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Egerton Ryerson

Adolphus Egerton Ryerson, ministre méthodiste, éducateur (né le 24 mars 1803 dans le canton de Charlotteville, comté de Norfolk dans le Haut-Canada; décédé le 18 février 1882 à Toronto en Ontario). Egerton Ryerson était une importante personnalité du monde de l’éducation et de la politique en Ontario au 19e siècle. Il a contribué à la fondation et à la publication du Christian Guardian (1829) en plus d’avoir été président de l’Église méthodiste du Canada (1874-1878). En tant que surintendant de l’éducation au Canada-Ouest, il a établi un système d’éducation gratuit et obligatoire aux niveaux primaire et secondaire, le précurseur du système scolaire actuel de l’Ontario. Il a également fondé l’école normale provinciale (1847), qui est éventuellement devenue l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario (IEPO). De plus, Egerton Ryerson a contribué à la fondation du Victoria College, originalement nommé Upper Canada Academy, et il en a été le directeur. Depuis environ 2010, le rôle qu’il a joué dans le développement des pensionnats indiens a fait l’objet de nombreux débats et controverses.

Egerton Ryerson

Jeunesse et famille

Egerton Ryerson naît en 1803 dans une importante famille loyaliste. Son père, Joseph Ryerson, est officier pendant la Révolution américaine (1775-1783). Il part au Canada et il s’établit en tant qu’officier disponible près de Vittoria dans le Haut-Canada, au cours des années 1790. Pendant la guerre de 1812, Joseph Ryerson combat contre les Américains, tout comme ses trois fils aînés. Egerton Ryerson grandit dans le comté de Norfolk parmi des gens profondément loyaux à la Grande-Bretagne. Il fréquente la London District Grammar School à Vittoria.

Mariages et vie personnelle

En 1828, Egerton Ryerson épouse Hannah Aikman à Hamilton. Elle meurt en 1832, peu après la naissance de leur deuxième enfant. Pendant un certain temps, les membres de la famille aident Egerton à prendre soin de ses enfants, John et Lucilla Hannah. John meurt de la dysenterie en 1835, à l’âge de six ans. Lucilla meurt de tuberculose en 1849, à 17 ans. En 1833, Egerton Ryerson épouse Mary Armstrong à York (Toronto). Ils ont deux enfants, Sophia naît en 1837 et Charles Egerton en 1847.

Méthodisme

Le père d’Egerton, Joseph Ryerson, est membre de l’Église anglicane, mais sa mère, Mehetable Stickney Ryerson, a un penchant méthodiste (le méthodisme commence comme mouvement au sein de l’Église anglicane. Il devient une église distincte en 1795). Egerton absorbe les sympathies méthodistes de sa mère qui sont renforcées par les enseignements de missionnaires méthodistes itinérants (également connus sous le nom de « circuit riders ») qui prêchent le christianisme évangélique.

La mère d’Egerton Ryerson se joint à l’Église méthodiste en 1816 avec deux de ses frères, à la grande déception de son père anglican. Plusieurs années plus tard, lorsqu’Egerton Ryerson demande à devenir membre de sa société méthodiste locale à l’âge de 18 ans, son père exprime sa désapprobation en insistant pour qu’il quitte la maison. Pendant deux ans (de 1821 à 1823), Egerton Ryerson travaille comme assistant pour son frère George, qui est maitre d’école à la London District Grammar School. Egerton Ryerson retourne à la maison durant une courte période en 1823. Il part ensuite à Hamilton pour étudier le droit à la Gore District Grammar School.

Après s’être remis d’une grave maladie qui interrompt ses études, l’engagement d’Egerton Ryerson envers la foi méthodiste s’accroît. En 1825, il devient missionnaire méthodiste. Il parcourt à cheval sur les circuits des rues York et Yonge et il vit en tant que missionnaire sur la rivière Credit (aujourd’hui Mississauga). Il y travaille et vit auprès du peuple ojibwé. Il apprend à parler leur langue et devient un enseignant respecté. Il se lie d’amitié avec Kahkewaquonaby (Sacred Feathers [Plumes sacrées]), également connu sous le nom de Peter Jones, le premier missionnaire méthodiste d’origine autochtone. (Egerton Ryerson et Kahkewaquonaby demeurent des amis proches tout au long de leur vie.) En 1826, lors d’une réunion de conseil, Egerton Ryerson reçoit le nom ojibwé Cheechock (Bird on a Wing [Oiseau en vol]).

