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Tecumseh

Tecumseh, chef shawnee, dirigeant d’une confédération de Premières Nations, chef militaire pendant la guerre de 1812 (né vers 1768 dans le centre-sud de l’Ohio; mort le 5 octobre 1813 près de Moraviantown [Thamesville, en Ontario]). Tecumseh est le chef de la confédération des Premières Nations mise sur pied pour résister à l’intrusion des Américains sur les terres autochtones à la fin du 18e et au début du 19e siècle. Lorsque la guerre de 1812 éclate entre les États-Unis et la Grande-Bretagne, Tecumseh et la confédération s’allient avec les Britanniques. Le chef sera tué lors de la bataille de la Thames, en 1813. On se rappelle Tecumseh comme d’un guerrier autochtone respecté et d’une figure importante de la guerre de 1812. Sa mort marque la fin de toute véritable résistance dans le Nord-ouest américain, mais les Autochtones n’en poursuivent pas moins leur combat pour leurs terres et leurs droits.

Tecumseh, Shawnee chief
The Meeting of Brock and Tecumseh

Enfance de Tecumseh

Les parents de Tecumseh sont des Shawnees vivant parmi les Creeks dans ce qu’on appelle aujourd’hui l’Alabama et la Géorgie. Vers la fin du 17e siècle, les Shawnees ont été délogés de l’Ohio par les Haudenosaunee. En 1759, les parents de Tecumseh remontent vers le nord lors d’une tentative de réunification de la tribu près de la rivière Ohio. Les Shawnees croient qu’ils sont le peuple préféré du Grand Esprit et que celui-ci leur a donné une partie de son cœur. Le père de Tecumseh, Pukeshinwau, est un chef shawnee.

Tecumseh naît probablement près de la rivière Scioto, soit à Chillicothe ou à Kispoko, vers 1768. Son nom, en général, est traduit par « étoile filante » et est associé à la panthère céleste, patron spirituel du clan des Kispokos auquel sa famille est liée. Pendant l’enfance de Tecumseh, les Shawnees mènent plusieurs guerres, auxquelles ils survivent. À cinq reprises, entre 1774 et 1782, des armées ennemies occupent le territoire shawnee. Par le traité de fort Stanwix de 1768, les Haudenosaunee, qui affirment avoir conquis le pays de l’Ohio, vendent ces terres aux Américains. Les arpenteurs et miliciens américains deviennent alors omniprésents sur le territoire. Les Shawnees, dont la population s’élève à seulement mille personnes, ont peu d’espoir de résister aux attaques acharnées des colons avides de terres et des militaires américains. Pukeshinwau, le père de Tecumseh, est tué lors d’une confrontation avec de nouveaux venus le 10 octobre 1774 à Point Pleasant.

En 1777, les Shawnees se dispersent. Certains s’établissent dans les vallées des rivières Little Miami et Great Miami. Tecumseh s’installe à Pekowi sur la rivière Mad, un affluent de la Great Miami. Depuis son enfance, il considère tout naturellement les Américains, les « longs couteaux », comme ses ennemis : ils se sont emparés des terres des Shawnees, ont tué son père et ont détruit ses villages. Les Kispokos ne jouissent pas d’une aussi grande considération que les autres clans, mais ils ont la réputation de se battre mieux que quiconque parmi les Premières Nations.

Le mouvement panindien de 1793 à 1795

Après le traité de Paris de 1783 (signé à la suite de la Révolution américaine), le Congrès procède rapidement à l’annexion des terres au nord de l’Ohio. Il est difficile d’organiser la résistance des Premières Nations. En effet, celles-ci sont profondément divisées sur les plans de la langue et des points de vue. Plusieurs tentatives pour former des alliances ont déjà échoué. L’ambitieux mouvement panindien de 1783 à 1795 s’amorce à Lower Sandusky et est dirigé par Joseph Brant, chef des Kanyen'kehà:ka (Mohawks). Ce mouvement donne naissance à l’idée que les terres appartiennent à tous les Autochtones et que les négociations avec des nations distinctes et non avec l’ensemble de celles-ci ne sont pas valides. Cependant, les groupes s’inclinent tour à tour.

En 1785, les Shawnees sont convoqués sur la rivière Great au fort Finney, où on les intimide et les force à signer un traité par lequel ils renoncent à leurs terres natales. Les négociateurs sont ensuite réprimandés par les autres membres de la nation. Dans les batailles qui suivent, Tecumseh goûte pour la première fois au combat. Il fait ses preuves lors d’une attaque contre une barge sur la rivière Ohio en 1788. (Voir aussi Traités autochtones au Canada.)

