Le sasquatch serait une créature géante ressemblant à un singe qui vivrait principalement dans les forêts s’étendant de la côte occidentale de la Colombie‑Britannique jusqu’en Californie du Nord et, dans une moindre mesure, partout ailleurs en Amérique du Nord. Le sasquatch est un cryptide, c’est‑à‑dire une créature dont certains prétendent qu’elle existe, mais dont la présence n’a jamais été confirmée par les scientifiques. À l’image du yéti en Asie ou de l’abominable homme des neiges de l’Himalaya, le sasquatch trouve ses racines dans les légendes autochtones et fait l’objet de recherches continuelles par des cryptozoologistes et par des amateurs enthousiastes. Certains pensent qu’il s’agit d’une espèce d’hominidé en voie d’extinction qui aurait survécu dans un isolement total, tandis que d’autres estiment qu’il s’agit d’une créature purement folklorique relevant du canular.
Origine du nom
On pense que le terme « sasquatch » constitue une anglicisation du mot salish sasq’ets qui signifie « homme sauvage » ou « homme velu ». J.W. Burns est le créateur de cette appellation dans les années 1930. Il travaillait alors comme agent des Indiens affecté à la bande de Chehalis, que l’on connaît désormais sous le nom de Première Nation Sts’ailes. Les Sts'ailes revendiquent un lien étroit avec le Sas'qets et croient qu’il est doté du pouvoir de se déplacer entre le monde matériel et le monde spirituel. Le sasquatch est également fréquemment appelé bigfoot dans la région Nord‑Ouest du Pacifique, aux États‑Unis.
Observations
On décrit souvent le sasquatch comme un bipède couvert de longs poils noirs dont la taille peut atteindre 2,75 m et le poids 360 kg. On prétend que les empreintes de ses pas mesurent jusqu’à 50 cm. On offre souvent, comme preuve de son existence, des moulages en plâtre des traces qu’il aurait laissées; toutefois, l’authenticité de ces traces est fortement contestée. Des images, tournées en 1967, prétendant montrer la course du bigfoot dans les bois à proximité de Bluff Creek en Californie, constituent certainement la preuve la plus célèbre de l’existence du cryptide proposée par ses partisans. Toutefois, il n’y a jamais eu de découverte documentée de restes de sasquatch.
Un article de 1884 dans le British Colonist de Victoria est souvent cité comme la première preuve documentée de l’observation d’un sasquatch. L’article dépeint la capture d’un être mi‑homme mi‑bête dans les environs de Yale, en Colombie‑Britannique. Surnommé « Jacko », il y est décrit comme une créature de type gorille qui ressemblerait à un être humain couvert d’une épaisse toison noire et brillante. On a prétendu qu’il avait été trouvé inconscient sur un assemblage de voies ferrées et, qu’une fois réveillé, il avait été poursuivi par un groupe d’hommes jusqu’à une suite de promontoires situés au‑dessus de la ville. Les hommes qui l’auraient poursuivi ont déclaré avoir coincé Jacko sur une corniche rocheuse et l’avoir assommé en lui faisant tomber un rocher sur la tête. Deux jours plus tard, le British Colonist a publié une lettre d’un certain J.B. Good, ancien surintendant de la mission indienne de Lytton, adressée au rédacteur en chef du journal. Son auteur écrivait qu’il avait entendu des récits similaires portant sur des hommes sauvages vivant dans les bois repérés par des groupes chassant ou pêchant. Bien qu’il n’eût, au départ, accordé aucun crédit à ces récits, la nouvelle de la capture de Jacko, l’avait convaincu de se manifester. Il précisait dans sa lettre au journal : « La vérité est plus étrange que la fiction, et les faits sont têtus. »
Lors de ses recherches, John Green, un auteur britanno‑colombien ayant écrit plusieurs ouvrages sur le sasquatch, a établi que de nombreux journaux contemporains de ce type de récits estimaient généralement qu’il s’agissait de canulars. Il a compilé une base de données de 1 340 observations d’un sasquatch ou d’un bigfoot en Amérique du Nord, entre le début du XIXe siècle et 1995. Selon son analyse des récits des témoins, le sasquatch aurait un certain nombre de caractéristiques qui en feraient un surhomme : sa vitesse de course, la longueur et la puissance de ses pas, ainsi que sa capacité à se jouer des obstacles extrêmes mis sur sa route en traversant d’épaisses broussailles, en escaladant des pentes particulièrement raides et en réalisant des sauts de très grande ampleur. Certaines personnes ont également signalé que le sasquatch serait bon nageur.
