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Sir William Ralph Meredith

Sir William Ralph Meredith, avocat, juge, politicien, éducateur, fonctionnaire (né le 31 mars 1840 dans le canton de Westminster, dans le Haut-Canada; décédé le 21 août 1923 à Montréal au Québec). William Ralph Meredith a longtemps été chef de l’opposition à l’Assemblée législative de l’Ontario, menant les conservateurs provinciaux à cinq défaites consécutives entre 1879 et 1894 (voir Parti conservateur). Les conclusions qu’il a tirées de la Commission Meredith sur l’indemnisation des accidents du travail entre 1910 et 1913 ont donné lieu à des réformes de la législation du travail qui ont constitué la base du système moderne de l’indemnisation des accidents du travail au Canada qui suit les « principes de Meredith ».

Sir William Ralph Meredith

Jeunesse et carrière

William Ralph Meredith est l’aîné de 14 enfants. Son père, John, émigre dans le canton de Westminster (aujourd’hui London en Ontario) en 1834 et il occupe divers postes dans la fonction publique, devenant greffier de la cour divisionnaire du comté de Middlesex en 1847. Parmi les sept frères de William, on compte Richard Martin Meredith, le juge en chef des plaids communs de l’Ontario et chancelier de l’Université Western Ontario, et Henry Vincent Meredith, le président de la Banque de Montréal. (Voir aussi Université Western.)

La carrière juridique de William Ralph Meredith commence lorsqu’il effectue son stage avec l’avocat Thomas Scratcherd de London en 1856. Après des études à l’Université de Toronto, il est admis au barreau en 1861, et il s’associe ensuite pendant 15 ans à Thomas Scratcherd, à qui il succède comme avocat municipal de London en 1876. Il devient plus tard le premier président de la Middlesex Law Association avant de déménager son cabinet à Toronto en 1888, année où il devient membre honoraire du corps professoral de l’Université de Toronto.

Carrière politique

Élu pour la première fois en tant que conservateur lors d’une élection partielle provinciale à London en 1872, William Ralph Meredith devient chef adjoint du parti en 1878, puis il succède à Matthew Crooks Cameron à la tête du parti en janvier 1879 (voir Parti conservateur). William Ralph Meredith mène les conservateurs à la défaite lors de cinq élections provinciales consécutives (1879, 1883, 1886, 1890 et 1894), perdant chaque fois face au premier ministre libéral sir Oliver Mowat (voir Parti libéral; Premier ministre provincial).

En tant que chef conservateur, William Ralph Meredith fait campagne pour réduire les dépenses publiques, il soutient l’idée de donner aux municipalités le contrôle des permis de vente d’alcool, et il veut placer le portefeuille de l’éducation sous la surveillance d’un surintendant en chef non partisan plutôt que d’un ministre du Cabinet. Bien que William Ralph Meredith soutienne le suffrage quasi universel masculin, incluant le droit de vote pour les hommes autochtones vivant à l’extérieur des réserves, il s’oppose au suffrage féminin sous quelque forme que ce soit. (Voir aussi Droit de vote au Canada; Droit de vote des peuples autochtones; Droit de vote des femmes au Canada.) Il a des opinions traditionnelles sur le rôle des femmes dans la société, au point de s’opposer à l’admission des femmes au University College de l’Université de Toronto, et de siéger au comité de la Law Society qui rejette la demande de Clara Brett Martin de devenir avocate en 1892.

William Ralph Meredith a tendance à considérer ses activités politiques comme un rôle à temps partiel, ignorant ses tâches habituelles comme la convocation des réunions du caucus ou la gestion des affaires de la circonscription. Il entretient de mauvaises relations avec les conservateurs fédéraux, surtout au sujet des écoles catholiques séparées qui, selon lui, bénéficient d’avantages injustes. (Voir aussi Catholicisme au Canada; Écoles séparées.) Cette question anéantit également les chances de William Ralph Meredith de se joindre au cabinet fédéral après le décès de sir John A. Macdonald en 1891. L’admission de William Ralph Meredith est rejetée par le ministre fédéral de la Justice, sir John Thompson, qui est influencé par les évêques catholiques.

