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Stratas, Teresa

Teresa (née Anastasia) Stratas (née Stratakis). Soprano (Toronto, 26 mai 1938). Artist Diploma (Toronto) 1959, LL. D. h.c. (McMaster) 1986, LL. D. h.c. (Toronto) 1994, LL. D. (Eastman) 1998, D. ès L. (York) 2000.

Stratas, Teresa

Teresa (née Anastasia) Stratas (née Stratakis). Soprano (Toronto, 26 mai 1938). Artist Diploma (Toronto) 1959, LL. D. h.c. (McMaster) 1986, LL. D. h.c. (Toronto) 1994, LL. D. (Eastman) 1998, D. ès L. (York) 2000. La plus jeune des trois enfants d'un couple de restaurateurs grecs immigrés à Toronto puis à Oshawa, elle commence à étudier le chant à 12 ans et fait ses débuts à la radio à 13 ans dans un répertoire de chansons populaires grecques. Après ses études secondaires, elle travaille comme secrétaire tout en nourrissant l'ambition de devenir chanteuse de cabaret. Elle étudie au Royal Conservatory of Music of Toronto (auj. Conservatoire royal de musique) avec Irene Jessner de 1954 à 1958 (les trois dernières années grâce à une bourse) et reçoit, en 1959, l'Eaton Graduating Scholarship. Choisie par Herman Geiger-Torel pour le rôle de Nora dans une production de Riders to the Sea de Vaughan Williams à la Hart House en 1958, elle est acclamée lors de ses débuts professionnels à l'opéra, le 13 octobre 1958, dans le rôle de Mimi dans La Bohème avec le Toronto Opera Festival (Canadian Opera Company). Gagnante ex aequo des auditions du Metropolitan Opera en 1959, elle fait ses débuts au Metropolitan en octobre 1959, chantant le rôle de Poussette dans Manon. Cette année-là, elle se produit également avec l'Orchestre symphonique de Toronto. L'année suivante, au Festival international de Vancouver, elle est Cio-Cio-San dans Madama Butterfly, spectacle retransmis par la radio de la SRC le 22 juillet 1960. Elle crée le rôle-titre dans Nausicaa de Peggy Glanville-Hicks au théâtre d'Hérode Atticus à Athènes en 1961 et fait la même année ses débuts à Covent Garden dans le rôle de Mimi.

Le Metropolitan Opera lui confie bientôt des rôles importants, Liù dans Turandot en remplacement de Lucine Amara puis Micaëla dans Carmen. En 1962, elle chante Cio-Cio-San avec la COC, fait une tournée de récitals en U.R.S.S. et tient le rôle de la reine Isabelle lors de la création posthume d'Atlantida de Manuel de Falla, qui est l'occasion de ses débuts à La Scala de Milan. Tout en continuant à se produire au Metropolitan, elle chante avec le Théâtre du Bolchoï, l'Opéra d'État de Vienne, celui de Berlin, l'Opéra d'État de Bavière à Munich et le San Francisco Opera. Au Metropolitan, son répertoire comprend Mimi, Zerlina dans Don Giovanni, Liù, Micaëla, Nedda dans I Pagliacci, Cherubino dans Les Noces de Figaro, Marguerite dans Faust, La Périchole, Gretel dans Hänsel et Gretel, Lisa dans La Dame de pique, Sardulla lors de la création américaine de l'opéra Le Dernier sauvage de Menotti, Mélisande dans Pelléas et Mélisande, Marenka dans La Fiancée vendue et Jenny dans Mahagonny. Elle chante aussi Violetta dans La Traviata à Munich, Susanna dans Les Noces de Figaro et Despina dans Così fan tutte au Festival de Salzbourg et à l'Opéra de Paris, puis Desdémone dans Othello à l'Expo 67. Elle tient le premier rôle dans la production télévisée de Norman Campbell de La Rondine de Puccini (SRC, 1972), et dans la version cinématographique de Salomé de Strauss, tournée en 1974 avec l'Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Karl Böhm. Elle est choisie par le chef d'orchestre Pierre Boulez pour chanter le rôle titre dans la première exécution, le 28 mai 1979 à l'Opéra de Paris, de la version complète de Lulu d'Alban Berg (la section inachevée du troisième acte est orchestrée par le compositeur autrichien Friedrich Cerha). Dans une liste des meilleurs disques d'opéra de 1999, Opera Canada estime qu'il s'agit de « la performance de sa carrière ». Elle chante le rôle de Violetta dans le film La Traviata de Zefirelli en 1983, dont la bande sonore remporte un Grammy Award (États-Unis) cette même année. Après un exil volontaire de huit ans du Metropolitan, elle chante dans Il Trittico (Il Tabarro, Suor Angelica et Gianni Schicci) de Puccini en 1989, et crée le rôle de Marie Antoinette lors de la première de The Ghosts of Versailles de John Corigliano en 1991. En 1987, Stratas fait ses débuts à Broadway dans la comédie musicale Rags qui n'a qu'une courte durée. Même si ce spectacle n'est pas un grand succès, Drama Desk, l'association des critiques, auteurs et interprètes de théâtre de New York, lui remet le prix de la meilleure actrice lors de sa cérémonie de remise des prix en 1987 et elle est en nomination pour un Tony Award dans cette même catégorie.