Tecumseh acquiert rapidement la réputation d’un guerrier intrépide. Il n’est cependant pas présent lors de la plus grande victoire des Autochtones contre les forces armées des États-Unis : le 4 novembre 1791, sur les rives de la rivière Wabash, le major-général Arthur St. Clair ainsi que sa force de 1 500 réguliers et de 800 miliciens sont mis en déroute par Blue Jacket et ses 2 000 guerriers ainsi que par le chef Little Turtle et ses Miamis.

À Buchanan Station, au sud de Nashville, le frère de Tecumseh, le très respecté Cheeseekau, est tué lors d’une attaque sur un petit poste fortifié. Tecumseh participe ensuite à un certain nombre d’escarmouches avec les longs couteaux, démontrant ainsi qu’il est digne de succéder à son frère.

Le rêve d’indépendance de la confédération est brisé en 1794 lorsque des troupes américaines bien entraînées, menées par le major-général Anthony Wayne, repoussent un certain nombre d’attaques des Premières Nations. Lors de la bataille de Fallen Timbers (le 20 août 1794), les Américains passent à l’attaque avec 3 500 hommes. Bien que moins nombreux, les Autochtones se battent avec ténacité. Tecumseh se distingue lorsqu’il s’élance vers un groupe d’Américains armés d’un canon de campagne et libère leurs chevaux avant de s’enfuir au galop. Le traité de Greenville met fin à cette phase du conflit. Tecumseh n’est pas d’accord avec le traité, mais il n’est encore qu’un chef secondaire.

Par la suite, Tecumseh dirige une bande de 250 personnes, dont de 40 à 50 guerriers, et fonde un village indépendant près du ruisseau Buck. Toutefois, l’avance inexorable des Américains et la destruction des territoires de chasse poussent les membres de la bande à reculer jusqu’au cours ouest de la rivière White (en Indiana) au printemps 1798. Au tournant du siècle, ils craignent de perdre leurs moyens de subsistance, leurs terres et leur culture, mais la menace la plus terrifiante à laquelle ils sont exposés est l’avancée des maladies épidémiques, contre lesquelles ils ne sont pas immunisés.

Le prophète

C’est à cette époque que le frère de Tecumseh, Lalawéthica, attire l’attention. En 1805, il fait un rêve effrayant qui le transforme subitement. Il commence à prêcher avec émotion, et on le surnomme alors le prophète. Lalawéthica dénonce les maux que sont l’alcool, la malhonnêteté, la calomnie et plus particulièrement la perte des traditions anciennes. Il prédit qu’une intervention divine délivrera les Autochtones s’ils se dégagent de l’influence des Blancs.

Pendant les années 1806 et 1807, les gens viennent entendre le prophète, qui prêche la séparation raciale et l’animosité envers les Américains, affirmant qu’ils ont poussé dans l’écume de la grande eau alors que celle-ci était habitée par le Mauvais Esprit. Les principes pantribals de Tecumseh ne reposent pas tant sur la religion que sur la croyance ferme que le Grand Esprit a fait de la terre la propriété commune de toutes les tribus, et que cette terre ne peut être vendue sans l’accord de tous. Tous les récents traités sont donc considérés comme invalides.

Le spectre de la guerre

Le 22 juin 1807, un événement distant jette une ombre sur les efforts de Tecumseh pour protéger son territoire. L’affaire du Chesapeake démontre que le spectre de la guerre entre les États-Unis et la Grande-Bretagne plane. Les Britanniques du Canada ont encore des échanges avec les Premières Nations au sud des Grands Lacs et leur offrent souvent des cadeaux. Les « manteaux rouges » veulent avoir la faveur des Premières Nations sans que les Américains le sachent. Ces relations inspirent de lourds soupçons aux États-Unis et, selon John Sugden, biographe de Tecumseh, les responsables américains se laissent facilement aller à une paranoïa qui sert leurs intérêts.

La menace de la guerre pousse Tecumseh à déplacer sa bande jusqu’aux sources de la rivière Mississinewa, à 5 km de Tippecanoe. Les nouveaux arrivants ne sont pas bien accueillis par les peuples miami et delaware, qui habitent l’endroit. L’impressionnant nouveau village shawnee, qui compte 200 maisons, est surnommé « ville du prophète » par les colons blancs en raison du frère de Tecumseh. Celui-ci continue de prêcher et prend un nouveau nom, Tenskwatawa, qui signifie « porte ouverte ».

