Solmisation
Solmisation. Terme général pour définir l'emploi de syllabes au lieu de lettres, chiffres ou autres désignations pour les sept notes de la gamme diatonique. Deux méthodes de solmisation ont prédominé : celle utilisant le « do fixe » (solfège, solfeggio) et celle utilisant le « do variable » (tonic sol-fa). Les sept syllabes en usage dans les deux méthodes diffèrent par leur épellation mais la prononciation est presque identique. Ce sont do (doh), ré (ray), mi (me), fa (fah), sol (soh), la (lah) et si ou ti (te). Les syllabes entre parenthèses sont celles utilisées dans la méthode tonic sol-fa. Dans la méthode du do fixe, do et la lettre C représentent la même hauteur, ré devient D; mi, E; et ainsi de suite. Ce principe s'applique indépendamment de la tonalité. Tout en suivant le système des lettres, la méthode du do fixe emploie des sons vocaux qui se chantent très facilement.
Dans la méthode du do variable, do est placé au centre de la phrase. Do constitue le premier degré ou la tonique de la gamme, ré est le deuxième degré ou la sustonique, mi est le troisième degré ou la médiante. La hauteur changeante et la position du do sur la portée accentuent le principe de tonalité et permettent une plus grande flexibilité d'application, particulièrement dans la musique de nature tonale.
Les méthodes modernes de solmisation sont issues des travaux de Guy d'Arezzo qui, au XIe siècle, utilisa les syllabes initiales des six premiers vers d'un hymne à saint Jean attribué à Paulus Diaconus, du VIIIe siècle :
Ut queant laxis, Re-sonáre fibris
Mi-ra gestórum, Fa-muli tuórum
Sól-ve pollúti, Lá bii reátum, Sancte Ioánnes.
Chaque phrase de cet hymne commence successivement par une note plus élevée que la précédente avec les sons de l'hexacorde, les syllabes étant Ut, Ré, Mi, Fa, Sol et La, et les sons originaires étant l'hexacorde qui commence avec le do. Ces syllabes furent également utilisées pour les hexacordes de fa (fa, sol, la, si bémol, ut) et de sol (sol, la, si, ut, ré, mi). Au milieu du XVIIe siècle, le septième son, si (probablement emprunté au dernier vers de l'hymne), avait complété l'octave. Do remplaça ut dans la plupart des pays européens lorsque les syllabes guidoniennes commencèrent à assumer une position fixe et que ut devint C.
Solfège
Dérivé du mot italien solfeggio, solfège est le terme français généralement utilisé pour désigner l'enseignement des rudiments de la musique, de la notation et de la formation auditive. Il embrasse le principe du do fixe et il est utilisé principalement dans les écoles de France, de Belgique et d'Italie, dans les méthodes de formation qui en sont dérivées, et dans certains établissements de formation professionnelle aux États-Unis. Le système du solfège apparaît particulièrement avantageux et important dans la formation de musiciens professionnels, hautement motivés, surtout les instrumentistes, car il met l'accent sur la position fixe du do et favorise l'acquisition d'un sens du diapason absolu.
Tonic Sol-fa
Cette méthode d'enseignement et de notation soigneusement graduée fut perfectionnée par l'Anglais John Curwen au milieu du XIXe siècle, afin d'aider à la formation de l'oreille des chanteurs au moyen de l'utilisation du « modulateur », et à leur capacité de lire la musique grâce d'abord à la « notation élémentaire » puis à la « notation établie », c'est-à-dire la notation sur la portée. Utilisant le do mobile, elle est largement employée en Angleterre et dans les pays anglophones, en Allemagne où elle est connue sous le nom de Tonika-Do, et en Hongrie. Le principe de base de l'enseignement de la méthode tonic sol-fa est qu'au moyen d'une étude auditive de chacun des sons de la gamme (d'abord dans leur contexte puis isolément) et de leur rôle dans la formation des accords, la relation entre les sons d'une tonalité donnée peut être établie mentalement et fixée dans la mémoire. Plus tard, ce principe en vint à englober l'interrelation d'une gamme à une autre, ce qui arrive à expliquer la modulation.
La « notation élémentaire » utilise la première lettre de chacune des syllabes (doh, ray, me, fah, soh, lah, te) avec les altérations chromatiques indiquées au long, les noms de syllabe diésés finissant par « e » et ceux bémolisés par « a ». Par exemple, un « ti » bémolisé devient « ta » et un « ray » diésé devient « re ».
Des indications exactes sont données pour les notes des octaves supérieures ou inférieures au moyen de signes placés au-dessus ou en-dessous; ainsi, d' indique une octave plus élevée que d; et t, est un demi-ton au-dessous de d. Curwen changea le nom de la septième note de si à te de façon que chacune des syllabes commence par une lettre différente. Une autre relation tonale importante fut reconnue lorsque la tonique d'une gamme relative mineure fut établie comme lah, suivant le cours de son évolution historique et conservant le même doh pour les modes relatifs majeur et mineur, soit les gammes majeures et mineures avec la même armature à la clé. Afin d'aider l'élève sur le plan visuel, Curwen élabora un ingénieux système de signes de la main, une position particulière de la main représentant chacune des notes de la gamme. Ce système s'est avéré particulièrement efficace auprès des enfants.
Les enfants canadiens ont à la fois reçu l'enseignement du solfège et de la méthode tonic sol-fa, selon la philosophie prédominante. Henry Francis Sefton enseigna la méthode du do fixe après son arrivée d'Irlande en 1858. De son côté, Alexander T. Cringan, diplômé du Tonic Sol-Fa College de Londres, utilisa la méthode tonic sol-fa avec un succès marqué après 1886. J.-B. Dubois établit des classes publiques de solfège au Québec de 1898 à 1903 et son fils Jules lui succéda jusque dans les années 1940.
La méthode du do variable a été largement utilisée dans les écoles canadiennes jusqu'à ce que l'enseignement de la musique soit réduit ou retiré des programmes scolaires dans beaucoup de régions. Le plus souvent, les instrumentistes ont préféré désigner les notes par leur lettre, surtout les claviéristes qui ont des suites d'accords à lire aussi bien que des lignes mélodiques. Le célèbre pédagogue hongrois Zoltán Kodály a indiqué sa préférence pour la méthode tonic sol-fa pour l'enseignement de la lecture à vue, et le vif intérêt manifesté depuis les années 1970 pour l'adaptation des principes de Kodály dans les écoles canadiennes des deux langues officielles a donné un nouvel élan à l'étude de la méthode tonic sol-fa.
Suivent les titres de quelques manuels de solmisation publiés au Canada.
Charles Labelle, Petit traité de solfège (Montréal 1892).
Claude Champagne, Initiation pratique au solfège (Montréal 1938).
Solfège pratique (Montréal 1939).
Solfège scolaire (Montréal 1940).
Solfège et chant, 5e année (Outremont [Montréal] 1943).
Solfège pédagogique (Montréal 1948).
Le Solfège à l'école (Ottawa 1951, Montréal 1960).
Solfège élémentaire, 4e et 5e année (Québec 1955).
Solfège manuscrit à changements de clefs, 44 leçons pour voix moyennes (Montréal 1958).
Soeur Marie-Jocelyne, Solfège, 2 vol. (Rosemont [Montréal] 1960).