Au cours des répétitions de Mahagonny, en 1979, Stratas fait la connaissance de Lotte Lenya, veuve du compositeur Kurt Weill et créatrice du rôle de Jenny. Lenya donne à Stratas des partitions d'œuvres inédites de Weill, dont certaines sont plus tard enregistrées par Stratas sur deux de ses disques, The Unknown Kurt Weill et Stratas Sings Weill. Par la suite, elle chante sur l'enregistrement September Songs : The Music of Kurt Weill (Sony Classical 1997) et participe au documentaire du même nom coproduit par la SRC (dirigé par Larry Weinstein), qui remporte un International Emmy, en 1996, et un prix Gémeaux, en 1997.

Stratas possède une voix de soprano lyrique riche et égale dans tout son registre. Son chant s'allie à une imposante présence sur scène et à un sens dramatique instinctif et communicatif. Elle est en outre douée d'un sens subtil de la comédie, mais elle donne le meilleur d'elle-même dans les rôles qui réclament une expression immédiate de l'émotion. Dans le compte rendu d'une représentation télévisée de Mahagonny en provenance du Metropolitan Opera, Andrew Porter écrit : « Observées en gros plan, l'intelligence, la subtilité et la précision qui différencient la Jenny de Teresa Stratas étaient encore plus saisissantes. C'est une artiste attachante. Chacun se prend à regretter les moments où la caméra la quitte - lorsque, par exemple, elle entonne le refrain de Benares, ses yeux et sa bouche rendant alors à la perfection l'idée "Serait-il merveilleux si... et je sais que cela est impossible" qu'exprime la musique de Weill. L'opéra prend vie grâce à elle » (The New Yorker, 24 décembre 1979).

Personne compatissante et dévouée, Stratas abandonne temporairement la scène de l'opéra en 1981 pour voyager seule en Inde et elle travaille ensuite à Calcutta avec mère Teresa auprès des malades en phase terminale. Par la suite, elle soigne Lotte Lenya durant les étapes finales de sa maladie, puis son père, avant de tomber malade elle-même. Au début des années 1990, elle recommence à se produire et à enregistrer, notamment dans le rôle d'Anna avec l'Opéra de Lyon pour le vidéo de The Seven Deadly Sins, de Weill (1993) et elle est choisie par le Metropolitan Opera pour participer à Dialogues des Carmélites, de Poulenc, et à Ariadne auf Naxos, de Strauss, en 1994. Elle interprète les deux rôles principaux de soprano dans la double-présentation Pagliacci et Il Tabarro au Metropolitan. Elle doit apparaître dans La Fiancée vendue au même endroit, en 1996, mais annule son engagement. Elle s'absente de nouveau pour travailler avec des orphelins roumains. En 1997, elle remporte un prix Gémeaux (de la meilleure actrice de soutien) pour le rôle de la mère dans le film pour petit écran Under the Piano, aux côtés de Megan Follows. À partir de 1998, Stratas fait office de juge pour la Lotte Lenya Competition for Singers à l'Eastman School of Music. En 1998, Stratas subit une opération; par la suite, elle éprouve des difficultés à chanter, ce qui l'amène à poursuivre l'hôpital en justice.