Egerton Ryerson se fait remarquer pour la première fois en 1826 lorsqu’il publie une réfutation publique contre l’Église d’Angleterre. L’Église anglicane prétend être l’Église officielle de la colonie et la bénéficiaire exclusive des réserves du clergé (terres réservées pour assurer la subsistance du clergé protestant en vertu de l’Acte constitutionnel de 1791). Egerton Ryerson écrit une contre-attaque envers l’argument de l’évêque anglican John Strachan qui affirme que les méthodistes sont pro-américains et donc déloyaux envers la Grande-Bretagne. Egerton Ryerson émerge alors comme une voix de premier plan pour l’Église méthodiste.

En 1827, Egerton Ryerson est pleinement ordonné ministre de l’Église épiscopale méthodiste. Il devient le principal porte-parole méthodiste et il est une figure importante de la cause réformiste pour la liberté religieuse. Il est également le premier rédacteur en chef du journal méthodiste The Christian Guardian, et il utilise la presse pour promouvoir le méthodisme. Il demeure un conseiller politique influent pendant le restant de sa vie. De 1874 à 1878, il est président de l’Église méthodiste du Canada.

Bishop John Strachan

Politique

Egerton Ryerson fonde sa longue et active carrière publique sur une vision politique cohérente, mais souvent mal comprise. Ses opinions sont un mélange de loyauté envers les institutions canadiennes britanniques; une méfiance conservatrice envers la philosophie radicale; un optimisme libéral au sujet de l’humanité; et un engagement religieux profond et durable.

Au début de la carrière d’Egerton Ryerson, la vie politique du Haut-Canada est polarisée par la controverse des tories et des réformistes. On reproche à Egerton Ryerson de ne pas appartenir clairement à un camp ou à l’autre. Il s’oppose au Family Compact (dirigé par l’évêque anglican John Strachan et le juge en chef John Beverley Robinson). Il sympathise également très tôt avec les idéaux d’égalité civique de William Lyon Mackenzie, tels que la sécularisation des réserves du clergé.

Toutefois, Egerton Ryerson critique publiquement le mouvement réformiste au milieu des années 1830, car il estime que celui-ci est devenu trop radical. Il s’oppose également aux méthodes violentes de William Mackenzie pendant la rébellion de 1837. Dans les années 1840, Egerton Ryerson continue de jouer un rôle actif en politique. Il suscite la colère de ses alliés réformistes et de nombreux méthodistes en soutenant le gouverneur Charles Metcalfe contre les réformistes Robert Baldwin et Louis-Hippolyte Lafontaine en 1844. Il semble se joindre aux tories, après s’être opposé à eux pendant près de 20 ans. Il est pressenti pour jouer un rôle dans l’administration de Charles Metcalfe, et ultimement, on lui offre le rôle de surintendant de l’éducation dans le Canada-Ouest. Il s’intègre naturellement à l’alliance libérale-conservatrice modérée après le milieu des années 1850. En fait, il contribue à lui créer un cadre idéologique à travers le système d’éducation qu’il favorise.

Charles Theophilus, baron de Metcalfe

Réforme de l’éducation : les écoles publiques

En 1844, Egerton Ryerson est nommé surintendant de l’éducation pour le Canada-Ouest. Il conserve ce poste jusqu’à sa retraite en 1876. En 1844 et 1845, il parcourt l’Europe afin d’étudier différents systèmes d’éducation. Se basant sur ses recherches, il rédige son Report on a system of public elementary instruction for Upper Canada (1846). Dans ce rapport, Egerton Ryerson recommande que des améliorations soient apportées au système d’éducation, dont un grand nombre sont adoptées dans les deux premiers Common Schools Acts (1846 et 1850).

« Par éducation, je n’entends pas la simple acquisition de certains arts ou de certaines branches du savoir, mais l’instruction et la discipline qui qualifient et disposent les sujets à s’acquitter de leurs devoirs et de leurs emplois appropriés dans la vie, en tant que chrétiens, personnes d’affaires, ainsi qu’en tant que membres de la communauté civile dans laquelle ils vivent. »
Egerton Ryerson, Report on a system of public elementary instruction for Upper Canada (1846)


Egerton Ryerson croit que la pauvreté ne doit pas être un obstacle à l’éducation et que le Canada-Ouest devrait disposer d’un système d’enseignement public gratuit et obligatoire. Il écrit : « Les branches du savoir qu’il est essentiel que tous comprennent doivent être offertes à tous et enseignées à tous. L’éducation devrait être mise à la portée des plus nécessiteux et imposée à l’attention des plus négligents. » Egerton Ryerson estime que l’éducation est le moyen le plus efficace de prévenir « le paupérisme [la pauvreté] ainsi que ses compagnons naturels, soit la misère et le crime ».

