R.S. Williams & Sons
R.S. Williams & Sons. Entreprise de fabrication et de vente d'instruments fondée par Richard Sugden Williams (Londres, 12 avril 1834 - Toronto, 24 février 1906). Arrivé à Hamilton, Haut-Canada (auj. Ontario), à l'âge de quatre ans, Williams fut apprenti chez le fabricant de mélodéons William Townsend de Toronto à la fin des années 1840, et suivit celui-ci à Hamilton en 1853. Lorsque l'entreprise de Towsend fit faillite vers 1855, Williams retourna à Toronto, où il se lança dans la fabriquation de mandolines, de banjos et, peu après, de mélodéons. Williams vendait aussi des pianos et d'autres instruments, et il ajouta à ses opérations la manufacture de pianos et de gros harmoniums. En 1873, le secteur fabrication fut pris en charge par la filiale Canada Organ and Piano Co. (rebaptisée en 1902 la Williams Piano Co.) et, en 1889, l'usine fut déménagée à Oshawa, Ont., et dirigée par Robert (1854 - ?), fils de Williams, qui devint prés. de la compagnie après la mort de son père. La maison de Toronto, qui adopta le nom de R.S. Williams & Son (plus tard Sons) en 1879 ou 1880, demeura le centre de la vente au détail (d'abord sur la rue Queen puis à divers numéros de la rue Yonge) et de la vente en gros. Au début, la compagnie avait un comptoir de vente à London, Ont. En 1905, elle possédait une succursale à Winnipeg et un bureau à Londres. En 1919, des succursales avaient été ouvertes à Montréal et Calgary.
La compagnie connut un essor rapide. À la fin du XIXe siècle, elle s'enorgueillissait de posséder la plus importante fabrique d'instruments au Canada. Dans les années 1880, ses quelque 150 ouvriers produisaient une vingtaine de pianos et 6 harmoniums par semaine; pendant la deuxième décennie du XXe siècle, quelque 250 employés fabriquaient environ 60 pianos par semaine. À la demande de la reine Victoria, deux pianos Williams furent installés au Château de Windsor, ce qui permit à la compagnie d'utiliser le titre « Piano Makers to the Queen » (fabricant de pianos pour la reine). Au tournant du siècle, la société fabriquait des pianos à queue, des pianos droits et des pianos pneumatiques sous les marques de commerce (à cette époque ou plus tard) Beethoven, Canada, Ennis, Everson, Krydner, Schubert et Williams. En 1929, les numéros de série avaient atteint le chiffre de 67 000. Williams construisit aussi quelques orgues à tuyaux. Un des premiers fut installé à Calgary vers 1889. Un autre de ces instruments (ayant appartenu à une église dont on ne peut confirmer le nom) fut réinstallé à l'église catholique romaine Saint Paul's de Toronto en 1898 puis restauré dans les années 1970 parce qu'il convenait idéalement à l'usage liturgique.
La fabrication de mandolines, de banjos et de guitares se poursuivit, même si le successeur de Williams à l'établissement de Toronto, son fils Richard Sugden Williams Jr (1873 ou1874-1945), était réputé comme expert en violons. Un stock d'instruments à cordes importés et de grande valeur fut constitué et des luthiers compétents de France, de Hollande, d'Italie et du Canada furent engagés pour fabriquer des violons d'après les Stradivarius et d'autres modèles. L'un de ces luthiers était le Parisien August Delivet qui travailla pour R.S. Williams à Toronto de 1920 à sa mort en 1927. Les catalogues illustrés d'instruments et de marchandises publiés par la compagnie dès 1860 (le no 31 date de 1905, et le no 36 de 1919) témoignent du volume et de la variété des opérations commerciales de l'entreprise. L'édifice de 10 étages R.S. Williams situé au 145 rue Yonge à Toronto fut érigé en 1912 et démoli en 1986.
En 1900, Williams était devenu le distributeur canadien des phonographes et disques Edison. Cette association se poursuivit jusqu'en 1926, mais quand la radio l'emporta pour un temps en popularité sur les disques, Williams commença à vendre des appareils Westinghouse, puis Magnavox. Il fit aussi un peu d'édition musicale, mais la Williams Musical Library (seulement huit publications connues, remontant à la fin du XIXe siècle) ne contenait rien d'important. Des arrangements pour harmonie de John Slatter furent annoncés en 1919, époque où la société publiait aussi The Canadian Bandsman and Orchestra Journal, revue mensuelle qui avait commencé à paraître en juin 1913 sous le nom de The Canadian Bandsman and Musician, avant d'être intégrée à Musical Canada en 1924. Une autre initiative de la compagnie fut la R.S. Williams School of Music, ouverte à Toronto en 1929 sous la direction d'A.L. Evans.
La manufacture d'Oshawa, dont le dernier prés. fut Frank W. Bull, ne survécut pas à la grande dépression. La compagnie torontoise fut vendue à B.A. et F.A. Trestrail en 1928, mais demeura en activité sous le nom de R.S. Williams Co., Ltd. Le magasin de la rue Yonge ferma par la suite, mais la société garda des activités d'entreposage jusqu'en 1951 ou 1952, ce qui fit de Williams l'un des rares commerces de musique ayant presque un siècle d'existence. Le dernier prés. fut Alexander B. Vasey.
Williams l'aîné était un collectionneur passionné d'instruments et d'autographes anciens. Il exposa ses collections dès 1861 au Toronto Mechanics' Institute. Son fils Richard S. ajouta à sa collection, mais commença à en faire don petit à petit au Royal Ontario Museum à partir de 1913. La collection comprenait à cette époque 166 instruments, 70 volumes de musique et environ 160 lettres et partitions manuscrites de musiciens célèbres. À la fin des années 1970, la collection R.S. Williams restait la plus importante et la plus précieuse du genre au Canada. En 1980, Ladislav Cselenyi travaillait à un ouvrage sur R.S. Williams, lequel n'était pas encore paru en 1990.
Voir aussi Archives, Collections d'instruments.