Première visite de Tecumseh au Canada

En 1808, Tecumseh, alors inconnu, fait une première visite au Canada et se rend au fort Amherstburg (plus tard renommé fort Malden) dans le Haut-Canada à la place de son frère, plus renommé, qui a été invité par William Claus. Tecumseh arrive le 8 juin. Il n’est pas enthousiaste à l’idée de s’allier aux Britanniques, dont il se méfie profondément. Néanmoins, les deux parties se rencontrent, et Tecumseh établit des liens avec les manteaux rouges et acquiert davantage de prestige parmi les Premières Nations. Au printemps 1809, il entreprend sa première tournée pour promouvoir l’unité des Autochtones. Il visite alors les peuples seneca et wyandot de l’Ohio ainsi que les Six Nations de l’État de New York. Désormais un orateur fougueux, il porte un message précis : les Premières Nations doivent faire front commun pour protéger leurs terres et leurs cultures.

En l’absence de Tecumseh, le gouverneur du territoire de l’Indiana, William Henry Harrison, conclut le traité du fort Wayne, qui prévoit l’annexion de vastes territoires. Ce traité donne raison à Tecumseh et le met en furie. Lorsqu’il revient discuter avec les Britanniques au fort Amherstburg en 1810, il a changé d’avis : il est prêt à entrer en guerre et à s’allier aux Britanniques.

Attaque contre la confédération

La tâche que s’est fixée Tecumseh est énorme : il sera difficile de rassembler les Autochtones en une confédération étant donné les grandes distances à parcourir, le sentiment d’impuissance qu’éprouvent de nombreuses Premières Nations, la jalousie des chefs plus âgés, la rivalité entre les tribus et la communication dans diverses langues. Même les groupes parlant des langues algonquiennes différentes ne peuvent pas se comprendre sans interprètes.

À l’été 1810, Tecumseh entreprend un voyage ardu vers l’ouest jusque dans le haut du Mississippi, puis en aval de la rivière Illinois jusqu’à Peoria et ensuite dans ce qui est aujourd’hui le Wisconsin, et enfin au Missouri. En octobre, il part pour le fort Amherstburg, où il arrive vers le 12 novembre. Il est maintenant certain qu’une guerre aura lieu et veut être approvisionné. Les efforts de Tecumseh ne passent pas inaperçus. William Henry Harrison lui rend hommage en 1811 lorsqu’il écrit : « Le respect et l’obéissance implicites que les partisans de Tecumseh lui témoignent sont vraiment incroyables, et plus que toute autre circonstance, elles démontrent qu’il s’agit là d’un de ces génies hors du commun qui surgissent à l’occasion pour déclencher des révolutions et renverser l’ordre établi. »

William Harrison et Tecumseh se rencontrent à Vincennes en juillet 1811. Tecumseh fait l’erreur de lui dire qu’il sera absent jusqu’au printemps. En son absence, le gouverneur déplace des troupes vers la ville du prophète à la confluence des rivières Tippecanoe et Wabash. Le prophète est incapable de restreindre les guerriers, et les échanges de coups de feu entre les sentinelles se transforment rapidement en une bataille généralisée. Les guerriers arrivent à se défendre, mais doivent finalement battre en retraite lorsque les munitions viennent à manquer. William Harrison suit la retraite et entre dans la ville, maintenant désertée. Ses hommes y mettent le feu et détruisent les réserves de nourriture.

La bataille de Tippecanoe qui eut lieu le 7 novembre 1811 fut une victoire américaine contre les troupes autochtones pendant la guerre de Tecumseh.

Lorsque Tecumseh revient de sa tournée de 5 000 km, il est confronté à la dure réalité de la destruction. Il dira plus tard aux Britanniques que les corps de ses amis étaient étendus dans la poussière, les villages étaient détruits par le feu et toutes les marmites étaient disparues. Tecumseh est furieux contre son frère, qui est tombé dans le piège de William Harrison, et menace même de le tuer. L’événement porte un dur coup à la confédération.

Déclenchement de la guerre de 1812

Le 18 juin 1812, les États-Unis déclarent la guerre à la Grande-Bretagne. Tecumseh part vers le nord et y trouve les Britanniques en train de renforcer les défenses du fort Amherstburg. Il compte un nombre impressionnant de soldats près du fort. Tecumseh est accompagné de 350 guerriers provenant de diverses nations. Les troupes du général américain William Hull s’emparent de Sandwich le 12 juillet, mais le général est en proie au doute. Le 17 juillet, plus loin au nord, le capitaine Charles Roberts force la reddition du fort Michilimackinac, ce qui trouble William Hull encore plus.

