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Statut autochtone et la guerre de 1812

Au cours de la première décennie du 19e siècle, les relations entre la Grande-Bretagne et les États-Unis se sont détériorées, principalement en raison de l’influence grandissante des guerres napoléoniennes. Au cœur de ce mouvement, deux frères shawnis ont imploré les peuples autochtones de s’unir afin de défendre leurs terres en déclin contre les incursions croissantes des colons anglo-américains et du gouvernement des États-Unis. La promesse d’un état autochtone ne s’est jamais concrétisée. Après la guerre de 1812, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont trouvé qu’il était plus avantageux d’ignorer le titre autochtone.


Confédération autochtone de Tecumseh

Le prophète religieux Tenskwatawa captive l’imagination d’un public de plus en plus vaste sur le territoire autochtone. Toutefois, à mesure que l’éventualité d’une guerre se matérialise, Tecumseh, le frère de Tenskwatawa, commence à donner au mouvement une direction politique plus explicite. Tecumseh voyage avec une urgence croissante pour s’adresser à divers publics autochtones sur la nécessité de coordonner leurs actions. Il est rapidement reconnu comme un brillant orateur et un stratège capable d’instiller un immense esprit de résistance patriotique parmi les peuples aux identités répandues et disparates. Les nations autochtones à l’ouest des colonies américaines trouvent enfin un chef capable de transcender les vieilles jalousies qui ont souvent saboté l’efficacité militaire et diplomatique de la Confédération autochtone.

Selon Tecumseh, les peuples autochtones ne peuvent plus permettre au gouvernement américain de traiter avec eux comme des petites tribus individuelles. Il critique particulièrement ceux que les autorités américaines ont soudoyés ou saoulés et qui ont été contraints de signer des traités cédant des terres au gouvernement des États-Unis pour une moyenne de seulement deux sous l’acre. Tecumseh propose plutôt d’instaurer une politique qui traiterait tout le territoire détenu par tous les constituants de la Confédération autochtone comme un tout unifié. Par conséquent, le seul organisme qui serait autorisé à conclure un traité avec n’importe quelle puissance étrangère serait le conseil central représentant la Confédération autochtone.

Tecumseh vise à élever l’autorité de son peuple en matière de conclusion de traités du niveau de contrats domestiques au niveau de relations internationales à part entière. Pour atteindre ce degré de souveraineté, la Confédération autochtone a besoin d’un allié puissant pour soutenir son statut militaire, diplomatique et économique au niveau international.

La guerre de 1812

Au début de la guerre de 1812, Tecumseh et ses partisans espèrent que l’alliance à la Grande-Bretagne aidera la Confédération autochtone à contrer les menaces américaines d’absorber le territoire autochtone par la conquête militaire, la délocalisation, ou l’assimilation forcée. Ces motifs s’alignent sur une stratégie géopolitique privilégiée par la Grande-Bretagne depuis la Révolution américaine, le plan de création d’un « état tampon » autochtone. Le gouvernement impérial adopte une position secrète voulant qu’il soutienne la Confédération autochtone jusqu’à ce qu’elle puisse faire valoir sa souveraineté internationale sur les terres entre la rivière Ohio et les Grands Lacs.

Lorsque la guerre de 1812 commence, la Confédération autochtone prend le contrôle de Détroit rapidement et sans faire de victimes. Cette victoire, combinée à la capture de Michilimacinack, permet aux dirigeants britanniques de se concentrer sur de plus grandes batailles à la frontière de Niagara, comme la bataille des Hauteurs-de-Queenston. Ces événements confirment la longue tradition d’alliances entre la Couronne et les Autochtones, de la chaîne d’alliance à la Proclamation royale, en passant par le plan de création d’un état tampon autochtone. Cette politique britannique est essentielle au début de la défense du Canada durant la guerre de 1812, une défense qui aurait probablement échoué sans la participation stratégique des Autochtones.

Legs

Malheureusement, le résultat de la guerre de 1812 n’est pas positif pour les peuples autochtones. Après la mort de Tecumseh dans la bataille de la Thames en 1813, la Confédération autochtone se désintègre largement. La Grande-Bretagne abandonne finalement son soutien au projet d’état tampon pour protéger ses titres fonciers menacés par l’expansion américaine. Le Traité de Gand met fin à la guerre de 1812 et rétablit le statu quo ante bellum (tout revient à son statut d’avant-guerre). De plus, il déclare que les peuples autochtones ont droit de propriété sur les terres qu’ils occupaient avant la guerre et qu’ils ne doivent pas être la cible des hostilités, bien qu’aucune des deux puissances coloniales ne trouve avantageux de respecter ces promesses.

Au cours des années qui suivent, les Américains détruisent en grande partie le territoire autochtone à l’est de la rivière Mississippi, transportant les habitants vers un territoire désigné aujourd’hui appelé l’Oklahoma. Cependant, au lieu de se déplacer vers l’ouest, de nombreux peuples autochtones du sud des Grands Lacs migrent vers le nord, traversant ainsi la nouvelle, mais plutôt poreuse, frontière internationale. Un bon nombre des descendants de ces peuples, dont les terres ont été cédées aux États-Unis de façon très douteuse par la Grande-Bretagne, vivent sur des réserves et dans des communautés du sud de l’Ontario, et le long de la rive nord des Grands Lacs supérieurs. Le legs de ce chapitre crucial marquant de l’histoire du Canada et des Autochtones se perpétue à travers eux.