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Raquette (sport)

La raquette est une forme d’activité physique qui se pratique à l’aide de larges « semelles » à cadre de bois garni de fibres entrecroisées, pour marcher ou courir sur la neige. La raquette est devenue un loisir populaire auprès des Canadiens.

Raquettes à neige
Ces raquettes à neige étroites (à gauche) et de type patte d’ours (à droite) permettaient aux chasseurs iroquois des forêts de l’Est de se déplacer dans différentes conditions de neige. La babiche est couramment utilisée pour tresser les raquettes.
Faire de la raquette
Faire de la raquette à Whistler, au nord de Vancouver (avec la permission de Tourism Vancouver/Whistler)
Lumber Camp, au 19e siècle
Ce chantier s'active de différentes activités telles que le sciage du bois et la coupe du bois de chauffage ainsi que l'entretien des chevaux et des raquettes essentiels aux déplacements en hiver (avec la permission des Bibliothèque et Archives Canada du Canada/PA-112117).

Débuts

La raquette est un mode de déplacement habituel et, vraisemblablement, un sport, chez les Autochtones et les colons européens en Amérique du Nord. Les peuples autochtones fabriquaient leurs propres raquettes à partir de bois et de peaux. Éventuellement, les trappeurs et les colons adoptent l’activité.

Raquette : d’un loisir à un sport

Les randonnées de longue distance constituent la forme d’activité la plus courante dans les années 1840. En 1843, 12 Montréalais anglophones, qui se réunissent tous les samedis après-midi pour faire de la raquette, forment le Montreal Snow Shoe Club (MSSC; « club de raquette de Montréal), première organisation du genre au monde. Nicholas « Evergreen » Hughes joue un rôle clé dans l’organisation du club et dans l’expansion de ce sport. Parmi les autres fondateurs, on compte certains hommes d’affaires très influents à Montréal.

Des membres du MSSC ainsi que ceux d’une poignée d’autres clubs se donnent rendez-vous près du Collège McGill pour participer à une excursion de 19 km ou plus. Les randonneurs suivent à la file le principal responsable du club. Le guide, un raquetteur d’expérience dont la tâche consiste à garder le groupe ensemble, ferme la marche. À la moitié du parcours, ou à la fin, les raquetteurs prennent une pause dans une taverne de la ville ou au sommet du mont Royal. Les raquetteurs y mangent, chantent des chansons comme Rise, Ye Sons of Canada et Partant pour la Syrie, récitent des poèmes et dansent des cotillons.

Des courses ont lieu dès 1843. Elles comportent des sprints, des épreuves de 3,2 km et des courses de haies hautes de 1,2 m. Tout porte à croire que la course de haies en raquettes a fait son apparition une dizaine d’années avant l’épreuve similaire en athlétisme. (Dans le même ordre d’idées, le mot jogged était utilisé pour décrire le mouvement lent et haletant des raquetteurs au début des années 1870.) Avant la Deuxième Guerre mondiale, les athlètes de piste et pelouse font de la raquette pour s’entraîner l’hiver, en l’absence d’installations intérieures adéquates.

Clubs et compétitions

À la fin des années 1860, les clubs de raquettes et les courses organisées sont déjà monnaie courante à Montréal. L’intérêt accru pour la compétition se traduit par des trophées prestigieux, comme la coupe Tecumseh; par de nouvelles épreuves, comme la course à obstacles en montagnes; par l’apparition de compétiteurs exceptionnels, dont Keraronwe et W. L. Maltby, raquetteurs rapides; et par des temps améliorés dans toutes les épreuves (1,6 km en 6 min est devenu normal). Parmi les autres avancements notables, on note l’arrivée de raquettes de course de 0,68 kg plutôt que 1,8 kg, et la naissance de clubs de compétition à Ottawa, Toronto et Québec.

De plus, des organisations de patinage sur glace présentent des courses de raquettes comme première épreuve de leurs courses annuelles. Le développement d’un lexique propre à la raquette témoigne également de sa popularité. Par exemple, le mot « brosser » apparaît pour désigner une accélération visant à doubler un autre raquetteur. Dans les années 1880, la raquette est sans contredit l’activité hivernale la plus pratiquée.

De Winnipeg à Terra Nova, à Terre-Neuve, une foule de clubs de raquette sont fondés. Le MSSC contribue à la formation d’une organisation multisport en 1881, soit l’Association athlétique amateur de Montréal. Par ailleurs, entre 1883 et 1889, en collaboration avec d’autres clubs de raquette de Montréal, le MSSC organise, promeut et parraine le célèbre Mardi gras, un carnaval hivernal d’une durée d’une semaine.

En été, les raquetteurs donnent des concerts, participent à des campagnes de financement et organisent des clubs de marche. En surmontant les rigueurs du climat, les engelures, la douleur causée par des orteils en sang et les points de côté omniprésents, ils incarnent le phénomène sportif du 19e siècle propre au Canada, appelé familièrement le « christianisme musclé ».

Dans les années 1890, le regain de faveur dont jouit le patinage et l’enthousiasme que suscite un nouveau sport d’hiver, le hockey sur glace, mettent fin aux belles années de la raquette.

Au début du 20e siècle, Winnipeg devient le siège de la raquette sportive. En 1907, l’Union canadienne des raquetteurs est fondée afin de régir les 70 clubs modernes de raquette.

La raquette, de nos jours

La raquette demeure l’un des loisirs et sports de compétitions les plus populaires au Canada. Fondée en 2010, l’Association mondiale de raquette (autrefois la Fédération internationale de raquette) est l’organisation internationale qui supervise les courses de raquette, notamment les compétitions aux Jeux paralympiques et aux Jeux d’hiver de l’Arctique, auxquelles des athlètes canadiens et du monde entier participent.