Il croit fortement que les écoles doivent être fondées sur la religion et la moralité; tous les élèves doivent donc être instruits dans la « vérité et la morale chrétienne », mais pas dans les dogmes sectaires. Egerton Ryerson écrit longuement sur l’importance de l’instruction morale, citant à titre d’exemple le révérend Alonzo Potter, éducateur et ecclésiastique américain : « Les talents et les connaissances sont rarement des bénédictions pour celui qui les possède ou pour le monde, à moins qu’ils ne soient placés sous le contrôle des sentiments et des principes supérieurs de notre nature. » Il cite également Philipp Emanuel von Fellenberg, créateur de l’école Hofwyl School for the Poor en Suisse : « L’éducation comprend la culture de l’homme tout entier, avec toutes ses facultés, soumettant ses sens, sa compréhension et ses passions à la raison, à la conscience et aux lois évangéliques de la révélation chrétienne. »

En plus de l’instruction religieuse et morale, Egerton Ryerson recommande que les élèves des écoles publiques apprennent les matières suivantes : lecture et orthographe, écriture, arithmétique, grammaire, géographie, dessin linéaire, musique vocale, histoire, histoire naturelle, philosophie, agriculture, chimie, physiologie humaine, gouvernement civil et économie politique. Egerton Ryerson considère ces matières comme étant utiles et nécessaires à la préparation à la vie « ordinaire ». Il écrit : « L’époque dans laquelle nous vivons est éminemment pragmatique [et] il n’y a guère d’individu parmi nous qui soit exempt de la nécessité de “vivre à la sueur de son front”. Par conséquent, chaque jeune du pays devrait être formé au travail et à la pratique. »

Ce nouveau système d’éducation, précurseur du système scolaire actuel de l’Ontario, serait supervisé par le surintendant en chef des écoles qui établirait des standards communs dans tout le Canada-Ouest. Egerton Ryerson recommande un système d’inspection scolaire efficace pour maintenir ces standards. Il recommande également des manuels scolaires standards dans tout le système et la création d’un dépôt pédagogique qui fournirait les manuels et le matériel pédagogique aux écoles à prix abordable. Le Journal of Education est créé afin d’aider les enseignants à se tenir à jour.

L’Ontario se dote d’un nouveau système d’éducation accessible fondé sur ces principes. Ils aboutissent au Ontario School Act de 1871, qui instaure l’enseignement gratuit et obligatoire.

Formation des enseignants et éducation postsecondaire

Egerton Ryerson est l’un des fondateurs de la première école normale provinciale (1847), le premier collège de formation des maitres de Toronto. Il devient plus tard le Toronto Teachers’ College et ensuite l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario (IEPO).

Egerton Ryerson fait également la promotion des universités confessionnelles comme étant le summum du processus éducatif. Il croit que l’individu aussi bien que la société peuvent être améliorés par l’éducation et la religion. Egerton Ryerson est le moteur de la création de la Upper Canada Academy à Cobourg avec l’aide de l’Église méthodiste, en 1832. En 1841, cette académie devient une université et est renommée Victoria College. L’année suivante, Egerton Ryerson en est nommé directeur. Il enseigne au collège et ses anciens élèves gardent de lui le souvenir d’un enseignant intelligent, exigeant et parfois sévère. En 1892, dix ans après la mort d’Egerton Ryerson, le Victoria College est intégré à l’Université de Toronto. Le campus déménage ensuite à Toronto.

Durant sa longue carrière en éducation, Egerton Ryerson rédige de nombreuses brochures et autres textes, ainsi qu’une autobiographie et plusieurs ouvrages sur l’histoire de la province. Il est également rédacteur en chef du Journal of Education for Upper Canada de 1848 à 1875.

Élèves d’un pensionnat

Egerton Ryerson et les pensionnats indiens

Depuis 2010 environ, le lien entre Egerton Ryerson et les pensionnats indiens fait l’objet de controverses. Au cœur de ce débat se trouve un rapport qu’il rédige en 1847 à la demande du ministère des Affaires indiennes. Quelques années auparavant, la Commission Bagot (1842-1844) a recommandé la création de pensionnats pour le travail manuel comme étant le moyen le plus efficace de parvenir à l’autonomie et à l’assimilation de la population autochtone. L’objectif est d’éduquer et de former les enfants autochtones à devenir des agriculteurs chrétiens; les écoles doivent donc avoir des fermes et les enfants doivent apprendre l’élevage, l’économie domestique et les métiers mécaniques. (La commission se penche également sur les droits fonciers des Autochtones et propose une restructuration du ministère des Affaires indiennes.)

