Susan Avis Bayley Johanson (née Powell), C.M., éducatrice, communicatrice, infirmière spécialisée dans le domaine de l’éducation à la sexualité (née le 29 juillet 1930 à Toronto, en Ontario; décédée le 28 juin 2023 à Thornhill, en Ontario). Canadienne emblématique pour des générations d’adolescents, Sue Johanson a été une pionnière de l’éducation à la sexualité positive. Défenseure de la régulation des naissances, des pratiques sexuelles sans risque et de la bonne santé sexuelle, elle était reconnue pour son approche franche, sérieuse et souvent humoristique de la sexualité. Son émission de télévision américaine, Talk Sex with Sue Johanson (2002‑2008), était diffusée dans 23 pays. Elle a également animé une tribune téléphonique à la radio et une émission de télévision au Canada, et a écrit une chronique dans un journal et trois livres.
Jeunesse et formation
Sue Johanson naît à Toronto en 1930. Son père est un ancien combattant décoré de la Première Guerre mondiale ayant servi dans la Royal Flying Corps puis dans la Royal Air Force. Sa mère, femme au foyer, est issue d’une famille irlandaise protestante aisée. Sa mère étant décédée alors qu’elle a tout juste 10 ans, Sue Johanson est principalement élevée par une tante.
Sue Johanson obtient son diplôme d’études secondaires à Kenora, en Ontario, puis part étudier à Winnipeg pour devenir infirmière autorisée. Elle étudie sous la direction de religieuses à l’hôpital Saint-Boniface. Elle raconte plus tard que les religieuses insistent sur le fait que les rapports sexuels ne devaient servir qu’à la procréation dans le cadre du mariage.
Elle rencontre Ejnor Karl Johanson, un électricien, peu de temps avant de commencer ses études d’infirmière et l’épouse peu de temps après avoir obtenu son diplôme. Elle donne naissance à trois enfants, à 10 mois d’intervalle. Dans les années 1950, le couple déménage à Toronto pour gérer l’entreprise immobilière de la tante de Sue Johanson.
Sue Johanson est reconnue dans sa communauté comme une personne à qui il est facile de parler, en particulier auprès des adolescents et des jeunes adultes. Elle trouve sa vocation après avoir aidé une voisine, une camarade de son aînée, à faire face à une grossesse inattendue et à l’avortement illégal qui s’ensuit. Sue Johanson est convaincue que si les jeunes ont des relations sexuelles à l’insu de leurs parents ou sans leur consentement, ils doivent également pouvoir obtenir des moyens de contraception à l’insu de leurs parents ou sans leur consentement.
Début de carrière
La carrière d’éducatrice à la sexualité de Sue Johanson commence lorsqu’elle ouvre une clinique de santé sexuelle dans une école secondaire de Toronto en 1970, tout juste un an après la légalisation de la contraception au Canada. (L’avortement demeure illégal au Canada jusqu’en 1988, à moins d’être approuvé par un groupe de médecins.) Elle dirige la clinique pendant 18 ans. Il s’agit en fait de l’une des cliniques anticonceptionnelles de Toronto.
Sue Johanson est préoccupée par le nombre d’adolescents ayant des rapports sexuels non protégés. Elle croit qu’une meilleure éducation permettrait d’éviter les grossesses non désirées et les infections transmissibles sexuellement (ITS). Elle raconte qu’elle reçoit fréquemment des appels téléphoniques de parents en détresse ou en colère, contrariés parce que leur enfant utilise un moyen de contraception. Elle mentionne que même si les parents sont d’abord fâchés de savoir que leurs enfants sont sexuellement actifs, ils réagissent généralement bien quand elle leur rappelle qu’ils sont également assez intelligents et matures pour planifier et se protéger.
Elle se considère d’abord et avant tout comme une éducatrice à la sexualité. Elle passe une grande partie des années 1970 et 1980 à enseigner l’éducation à la sexualité dans les écoles du Canada.
Moments marquants en carrière
En 1984, Sue Johanson amorce sa carrière en radiodiffusion avec le lancement de l’émission Sunday Night Sex Show with Sue à la station de radio rock de Toronto, Q107. En 1985, elle lance une autre émission à la télévision communautaire Rogers à Toronto, intitulée Talking Sex with Sue. Elle travaille simultanément sur ses émissions de radio et de télévision.
Sue Johanson aborde des sujets, des données démographiques et des problèmes souvent négligés par l’éducation à la sexualité traditionnelle. Outre ses discussions franches et ouvertes sur tous les aspects de la sexualité, elle est reconnue pour son sens de la comédie et son excellente répartie. Ces qualités l’aident à désamorcer la tension que peuvent engendrer les discussions sur le sexe et la sexualité.
De 2002 à 2005, Sue Johanson anime deux importantes émissions d’éducation à la sexualité diffusées l’une après l’autre : le Sunday Night Sex Show au Canada et Talk Sex with Sue Johanson (2002‑2008) aux États-Unis. Cette dernière émission en 174 épisodes est diffusée dans 23 pays. Ses émissions répondent régulièrement à 100 000 questions du public sur la sexualité, mais seule une douzaine est généralement entendue sur les ondes. Elle est également régulièrement invitée à participer à des émissions-débats télévisées au Canada et aux États-Unis. (Elle serait l’une des invitées préférées de David Letterman.)
Sue Johanson dit souvent qu’elle croit que sa popularité tient au fait qu’elle n’est, selon ses propres termes, ni jeune ni belle. Elle n’a pas d’attributs physiques que les gens peuvent trouver excitants ou intimidants. Elle a l’allure d’une tante âgée ou d’une grand-mère. Mais surtout, elle possède l’information que les gens recherchent et une personnalité aimable et accessible.
Elle reçoit également gratuitement plusieurs jouets sexuels directement des fabricants. Elle en reçoit tellement, qu’elle décide de les offrir à ses assistants et à son équipe de production pour qu’ils lui soumettent leurs commentaires. C’est ce qu’elle appelle « le centre d’essai non officiel des jouets sexuels au Canada ». Elle commente et critique occasionnellement les jouets lors de ses apparitions en direct, les sortant de son « sac de trucs chauds », un fourre-tout orné de flammes.
Canadienne emblématique pour des générations d’adolescents, Sue Johanson joue une version fictive d’elle-même dans les émissions Degrassi Junior High (v.f. Degrassi) et Degrassi: The Next Generation (v.f. Degrassi : la nouvelle génération). Elle est également l’autrice de trois livres : Talk Sex: Answers to Questions You Can’t Ask Your Parents (1988), Sex Is Perfectly Natural but Not Naturally Perfect (1991) et Sex, Sex and More Sex: 101 Questions and Answers (1995).
Prix et récompenses
En 2000, Sue Johanson en nommée membre de l’Ordre du Canada. Elle est reconnue pour son action inlassable en faveur d’une bonne santé sexuelle, ainsi que pour son écoute sans jugement et son comportement sans détour.
En 2010, Sue Johanson reçoit le prix Citizenship décerné par le Centre d’études sur la diversité sexuelle Mark S. Bonham de l’Université de Toronto, qui souligne l’avancement et l’éducation en matière d’éducation à la sexualité au Canada.
En 2022, la vie et la carrière de Sue Johanson font l’objet d’un documentaire de la cinéaste canadienne Lisa Rideout, intitulé Sex with Sue. En 2023, le documentaire remporte le prix Écrans canadiens de la meilleure émission documentaire.
Voir aussi Sue Johanson (Profil).