Stone, Fred
Fred ou Freddie Stone. Joueur de flügelhorn, trompettiste, pianiste, compositeur, auteur, professeur (Toronto, 9 septembre 1935 - 10 décembre 1986). B.Mus. (Metropolitan College, Londres) 1964. Son père, Archie, saxophoniste, fut le chef d'orchestre du Casino Theatre de Toronto (1936-60). Le jeune Stone étudia la trompette avec Donald Reinhardt durant l'été à Philadelphie (1950-55) et la composition avec Gordon Delamont (1955-60) et John Weinzweig (1960-62). À 16 ans, il travailla avec Benny Louis, puis il fut membre de divers orchestres de la SRC à Toronto (1955-67). Il travailla comme soliste autant dans le jazz que dans le classique, se produisant avec les orchestres symphoniques de Toronto, Winnipeg, Detroit, Cleveland, Buffalo, Ottawa et San Diego, aussi bien qu'avec Ron Collier (1960-73), Phil Nimmons (1965-70), le Boss Brass (1968-70) et Lighthouse (1969-70). Il participa aux premières de The Nameless Hour et Democratic Concerto de Norman Symonds. Vers la fin des années 1960, il amplifia son flügelhorn et commença à explorer les possibilités qu'offrait un des premiers synthétiseurs, introduisant une gamme de qualités texturales et tonales dans sa manière de jouer en solo, si caractéristique par son côté volage et insaisissable, si ce n'est franchement harmoniquement évasif. Il joua en tournée nord-américaine et européenne avec l'orchestre de Duke Ellington (1970-71), le premier Canadien à obtenir un poste si enviable, ne fut-ce que pour un bref laps de temps. De retour à Toronto, Stone entreprit une nouvelle carrière dans l'enseignement, d'abord comme artiste résident au Centennial College (1972-73) puis comme professeur au Humber College (1973-75), au George Brown College et à son école affiliée, la Blue Mountain School of Music (1976). Il a par la suite donné des cours particuliers de théorie de l'improvisation, tout en continuant de composer, et se produisit en de rares occasions avec de petits ensembles (comprenant habituellement ses élèves) au cours des années 1970.
À cette époque, Stone avait déjà à son crédit des partitions pour l'ONF, deux suites pour flügelhorn électrique et orchestre symphonique (1969) et de nombreuses pièces pour son petit ensemble et son big band. Ses oeuvres pour orchestre de jazz, dont beaucoup avaient été commandées par la SRC, incluaient Leah (1965, enregistrée par le Humber College Big Band en 1986), Maiera (1965, enregistrée par Ellington avec Stone comme soliste), Reflections on a Theme (1969), Sunshine and Pretty Things (1969), Rice Lake Suite (1970), For Igor (1972), Tribute to Igor Stravinsky (1972), Idea for Orchestra (1974), Uranus (1974, enregistrée par Moe koffman avec Stone comme soliste), Stone Poem, Alphera (1974) et Young Peoples' Guide to the Jazz Orchestra (1976). On pouvait lire dans le Globe and Mail que : « ses compositions ne sont pas taillées d'une seule pièce, mais dans le gros drap du folk, le coutil rigide du classique (Stravinsky ayant la préférence) et les imprimés sport du jazz. L'instinct mélodique de Stone se charge de rendre les coûtures invisibles » (Toronto, 12 décembre 1986). Bien que des problèmes cardiaques l'aient obligé à ralentir ses activités au début des années 1980, Stone reprit sa carrière d'interprète en novembre 1984 à la Music Gallery, présentant pour la première fois un grand ensemble pour l'improvisation connu familièrement sous le nom de Freddie's Band et composé en majeure partie de ses élèves. À cette époque, il avait abandonné la notation formelle, mise à part une esquisse de ligne mélodique, et préférait composer et orchestrer des passages d'ensemble en collaboration directe avec ses musiciens, prolongeant encore la tradition d'organisation spontanée dont il avait fait l'expérience à la fois avec Ellington puis avec Mingus (à la télévision de la SRC en 1964). L'ensemble de Stone entre 1984 et 1986 incluait plus d'un jeune musicien de jazz important de l'époque. Parmi eux, évoquons les saxophonistes Jonnie Bakan, Rob Frayne, Nic Gotham et Perry White, le tromboniste Steve Donald, le trompettiste Michael White, le cornettiste Roland Bourgeois, le bassiste George Koller et le batteur Graeme Kirkland; leurs carrières allaient amplement montrer combien Stone avait raison d'insister, comme chef ou comme professeur, sur l'individualité de chaque musicien. En 1985-86, Stone donna aussi des concerts avec un sextuor et comme soliste au piano et au flügelhorn. Après qu'une crise cardiaque l'ait eu emporté, Koller et d'autres organisèrent un petit et un grand ensemble, ce dernier s'appelant Freeunion Collectiv, pour donner des spectacles selon les principes de Stone. Le prix Freddie Stone fut lancé en 1991 par Sound Symposium, le premier récipiendaire étant le bassiste Lisle Ellis.