Le 25 juillet, le major américain James Denny mène 120 volontaires de l’Ohio à la vue du camp de Tecumseh. Celui-ci leur tend une embuscade et les met en déroute, infligeant aux Américains leurs premières pertes de la guerre de 1812. Les 2 et 3 août, Tecumseh, Roundhead et le capitaine Adam Muir traversent la rivière Détroit à la tête d’une force composée d’Autochtones et de manteaux rouges, qui attaque la voie d’approvisionnement des Américains près de Brownstown. Le 5 août, Tecumseh affronte une force beaucoup plus nombreuse au sud de Brownstown et fait 18 victimes. Lors d’une autre attaque, il surprend Van Horne, et fait 20 morts et 12 blessés. Les embuscades de Brownstown constituent des victoires remarquables et minent encore davantage le moral fragile de William Hull.

Le 9 août 1812, le soldat et futur écrivain John Richardson rencontre Tecumseh, qu’il est le premier à surnommer le vrai héros de la guerre. Il écrira que l’ardeur de son regard ne pouvait que lui gagner l’affection des soldats qui l’entouraient. La rencontre a lieu à Maguaga, où les alliés sont encore une fois moins nombreux que les Américains envoyés pour protéger un autre convoi d’approvisionnement à destination de Détroit. Mais Tecumseh choisit bien sa position et lance l’attaque. Les Premières Nations et les Britanniques, dont la puissance de feu est inférieure à celle des ennemis, doivent battre en retraite, et Tecumseh est blessé au cou. Il s’agit d’une victoire pour les Américains. Cependant, comme cela a souvent été le cas dans cette guerre, le manque de suivi fait en sorte que le blocus de Détroit demeure intact, et les incursions qui menacent les voies d’approvisionnement continuent d’inquiéter le général William Hull.

Isaac Brock et la capture de Détroit

Le 13 août 1812, le général Isaac Brock arrive à Amherstburg. C’est alors qu’a lieu sa célèbre rencontre avec le chef shawnee. L’aide de camp d’Isaac Brock, le capitaine John Glegg, décrit Tecumseh comme quelqu’un dont les yeux brillants dégagent de l’entrain, de l’énergie et un esprit de décision. Le projet audacieux d’Isaac Brock d’attaquer Détroit est contesté par tous ses conseillers, mais impressionne grandement Tecumseh, qui l’aurait qualifié de « vrai homme ».

Dans la soirée du 15 août, des centaines de canots traversent la rivière sous le commandement de Tecumseh, de Roundhead et d’autres chefs, et accostent près de Détroit. Les Britanniques les suivent le jour suivant et débarquent au sud de la ville. Isaac Brock se dirige droit sur la ville, tandis que les hommes de Tecumseh remontent vers le nord sous le couvert de la forêt. William Hull n’a aucune idée du nombre de guerriers autochtones qu’il devra affronter, mais il craint qu’ils ne soient des milliers. Les navires britanniques bombardent le fort, les boulets ayant un effet plus psychologique que physique. Puis, de façon tout à fait inattendue, William Hull se rend sans tirer un seul coup de feu.

Cette honteuse reddition désole certainement William Hull et son pays. Incontestablement, les attaques répétées de Tecumseh contre les voies d’approvisionnement du général et la peur qu’éprouvait ce dernier d’un massacre sauvage aux mains des Premières Nations (dont il était question dans ses lettres qui ont été saisies) ont motivé en grande partie cette décision. Il s’agit d’une grande victoire pour les alliés, considérée par certains comme le salut du Haut-Canada, et d’une défaite démoralisante pour les Américains. Tecumseh y a joué un rôle de premier plan et gagne l’admiration d’Isaac Brock, qui l’appelle le « Wellington des Indiens ». Dans une lettre au premier ministre, lord Liverpool, Isaac Brock écrit qu’il n’existe pas, selon lui, de guerrier plus sagace et plus galant que lui.

Il faut préciser, cependant, que malgré son image de héros du Canada, Tecumseh a autant d’intérêt pour le roi ou la colonie du Haut-Canada que pour une vieille balle de pistolet, comme l’explique un historien. Ce qui obsède Tecumseh est plutôt la situation critique de son peuple et son propre projet d’unifier toutes les Premières Nations.