Au milieu du 19e siècle, des écoles de travail manuel, ou « écoles industrielles », sont établies en Europe et aux États-Unis pour éduquer et former les enfants défavorisés. De plus, l’idée de pensionnats n’est pas un concept nouveau au Canada, et les établissements résidentiels pour élèves autochtones existent en Nouvelle-France dès le 17e siècle. Le premier pensionnat pour enfants autochtones dans le Haut-Canada ouvre ses portes à Brantford en 1831. Dans les années 1830 et 1840, des dirigeants méthodistes ojibwés comme Kahkewaquonaby (Peter Jones) et Shawundais (John Sunday) font également la promotion de l’idée des pensionnats, s’engageant à verser des fonds pour leur création et leur fonctionnement. En 1846, des représentants du gouvernement rencontrent des chefs ojibwés, dont la plupart acceptent de financer des écoles de travail manuel en faisant don d’un quart de leurs annuités (paiements prévus par les traités).

En 1847, la direction des Affaires indiennes du gouvernement demande à Egerton Ryerson d’écrire un rapport sur les meilleures méthodes pour établir et administrer des écoles de travail manuel. Selon Egerton Ryerson, l’objectif des écoles est de former des « fermiers industrieux ».

« L’agriculture étant l’intérêt principal et probablement l’emploi le plus approprié pour l’Indien civilisé, je crois que le grand objectif des écoles industrielles devrait être de préparer les élèves au travail futur de fermiers et d’ouvriers agricoles, fortifiés bien sûr par des habitudes, des principes et des sentiments chrétiens. »
Egerton Ryerson, Report on Industrial Schools (1847)


Egerton Ryerson recommande donc que les élèves autochtones soient éduqués dans des pensionnats séparés et basés sur le travail agricole, avec un enseignement religieux en langue anglaise. Ces écoles fourniraient une éducation équivalente à celle des écoles ordinaires. Egerton Ryerson recommande de les appeler « écoles industrielles » plutôt qu’écoles de travail manuel afin d’encourager à la fois le travail physique et mental. (Le bref rapport d’Egerton Ryerson est publié plus de 50 ans plus tard en annexe d’un document plus large intitulé Statistics Respecting Indian Schools [1898].)

Comme beaucoup de ses contemporains, Egerton Ryerson croit que l’instruction religieuse est nécessaire, autant pour les enfants autochtones que pour les enfants non autochtones. Selon lui, l’instruction religieuse dans les écoles industrielles est essentielle « non seulement en raison des principes chrétiens généraux » mais également « parce que l’Indien ne peut être civilisé qu’en lien avec l’instruction religieuse et les sentiments religieux ». Il propose que ces écoles soient administrées par des organismes religieux et supervisées par le gouvernement. Egerton Ryerson recommande que chaque école ait un surintendant « qui doit être le pasteur et le père de la famille », ainsi qu’un fermier et un maitre d’école. Il fonde sa proposition sur l’école Hofwyl School for the Poor en Suisse, qu’il a visitée en 1845, et à laquelle il fait également référence dans son Report on a system of public elementary instruction for Upper Canada (1846).

Egerton Ryerson propose que, durant l’été, les élèves travaillent de 8 à 12 heures par jour à diverses tâches agricoles et domestiques, les heures restantes étant consacrées à la dévotion religieuse, aux repas et aux cours théoriques; en hiver, les élèves travaillent moins d’heures et consacrent plus de temps à leurs études. Les matières scolaires comprennent la lecture et l’anglais, l’arithmétique, la géométrie élémentaire, l’histoire, la géographie, l’écriture, le dessin, la musique (en particulier la musique vocale sacrée), la comptabilité, la chimie agricole, la religion et la morale.

Egerton Ryerson propose également de payer une petite somme par jour de travail aux élèves, qui doit être versée à l’obtention de leur diplôme, mais seulement s’ils ont fait preuve d’une bonne conduite et d’une bonne comptabilité tout au long de leurs études. « Ce serait un résultat gratifiant », écrit-il, « de voir les diplômés de nos écoles industrielles devenir surveillants de certaines des plus grandes fermes du Canada, et il ne serait pas moins gratifiant de les voir devenir des agriculteurs industrieux et prospères à leur compte ».

