Les syrphes, également connus sous le nom de mouches des fleurs, appartiennent à la famille des Syrphidae au sein de l’ordre des Diptères (vraies mouches). Il existe plus de 6 600 espèces connues de syrphes, dont 539 espèces recensées au Canada. Les syrphes sont présents dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada, y compris jusqu’à l’île d’Ellesmere. Les adultes se nourrissent de nectar et de pollen, ce qui fait d’eux des pollinisateurs importants dans divers habitats. La survie de nombreuses espèces de syrphes est menacée par la destruction des habitats et l’introduction d’espèces non indigènes.
Description et mimétisme
La forme et la couleur des syrphes varient selon l’espèce. Leur longueur est comprise entre 4 et 25 mm. La plupart des syrphes adultes imitent les guêpes et les abeilles, c’est-à-dire que, comme ces dernières, ils ont souvent des rayures jaunes et noires, un abdomen pointu et, parfois, des antennes allongées. Agissant par mimétisme trompeur (ou « batésien »), les mouches, qui ne peuvent ni piquer ni mordre, ont l’apparence et le comportement d’insectes piqueurs, ce qui les protège des prédateurs. Certains syrphes imitent étroitement une espèce spécifique, comme les abeilles domestiques, les guêpes jaunes ou les bourdons, tandis que d’autres ressemblent aux abeilles et aux guêpes en général.
Identification
La meilleure manière de déterminer si un insecte est une mouche, une guêpe ou une abeille est d’examiner les ailes : les mouches n’ont que deux ailes, tandis que la plupart des insectes (y compris les guêpes et les abeilles) en comptent quatre. Les ailes postérieures de la mouche ont été remplacées par une paire d’haltères, évoquant de minuscules massues et qui contribueraient à l’orientation et à la stabilisation du vol.
En outre, la tête des syrphes a tendance à être proportionnellement plus grande que celle des guêpes et des abeilles, mais les antennes sont plus petites. Les syrphes ne sont pas non plus dotés de dards ou de pièces buccales leur permettant de mordre.
Il est plus difficile de distinguer les syrphes des autres mouches, car il existe de nombreux types de mouches qui imitent eux aussi les guêpes et les abeilles. Une méthode pour déterminer si une mouche est un syrphe (c’est-à-dire un membre de la famille des Syrphidae) consiste à observer les nervures de l’aile. La grande majorité des syrphes ont ce que l’on appelle une « fausse veine », qui n’est reliée à aucune des autres veines de l’aile. C’est là une caractéristique unique au syrphe, que les autres mouches ne partagent pas.
Répartition et habitat
On retrouve le syrphe dans le monde entier, dans presque tous les habitats. On l’observe dans toutes les provinces et tous les territoires du Canada, y compris sur l’île d’Ellesmere, la partie la plus septentrionale du pays. Les syrphes ont pour habitats la toundra, les forêts, les zones alpines et les prairies.
Dans ces habitats, on retrouve souvent les mouches adultes dans des zones ensoleillées où poussent des fleurs, dans les coulées de sève des arbres, aux sources de sécrétion de miellat et à proximité d’eau douce.
Au Canada et dans d’autres régions tempérées, les différentes espèces de syrphes survivent à l’hiver de différentes manières. Selon l’espèce, ils le font sous forme de chrysalide, de larve ou d’insecte parvenu à l’âge adulte. Les stratégies les plus courantes sont l’hibernation dans la litière de feuilles, sous terre, sous l’écorce des arbres ou sous l’eau, ou la migration vers le sud.
Reproduction et développement
Comme toutes les mouches, les syrphes sont holométaboles, c’est-à-dire qu’ils subissent une métamorphose complète de l’état de larve à celui de nymphe, puis à l’âge adulte. Chez les espèces dont la reproduction a été étudiée, les femelles peuvent pondre entre 120 à 4 500 œufs au cours de leur vie. Les femelles pondent leurs œufs à proximité de sources de nourriture – ou carrément sur ces sources – pour les larves au moment de l’éclosion. Les larves se départissent de leur exosquelette à trois reprises avant de se transformer en nymphes.
Régime alimentaire des larves
Le régime alimentaire de la larve de syrphe est extrêmement varié. De nombreuses espèces connues de syrphes, tout au long de leur stade larvaire, se nourrissent de pucerons et d’autres insectes nuisibles. D’autres espèces sont d’importants décomposeurs, se nourrissant de matière organique en décomposition, ce qui contribue à faire circuler les nutriments dans l’écosystème. D’autres encore se nourrissent de plantes, de champignons ou de plancton aquatique, pour ne citer que ces sources.
Alimentation des adultes et pollinisation
Presque toutes les espèces de syrphes adultes sont connues pour visiter les fleurs; l’énergie du nectar leur est essentielle pour voler, et les protéines du pollen servent à la production d’œufs chez les femelles. Ce butinage fréquent fait des syrphes des pollinisateurs d’une grande importance dans de nombreux écosystèmes. Dans les communautés de l’Arctique et des montagnes, les mouches sont les principaux pollinisateurs en raison d’une plus faible diversité d’abeilles. Par exemple, dans les régions arctiques et subarctiques, les syrphes sont connus pour jouer un rôle important de pollinisateur de la plaquebière et de la rhubarbe sauvage.
Les syrphes sont également des pollinisateurs importants au début du printemps. Cette activité est essentielle pour les cultures à fleurs printanières précoces, comme les bleuets sauvages, les canneberges et les pommes.
Outre le nectar des fleurs, de nombreux syrphes se nourrissent également de la sève des arbres et du miellat des pucerons, riches en sucres.
Prédateurs
Les prédateurs des syrphes sont notamment les oiseaux, contre lesquels leur mimétisme offrirait une certaine protection. On croit également que certains autres prédateurs vertébrés pourraient jouer un rôle important. Cependant, peu d’entre eux ont été étudiés en tant que prédateurs des syrphes.
Les syrphes sont aussi la proie de divers types d’invertébrés, notamment les araignées, les guêpes et les mouches au comportement prédateur. Enfin, les larves de syrphes sont les hôtes d’une variété d’espèces de guêpes parasitoïdes.
Situation actuelle et menaces
Comme chez de nombreux autres insectes, les menaces pour la conservation des syrphes sont multiples. Les principales sont la perte et la fragmentation de l’habitat, la perte de la biodiversité indigène et l’introduction d’espèces non indigènes. Au Canada, les espèces de syrphes originaires des prairies et des savanes sont particulièrement menacées, une grande partie de cet habitat ayant été convertie en terres agricoles.
Si l’état de conservation de la majorité des espèces de syrphes n’a pas été évalué, on sait en revanche que plusieurs espèces sont en déclin. Par exemple, le syrphe de Brousi (Eristalis brousii), autrefois répandu dans toute l’Amérique du Nord, n’est plus présent que dans un nombre d’endroits restreint le long de la baie d’Hudson. Le déclin de cette espèce est associé à l’introduction du syrphe des arbustes (Eristalis arbustorum), une espèce étroitement apparentée, qui pourrait avoir déplacé et supplanté le syrphe de Brousi indigène dans la majeure partie de l’Amérique du Nord.