Campagnes dans le Nord-ouest

Après quelques défaites des alliés sur la Maumee ainsi qu’aux forts Wayne, Madison et Harrison, les deux camps font face à une impasse dans le Midwest. Tecumseh décide qu’il doit avant tout recruter le plus de guerriers possible pour défendre le Canada. Après s’être remis d’une grave maladie, il retourne dans la région de Détroit pour attaquer le fort Meigs. Les Américains ont grandement fortifié le poste, maintenant occupé par 1 200 hommes, en y aménageant des ouvrages de défense bien conçus et en y installant des armes puissantes. Les Britanniques commencent à bombarder le fort le 30 avril, mais Tecumseh éprouve de sérieux doutes quant à l’attaque, surtout après l’arrivée de renforts composés de 1 400 hommes du Kentucky. Tandis que les alliés réfléchissent, le colonel John Miller se glisse hors du fort et s’empare des canons britanniques. Tecumseh, se rendant compte de ce qui se passe, lance une contre-attaque vigoureuse et parvient à récupérer les canons. Le siège est levé le 5 mai.

La défaite des Britanniques lors de la bataille du lac Érié (Put-in-Bay) le 10 septembre est un dur coup pour les alliés dans l’ouest du Haut-Canada. Le général Procter décide, sans en aviser Tecumseh, que sa position à Amherstburg n’est plus tenable en raison des voies d’approvisionnement compromises, et qu’il doit battre en retraite. Tecumseh est furieux et compare le général à un animal obèse portant sa queue sur son dos, mais qui, lorsqu’il a peur, la laisse tomber entre ses pattes et s’enfuit en courant. Le plan d’Henry Procter de se retirer en remontant la rivière Thames est judicieux, mais il le met à exécution de façon tout à fait incompétente : il tergiverse quant à l’endroit où faire face à l’ennemi, change d’avis trois fois et, lorsqu’il choisit enfin un lieu sur la rive nord de la Thames, à 1,6 km de Moraviantown, ses hommes sont confus, découragés et affamés.

Mort de Tecumseh

Juste avant la bataille de la Thames (Moraviantown), William Caldwell est assis près de Tecumseh lorsque celui-ci sursaute comme s’il avait reçu une balle. Tecumseh dit qu’il ne peut pas vraiment expliquer ce qui se passe, mais qu’il s’agit d’un mauvais esprit qui ne présage rien de bon. Henry Procter aligne ses hommes à découvert tandis que les guerriers de Tecumseh sont réunis dans un boisé dense sur la droite. La ligne des manteaux rouges est soudainement brisée : 43 hommes sont tués et les autres se rendent. Le général s’enfuit de façon honteuse. Les Américains progressent à travers le marais pour attaquer les Autochtones, et Tecumseh n’a pas l’intention de reculer sans se battre, même si ses 500 hommes et lui font face à 3 000 ennemis. Ses guerriers sortent de leur cachette et tirent une salve. Tecumseh se tient droit, rassurant, et fait feu en criant des encouragements. Puis il s’élance vers l’un des Américains, qui lève son arme et tire.

« Battle of the Thames »

Les Britanniques perdent 634 hommes, tués ou capturés pendant la bataille, mais leur plus grande perte est Tecumseh. Son corps est découvert sur le champ de bataille et identifié par Anthony Shane. Des témoins font remarquer que son corps porte de nombreuses blessures. Les soldats américains l’ont scalpé et ont déchiré des bandes de peau pour s’en faire du cuir à rasoir. William Harrison et Anthony Shane admettent être dégoûtés par ces mauvais traitements. Aujourd’hui, on ignore où Tecumseh a été enterré. Certains récits prétendent que ses guerriers ont transporté son corps jusqu’à une tombe anonyme.

La mort de Tecumseh marque la fin de toute véritable résistance dans le Nord-ouest américain. Le chef odawa Naywash le dira clairement : « Depuis que notre grand chef Tecumtha [sic] a été tué, nous ne nous écoutons plus les uns les autres, nous ne nous soulevons plus tous ensemble. » Henry Procter sera disgracié et traduit devant un tribunal militaire.

La paix est signée à Gand, mais les Premières Nations n’en tireront aucun avantage. Les manteaux rouges les ont laissé tomber une fois de plus.

Héritage de Tecumseh

Tecumseh serait-il tout de même devenu un héros s’il n’était pas mort prématurément à Moraviantown? Sans doute, car d’autres batailles ont eu lieu, et les Premières Nations ont continué à se battre. Tecumseh a peut-être été le personnage le plus marquant issu des trois camps à avoir pris part à la guerre, et tout commentaire sur son impressionnante influence avait déjà été dit à son époque. On a évidemment romancé et exagéré sa vie, sa personnalité, ses réalisations et son échec. Cependant, toute réflexion sur la vie de Tecumseh évoque inévitablement son caractère dramatique et la calamité qui s’est abattue sur son peuple.

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