En 1847, le ministère des Affaires indiennes recommande la construction de deux nouvelles écoles de travail manuel à Alderville et à Munceytown. L’école Alnwick (à Alderville) est achevée en 1848, et Mount Elgin (à Munceytown) en 1851. Selon l’anthropologue Hope MacLean, ces écoles sont le résultat d’un lobbying antérieur des dirigeants ojibwés et des missionnaires méthodistes; la fréquentation est volontaire. L’influence d’Egerton Ryerson est évidente dans les deux écoles. Plusieurs enseignants ont suivi une formation professionnelle à la nouvelle école normale de Toronto (ouverte en 1847), et le programme offre à la fois une éducation théorique et pratique. Le programme théorique est semblable à celui de l’école ordinaire. Les élèves doivent étudier et travailler durant de longues heures, et ont moins d’une heure par jour de loisirs. Comme l’a suggéré Egerton Ryerson, le ministère des Affaires indiennes promet des bourses aux diplômés, mais elles ne sont jamais versées. Cependant, en 1860, il est clair pour toutes les parties que les écoles ne fonctionnent pas, et les parents et les chefs ojibwés retirent en grande partie leur soutien. Alnwick ferme ses portes en 1859 et Mount Elgin ferme en 1863 (bien qu’elle ouvre à nouveau plus tard).

Le rapport d’Egerton Ryerson de 1847 influence le développement des pensionnats (ou pensionnats indiens) pour les élèves autochtones, bien qu’il ne soit pas personnellement impliqué dans leur mise en œuvre; de plus, il meurt avant que le système des pensionnats indiens ne commence à prendre forme dans l’Ouest canadien dans les années 1880.

Legs

Egerton Ryerson laisse sa marque sur de nombreuses institutions culturelles. En 1829, il fonde la maison d’édition Methodist Book Room. Celle-ci devient plus tard The Ryerson Press. Elle est vendue à la maison d’édition américaine McGraw-Hill en 1970. Les édifices de la Normal School au St. James Square à Toronto sont non seulement le foyer du programme de formation des enseignants, mais également du ministère de l’Éducation et d’expositions culturelles destinées au public. Celles-ci constituent le prototype des nombreux musées et galeries soutenus par les fonds publics qui existent aujourd’hui à travers l’Ontario. Cela comprend le Museum of Natural History and Fine Arts (créé en 1857) qui est le premier musée financé par l’État au Canada. Sa collection commence grâce aux voyages d’Egerton Ryerson en Europe dans les années 1850. Après la Confédération, il est renommé Ontario Provincial Museum et plus tard, le Musée royal de l’Ontario. Les édifices de St. James comprennent également un arboretum et un collège d’agriculture; cela mène à la création du Ontario Agricultural College à l’Université de Guelph. L’école d’art établie sur la propriété devient éventuellement l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario. De nombreux établissements d’enseignement sont nommés en l’honneur d’Egerton Ryerson, y compris l’Université Ryerson qui ouvre ses portes sous le nom de Ryerson Institute of Technology en 1948. Cependant, depuis 2021, plusieurs écoles sont renommées en raison de la controverse suscitée par le rôle qu’a joué Egerton Ryerson dans le développement des pensionnats indiens et son implication dans la plus large tentative d’assimiler les peuples autochtones dans la société canadienne. Cela comprend l’Université Ryerson, qui devient l’Université métropolitaine de Toronto en 2022. Des activistes vandalisent également la statue d’Egerton Ryerson à l’université en 2020 et en 2021. Le 6 juin 2021, la statue et renversée et décapitée par des manifestants.

La responsabilité d’Egerton Ryerson concernant le système des pensionnats indiens fait l’objet de débats continus. Ni la Commission de vérité et réconciliation ni son président, Murray Sinclair, n’imputent à Egerton Ryerson la responsabilité des pensionnats indiens. Ce dernier n’a pas recommandé de forcer les enfants autochtones à fréquenter des « écoles industrielles » ni de punir les élèves qui parlent des langues autochtones, comme c’est éventuellement ce qui se passe dans les pensionnats indiens.

Pourtant, de nombreux activistes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du milieu universitaire, dénoncent le rôle d’Egerton Ryerson dans le développement de systèmes éducatifs qu’ils considèrent comme oppressifs, voire génocidaires. La controverse entourant Egerton Ryerson s’inscrit dans un débat plus vaste sur la décolonisation qui fait rage sur les campus universitaires et dans la sphère publique. Elle reflète également une évolution vers l’activisme social dans les facultés universitaires, y compris dans les départements d’histoire. D’autres historiens et intellectuels rétorquent que l’examen du legs d’Egerton Ryerson devrait évaluer ses attitudes et ses contributions à l’éducation, aux pensionnats indiens et aux relations avec les autochtones dans leur contexte historique.

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Lecture supplémentaire

  • Egerton Ryerson, The Story of My Life, ed. J.G. Hodgins (1883).