaines de mètres de son étang de reproduction.
Durant l’hiver, la rainette crucifère hiberne dans une variété d’endroits, incluant sous des bûches, sous des écorces détachées et des litières de feuilles et lorsque c’est possible, sous terre.
Le saviez-vous?
La rainette crucifère tolère le gel, ce qui lui permet de survivre à des températures inférieures à zéro. Cette adaptation lui permet de survivre durant les longs et froids hivers du Canada. Elle y parvient en augmentant la quantité de glucose dans ses cellules. Cet agent cryptoprotecteur agit comme un antigel, réduisant le point de congélation du fluide dans les cellules et empêchant ainsi les cellules de geler. La capacité de la rainette crucifère à résister au froid signifie qu’elle fait partie des premières grenouilles à émerger au printemps dans la majeure partie de son aire de répartition et que ses cris d’appel à la reproduction sont généralement entendus avant ceux des autres grenouilles.
Reproduction et développement
La rainette crucifère se reproduit au début du printemps. Le moment exact de reproduction varie à travers son aire de répartition, mais au Canada, les cris d’appel de reproduction des mâles sont généralement entendus durant la nuit entre les mois d’avril et de juin. Les mâles se rassemblent sur un site de reproduction, habituellement un étang boisé temporaire. Ces étangs apparaissent au printemps et s’assèchent avant la fin de l’été, ce qui fait qu’ils demeurent exempts de poissons et qu’ils sont sécuritaires pour le développement des têtards. Une fois rassemblés, les mâles commencent à appeler en lançant des pépiements stridents et très retentissants qu’ils répètent sans cesse. Ce chœur d’appels combinés des mâles peut être entendu à plus d’un kilomètre de distance.
La rainette crucifère femelle peut pondre entre 200 et 1500 œufs dans une saison. Ces œufs sont pondus en petits groupes de trois ou quatre, et comme pour la plupart des grenouilles, le mâle féconde les œufs au fur et à mesure qu’ils sont pondus. Dans les parties nordiques de leur aire de répartition, les têtards éclosent après environ une à trois semaines. Ils achèvent leur métamorphose en grenouilles adultes après environ deux ou trois mois, avant que l’étang temporaire ne s’assèche. La rainette crucifère atteint probablement sa maturité sexuelle au deuxième ou troisième printemps après sa métamorphose en grenouille adulte. Sa durée de vie est d’environ trois ou quatre ans, bien que cela puisse varier selon les différentes parties de son aire de répartition.
Alimentation et prédation
À l’âge adulte, la rainette crucifère se nourrit d’insectes et d’autres invertébrés, comme des coléoptères, des fourmis, des mouches, des araignées et des limaces. Elle émerge pour chercher sa nourriture à partir de la fin de l’après-midi jusqu’en début de soirée, bien qu’il soit également possible que les grenouilles plus jeunes émergent tôt le matin. Les têtards, eux, se nourrissent d’algues, de micro-organismes et de matières organiques en décomposition.
De nombreux animaux différents se nourrissent des rainettes crucifères, incluant des serpents, des salamandres, de gros insectes carnivores, divers oiseaux et même de grosses araignées. Les prédateurs des têtards de la rainette crucifère incluent les larves de salamandres et les invertébrés aquatiques comme les punaises d’eau géantes, les coléoptères plongeurs et les nymphes de libellule.
Statut et menaces
Le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) n’a pas évalué la rainette crucifère. Elle est considérée comme étant abondante et répandue au Canada.
Malgré la relative stabilité des populations de rainettes crucifères, les scientifiques savent que l’espèce ne se porte pas bien dans les régions urbaines et agricoles. Ceci rend la rainette crucifère plus vulnérable à la perte d’habitat, plus particulièrement à la perte des forêts et des terres humides à travers son aire de répartition. La rainette crucifère dépend également grandement des étangs de reproduction temporaires, et la perte de ces habitats clés peut mener à son déclin ou à sa disparition locale dans certaines régions.
Les autres menaces pour la rainette crucifère sont celles qui portent atteinte à tous les amphibiens. La pollution sous forme d’herbicides et de sels de déneigement peut tuer directement les grenouilles ou peut causer des malformations développementales qui rendent leur survie plus difficile (voir Pesticide). Les pathogènes comme le champignon chytride et le ranavirus ont provoqué une mortalité massive dans certaines régions.