En 1972, Stratas est nommée officier de l'Ordre du Canada et est proclamée artiste de l'année par le Conseil canadien de la musique, en 1980. En 2000, elle reçoit le Prix du Gouverneur général pour les arts de la scène et est honorée par l'American Law Foundation et la National Association of Teachers of Singing. Son étoile est ajoutée à l'Allée des célébrités canadiennes.

Écrits

« Thoughts on the day of a performance », Fugue (mars 1979).

Discographie

Berg Lulu : O de l'Opéra de Paris, Boulez c orch; 1979; 4-DG 2711-024, 4-DG 274-213 et 3-DG 415-489-2 (CD).

Glanville-Hicks Nausicaa : OS et Ch d'Athènes, Surinach c orch; (1961); CRI 175.

Kern Showboat : Ambrosian Chorus, London Sinfonietta, McGlinn c orch, Stratas (Julie); 1987; 3-EMI Angel A-1-49108, 3-EMI CDS-7-49108-2 (CD), (extraits) EMI CDC-7-49847-2 (CD).

Lehár The Merry Widow : O phil de Berlin, Karajan c orch, Ch du Deutsche Oper Berlin, Hagen-Kroll dir, Stratas (Valencienne); (1973); 2-DG 2707-070, (extraits) DG 2530-729 et DG 415-524-2 (CD).

-Paganini (bande sonore) : OS et Ch Kurt Graunke, Ebert c orch; (1975); Philips 6449-083, Philips 420-664-2 (CD), (« Liebe, du Himmel auf Erden ») Philips 420-667-2 (CD).

-Der Zarewitsch (bande sonore) : OS et Ch Kurt Graunke, Ebert c orch; (1975); Philips 420-664-2 (CD).

Leoncavallo I Pagliacci (bande sonore) : O et Ch de La Scala de Milan, Prêtre c orch; 1983; 2-Philips 411-484-1.

Mozart Così fan tutte : O phil de Strasbourg, Lombard c orch, Stratas (Despina); 1977; 3-RCA FRL 3-2629, 3-Erato STU-71110 et 3-Mus H Soc MHS-3875-7.

-The Marriage of Figaro : Mehta c orch; 1968; 3-Legendary LR-206.

Puccini « Mi chiamano Mimi » de La Bohème : Erde c orch; 1975; Legendary LR-103.

-La Bohème : O du San Francisco Opera; (1987?); 2-Lyric ALD-1390 (cass).

Smetana Die Verkaufte Braut : O de la radio de Munich, Krombholc c orch, Ch de la radio de Bavière, H. Franz dir; 1975; 3-Eurodisc 89-036-XGR et 2-Eurodisc 7795-2-RG (CD).

Soprano : Dvořák, Puccini, Leoncavallo, Mozart, Verdi : (1984?); Parnassus PAR-1012.

Stratas Sings Weill : Y Chamb Symphony, Schwarz c orch; 1985-86; Nonesuch 9-79131-1.

The Unknown Kurt Weill : R. Woitach p; 1981; Nonesuch D-779019.

The Unknown Teresa Stratas : Puccini, Offenbach et autres; (1987); Legendary LR-218.

Verdi Othello : O d'État de Bavière, Gerdes c orch, Ch de l'Opéra d'État de Bavière, Baumgart dir; (1967); DG SLPEM-136-434 et DG 2537-017, (« Willow Song » et « Ave Maria ») DG 2538-244.