Carrière judiciaire

Après la défaite des conservateurs en 1894, William Ralph Meredith est nommé juge en chef de la division des plaids communs de la Haute Cour de justice de l’Ontario. Il est fait chevalier en 1896. Il est nommé juge en chef de la Cour d’appel de l’Ontario en 1913. En tant que juriste, il est loué pour sa connaissance du droit municipal et il a tendance à suivre des précédents stricts. On rapporte qu’il réprimande souvent les avocats mal préparés.

Dans une appréciation publiée dans la Canadian Bar Review (trad. Revue du Barreau canadien) en 1923, William Nassau Ferguson observe que William Ralph Meredith « était un combattant capable, prêt et ouvert qui cherchait à argumenter ouvertement et souhaitait que l’avocat et ses confrères n’acceptent pas ce qu’il avançait sans considération ni discussion, mais qu’ils combattent ses arguments, ses déclarations et ses propositions et se battent avec lui au moyen d’un argument logique et raisonné pour obtenir le résultat souhaité ».

Indemnisation des travailleurs

En 1885, William Ralph Meredith présente un projet de loi sur l’indemnisation des accidents du travail, inspiré par la législation britannique. Bien que certaines de ses suggestions soient incorporées dans le Workmen’s Compensation for Injuries Act de 1886 (la première loi de ce type au Canada), William Ralph Meredith estime que cette loi est trop conciliante pour les employeurs. Par exemple, les travailleurs ne peuvent pas intenter de poursuite si leur travail est considéré comme dangereux.

Au début du 20e siècle, les accidents de travail augmentent à mesure que le nombre de fabricants augmente. En juin 1910, William Ralph Meredith est nommé à la tête d’une commission d’un seul homme pour élaborer un projet de loi qui remplacera le Workmen’s Compensation for Injuries Act. Il tient des audiences avec des dirigeants syndicaux, avec l’Association des manufacturiers canadiens et avec des compagnies d’assurance, et il examine les lois en Amérique du Nord et en Europe, continent où il voyage à l’automne 1912.

Les recommandations du rapport final de William Ralph Meredith, publié en 1913, servent de base à la Loi sur les accidents du travail, que le Journal of Political Economy considère comme un « témoignage frappant » de son « audace et de son progressisme exigeants ». Ses dispositions, connues sous le nom de « principes de Meredith », comprennent l’indemnisation automatique, la responsabilité collective financée par les employeurs et la création d’une commission des accidents du travail chargée de superviser les réclamations. William Ralph Meredith prévoit que s’ils en supportent les coûts, les employeurs seront motivés à créer des lieux de travail plus sécuritaires. Bien que les organisations syndicales soutiennent le projet de loi, l’Association des manufacturiers canadiens le déclare comme étant une « menace directe pour les fabricants de la province ». La loi est adoptée en avril 1914.

Autres activités

William Ralph Meredith est nommé au sénat de l’Université de Toronto en 1895. Il en est ensuite le chancelier de 1900 jusqu’à sa mort.

William Ralph Meredith sert de mentor politique à sir James Pliny Whitney, lui conseillant de ne pas quitter la politique au début des années 1890 parce qu’il a « de très bonnes perspectives ». Lorsque sir James Pliny Whitney devient premier ministre en 1905, William Ralph Meredith lui sert de conseiller personnel, examinant souvent les projets de loi avant qu’ils n’atteignent l’Assemblée législative. Rien qu’en 1906, William Ralph Meredith participe aux projets de loi qui créent la Hydro-Electric Power Commission of Ontario (le précurseur de Hydro Ontario) et le Ontario Railway and Municipal Board (qui devient plus tard la Commission des affaires municipales de l’Ontario), et qui réforment la gouvernance de l’Université de Toronto. Il dirige ou siège à des comités à tous les niveaux politiques, incluant au Civic Improvement Committee de Toronto, un examen des contrats fédéraux en temps de guerre, et une enquête sur l’administration du Ontario Temperance Act. (Voir aussi Mouvement de tempérance au Canada; Prohibition au Canada.)

Legs

L’historien Charles W. Humphries estime que William Ralph Meredith était « un homme qui n’était pas toujours admiré par ses partisans, qui dirigeait un parti affaibli par des insuffisances en hommes, en argent et en organisation, handicapé par la domination des conservateurs à l’échelle nationale, miné par les controverses religieuses et frustré par des échecs continuels ». Les programmes canadiens modernes d’indemnisation des accidents du travail considèrent toujours les « principes de Meredith » comme étant leur base.

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