À l’été 2011, un homme a tourné, en Colombie‑Britannique, une vidéo censée montrer un sasquatch dans la chaîne de montagnes Tantalus à proximité de Squamish, qu’il a ultérieurement publiée sur YouTube. On y voit un être non identifié grimpant rapidement la pente enneigée d’une montagne.
Chercheurs de sasquatch
J.W. Burns a été le premier à écrire sur le sasquatch, collectant les récits d’observation du sasq’ets par des membres de la communauté pour un reportage dans le magazine Maclean’s en 1929. L’article ayant été publié le 1er avril, jour du poisson d’avril, beaucoup ont pensé qu’il s’agissait d’une blague comme la presse en publie traditionnellement ce jour‑là. Bien que la légende du sasquatch ait persisté, elle s’est peu à peu estompée dans l’esprit du public durant les décennies suivantes.
Le sasquatch est revenu sur le devant de la scène dans les années 1950, lorsque deux hommes se sont mis, chacun de leur côté, à enquêter sur cette légende. René Dahinden a peut‑être été le chercheur de sasquatch le plus célèbre au Canada. Il y avait immigré en provenance de la Suisse en 1953 et, après avoir entendu parler du sasquatch peu de temps après son arrivée, avait déménagé en Colombie‑Britannique. Il a recueilli des centaines de moulages d’empreintes de sasquatch et interrogé des centaines de témoins le long de la côte ouest de l’Amérique du Nord. Bien qu’il ait consacré sa vie à chercher le sasquatch, il a un jour déclaré à un ami proche : « J’ai passé plus de 40 ans à le chercher… et je ne l’ai jamais trouvé! Je suppose que ça veut dire quelque chose. » René Dahinden est décédé en 2001. John Green, quant à lui, était journaliste et éditeur de journaux dans les années 1950 lorsqu’il a commencé à faire des recherches et à écrire sur le sasquatch. Il est considéré comme le spécialiste vivant qui en sait le plus sur le sasquatch.
Si l’on en croit les observations et les recherches, l’activité du sasquatch est concentrée, au Canada, dans la région autour du lac Harrison en Colombie‑Britannique. La région s’est emparée de ce lien potentiel. La ville de Harrison Hot Springs a tenu ses premières Journées du sasquatch en 1938. Il s’agissait d’une manifestation de deux jours à laquelle ont participé des Autochtones venus du Canada et des États‑Unis. Les Journées du sasquatch ont été relancées sous la forme d’une célébration annuelle en 2012. Un parc provincial sur la rive orientale du lac Harrison a été rebaptisé le parc provincial Sasquatch en 1968. Le logo de la bande Sts'ailes est un sasquatch conçu par l’artiste Ron Austin.
Recherches universitaires
En 2012, des chercheurs de l’université d’Oxford et du Musée de zoologie de Lausanne ont lancé un projet commun, le Oxford‑Lausanne Collateral Hominid Project, visant à étudier la relation génétique existant entre Homo sapiens et les autres hominidés. Sous la direction du professeur Bryan Sykes, les chercheurs ont lancé un appel pour qu’on leur envoie du matériel organique censé provenir de cryptides comme le yéti, le bigfoot et le sasquatch. L’équipe a analysé 36 échantillons, surtout des poils, provenant de différents pays, notamment les États‑Unis, mais pas du Canada. La plupart se sont révélés provenir d’ours et d’autres animaux communs tels que des chevaux, des porcs‑épics et des moutons. L’un de ces échantillons était d’origine humaine. Cependant, le professeur Sykes a déclaré aux médias que s’il était vrai que, jusque-là, les échantillons ne s’étaient pas avérés provenir d’hominidés, rien ne dit que ce sera toujours le cas.
En 2017, une équipe dirigée par la généticienne Charlotte Lindqvist, de l’Université de Buffalo, a déterminé que huit échantillons de poils censés provenir d’un yéti appartenaient en fait à des espèces d’ours de la région himalayenne. Un neuvième échantillon, une dent, s’est révélé provenir d’un chien.