-La Traviata : O de l'Opéra d'État de Bavière, Votto c orch; 1965; 2-Historical Recording Enterprises HRE-334-2.

-La Traviata : O et Ch de l'Opéra d'État de Bavière, Patanè c orch; 1965; 2-GDS 2-CD-106.

-La Traviata (bande sonore) : O et Ch du Metropolitan Opera, Levine c orch; 1982; 2-Elektra 96-02671 et 2-WEA 25-0072-1.

Weill September Songs: The Music of Kurt Weill: Stratas, O'Hara; 1997; SK 63046 Sony Classical.

-Seven Deadly Sins: 1997; Erato Disques.

Zeller Der Vogelhändler : OS Kurt Graunke, Bauer-Theussl c orch; 1970; Philips 420-665-2 (CD), (« Schenkt man sich Rosen in Tirol ») Philips 422-452-2 (CD).

Films et vidéos

Strauss Salome, film réalisé par Götz Friedrich : O phil de Vienne, Böhm c orch; 1974; Unitel/DG.

Leoncavallo Pagliacci, film de Franco Zeffirelli : O et Ch de La Scala de Milan, Prêtre c orch; 1982; Unitel-Aries, Philips.

Puccini La Bohème, émission télévisée : O et Ch du Metropolitan Opera, Levine c orch, Stratas (Mimi); 1982; Paramount Bel Canto, Home Vision, Pioneer Artists.

Verdi La Traviata, un film de Franco Zeffirelli : Orch et Ch du Metropolitan Opera, Levine c orch; 1982; Universal/Home Video.

StratasSphere : a Portrait of Teresa Stratas, documentaire de Harry Rasky : 1983; SRC, Kultur.

Weill The Seven Deadly Sins, ballet avec musique : O Opéra de Lyon, Nagano c orch; 1995; 440 071 266-3 London.

Menotti Amahl and the Night Visitors, émission télévisée : O et Ch du Metropolitan Opera; Home Vision.

Corigliano The Ghosts of Versailles : Metropolitan Opera; 1992; 440 072 530-3 Deutsche Grammophon/Polygram Records 1993.

Autres apparitions à la télévision avec le Metropolitan Opera; autres films, vidéos et émissions de télévision avec des compagnies européennes.

Bibliographie

« Three stars return home in triumph », OpCan, III (sept. 1962).

Emily COLEMAN, « So one day the star got sick », New York Times (22 janv. 1967).

Peter GRAVINA, « Pistol packin, soprano », OpCan, XII (print. 1971).

Kenneth WINTERS, « Teresa Stratas - a swallow returns », The Telegram (Toronto, 19 juin 1971).

Renée MAHEU, « Stratas - Lulu », Mcan, 40 (sept. 1979).

Ulla COLGRASS, « A will of iron, a voice of gold », Music (mars-avril 1980).

Lawrence O'TOOLE, « Voice at the top », Maclean's (23 juin 1980).

Winthrop SARGEANT, « Profiles : presence », New Yorker (26 janv. 1981).

Michael WALSH, « Angel purity, raw urgency », Time (25 janv. 1982).

Louis A. MORRA, « Teresa Stratas », OpCan, XXIII (déc. 1982).

Jay SCOTT, « Teresa Stratas : a creature of extremes », Globe and Mail (Toronto, 21 déc. 1982).

Heidi WALESON, « In "Rags" an opera star tries on a musical »New York Times (17 août 1986).

Frank RICH, « Stage : Teresa Stratas as a Jewish immigrant in "Rags", a musical », New York Times (22 août 1986).

Harry RASKY, Stratas : an Affectionate Tribute (Toronto 1988).

Patrick DILLON, « Let life live me », Globe and Mail (26 avr. 1997).

Nomi MORRIS, « Diva sings her own melody : Teresa Stratas's career defies opera convention », Maclean's (1e juill. 1997).

« The anguish of a songbird's clipped wings : opera star Teresa Stratas knows how devastated Julie Andrews must feel at not being able to sing any more », National Post (18 déc. 1999).