Peter Dale Scott en 2009. (avec la permission de Jim Forest, flickr)
Formation et début de carrière
Peter Dale Scott est le seul enfant de la peintre Marian Dale Scott et de F.R. Scott, un important poète moderniste et professeur de droit. Il fait ses études à l’Université McGill, à l’Institut d’études politiques de Paris et à l’University College d’Oxford, avant de recevoir son doctorat en science politique de McGill en 1955. Sa thèse porte sur la pensée sociale et politique du poète moderniste américain T.S. Eliot.
De 1957 à 1961, Peter Dale Scott est diplomate pour le Canada à l’Assemblée générale des Nations Unies en Pologne. Par la suite, il enseigne à l’Université de Californie, Berkeley, où il est aujourd’hui professeur émérite d’anglais.
Écrits politiques
Tout en enseignant à Berkeley, Peter Dale Scott s’engage dans le mouvement contre la Guerre du Viêt Nam. En 1968, il signe la « Writers and Editors War Tax Protest », refusant de payer ses taxes pour protester contre la guerre.
Peter Dale Scott a écrit ou co-écrit de nombreux ouvrages critiquant la politique extérieure américaine. The Politics of Escalation in Vietnam (1966), son premier livre, est une des premières études sur les facteurs politiques sous-jacents qui amènent les États-Unis à s’engager de plus en plus dans la guerre du Viêt Nam. Crime and Cover-Up: The CIA, the Mafia, and the Dallas-Watergate Connection (1977) aborde la complexité de l’assassinat de John F. Kennedy pendant la Guerre froide et les antécédents du rapport incomplet de la Commission Warren sur son meurtre.
The Iran-Contra Connection: Secret Teams and Covert Operations in the Reagan Era (1987) et Cocaine Politics: Drugs, Armies and the CIA in Central America (1998) se penchent sur la guerre complexe que se livrent par procuration l’Union soviétique et les États-Unis en Amérique latine. The Road to 9/11: Wealth, Empire and the Future of America (2007) analyse l’engagement des États-Unis au Moyen Orient après l’attaque terroriste du 11 septembre 2001.
Poésie
Peter Dale Scott a publié dix livres de poésie, dont Coming to Jakarta: Poem About Terror (1989), un livre-poème sur le soutien américain des rebelles anticommunistes en Indonésie, et le massacre qui suit en 1965, pendant la guerre civile. Densément allusif, Jakarta est une œuvre riche et complexe, intégrant le monde de la violence politique et la croissance de l’esprit du poète. Mais si Coming to Jakarta se concentre sur les événements de 1965, lorsque Haji Muhammed Suharto, alors général, s’approprie le contrôle du gouvernement et endosse ce que des membres de la CIA ont appelé « une des pires atrocités du 20e siècle », le récit est entrecroisé de souvenirs plus personnels de répression politique dans le monde. Dans un passage évoquant sa vie en Pologne à la fin des années 1950, il écrit :
We talked for two hours
of Solidarnosc suppressed
one can so transcend history
nor I have the heart
seem somehow more true
no longer having to be consul
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Nous avons parlé pendant deux heures
la répression de Solidarnosc
on peut ainsi transcender l’histoire
et je n’en ai pas plus le cœur
me semblent, d’une certaine manière, plus vraies
n’étant plus ambassadeur
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Dans Poetry and Terror: Politics and Poetics in Coming to Jakarta (2018), il présente Coming to Jakarta comme une élégie pour ceux qui ont été tués en Indonésie, et pour « le passage des années soixante, quand tant d’entre nous imaginions qu’un mouvement pourrait amener de grands changements pour une meilleure Amérique. » Le livre comprend aussi un essai en prose qui se penche sur la responsabilité des États-Unis dans le massacre de 1965 et le fait que l’essai a été interdit par la dictature indonésienne.
Listening to the Candle: A Poem on Impulse (1992) est un autre livre-poème relatant la vie de Scott. En 1994, il publie deux recueils de poèmes plus courts : Crossing Borders and Murmur of the Stars. Minding the Darkness: A Poem for the year 2000 (2000) est un autre poème autobiographique et méditatif.
Le tout dernier ouvrage de poésie de Peter Dale Scott, Walking On Darkness (2016), est un recueil de poèmes, dont beaucoup reviennent sur les événements de sa vie alors qu’il était encore au Canada. Dans « Tavern Underworld », il écrit :
and what is this deficit in our daily life
from the darkness of the underworld?
or those first all-night bouts on the waterfront
or those first all-night bouts on the waterfront
or all the useless foreign ships locked in the winter ice of the Lachine Canal
all now gone |
Et quel est ce manque dans notre vie
dans la noirceur des bas-fonds ?
ou ces premières nuits blanches sur les quais
ou tous ces bateaux étrangers inutiles, emprisonnés dans la glace hivernale du canal Lachine
tout cela est bien loin
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Traduction
En plus de rédiger sa propre poésie, Peter Dale Scott est un traducteur accompli, particulièrement depuis le polonais, une langue qu’il maîtrise depuis qu’il a travaillé au consulat canadien en Pologne dans les années 1950 et au début des années 1960. Il a traduit les ouvrages du célèbre poète polonais d’après-guerre Zbigniew Herbert avec son collègue de Berkeley, récipiendaire d’un prix Nobel, le poète Czeslaw Milosz.
Prix
- Prix Freedom, International Center for Development Policy (1987)
- Prix Sylvia Meagher, Coalition on Political Assassinations (1996)
- Prix JFK Pioneer, JFKLancer (1997)
- Prix de poésie Lannan (partagé avec Alan Dugan) (2002)