Théâtre d'Aujourd'hui
Théâtre d'Aujourd'hui. Fondé en 1968, le Théâtre d'Aujourd'hui, le seul de nos théâtres institutionnels exclusivement dédié à la dramaturgie québécoise et canadienne d'expression française, célébrait en 2008 son 40e anniversaire. Ces quarante années furent consacrées à l'émergence et à la reconnaissance de paroles et d'écritures fortes d'ici, puis à la mise en valeur d'un répertoire national qui rayonne à présent un peu partout dans le monde. Toujours fidèle à ses racines, le Théâtre d'Aujourd'hui se veut une véritable maison des auteurs, où l'on accueille les nouvelles voix comme les anciennes.
D'importantes troupes d'amateurs, les Apprentis Sorciers et les Saltimbanques, ainsi que le Mouvement Contemporain dirigé par André BRASSARD, s'allient au mime et marionnettiste suisse Michel Poletti, en 1968, pour créer le Centre du Théâtre d'Aujourd'hui. Installée dans un ancien garage, au 1297, rue Papineau, à Montréal, la salle pouvant accueillir une centaine de spectateurs est modulable mais affublée de colonnes centrales qu'il faut trouver le moyen d'intégrer aux propositions artistiques. Si la programmation de la première saison comporte des pièces d'Arrabal, Mrozek et de Ghelderode, auteurs du théâtre absurde pratiqué par les compagnies fondatrices, dès la seconde saison la mission du lieu se définit résolument par la création d'œuvres d'ici.
Jean-Claude GERMAIN, alors directeur du Théâtre du Même Nom (TMN), bientôt rebaptisé Les Enfants de Chénier, puis Les P'tits Enfants Laliberté, y crée trois de ses propres pièces dès la saison 1969-1970. Nommé directeur artistique en 1972 (poste qu'il occupe jusqu'en 1982), il y fait créer treize œuvres de son cru, dont les plus marquantes, Les Hauts et les Bas de la vie d'une diva : Sarah Ménard par eux-mêmes (1974), mettant en vedette Nicole Leblanc, et Un pays dont la devise est je m'oublie (1976). Confirmant la mission du Théâtre d'Aujourd'hui, Germain y accueille les textes des Victor-Lévy BEAULIEU, Élizabeth Bourget, Michel Garneau, Roland Lepage, Maryse Pelletier, Reynald Robinson et Yves Sauvageau, notamment.
Gilbert Lepage prend la barre du Théâtre d'Aujourd'hui en 1983, jusqu'en 1986, puis Robert Lalonde assume à son tour la direction artistique, de 1986 à 1988. Les voix de la dramaturgie québécoise se multiplient alors, avec les premières œuvres signées Michel Marc BOUCHARD, Normand CHAURETTE, René Gingras, Jovette MARCHESSAULT, René-Daniel DUBOIS et Pol Pelletier. Des compagnies invitées, comme le Théâtre de la Rallonge, le Théâtre Petit à Petit et le Théâtre Repère se produisent également au Théâtre d'Aujourd'hui. Vient ensuite Michelle ROSSIGNOL, dont la direction artistique, qui s'étend de 1989 à 1998, est marquée par le déménagement, en 1991, dans un ancien cinéma de la rue Saint-Denis, où le Théâtre d'Aujourd'hui a toujours pignon sur rue. Sa salle principale passe alors à une capacité de 275 spectateurs, et la salle de répétition, à l'étage, baptisée Salle Jean-Claude-Germain, sert aussi de lieu de diffusion de spectacles intimes.
Ces années voient de nouvelles voix s'ajouter aux précédentes, celles de Normand Canac-Marquis, Carole FRÉCHETTE, Michèle Magny, Jean-François Caron, Larry TREMBLAY, ainsi que des auteurs venus d'ailleurs ou issus des communautés culturelles, qui donnent le pouls d'une société québécoise en pleine transformation : Pan Bouyoucas, Abla Farhoud, Wajdi MOUAWAD. En 1999, Michelle Rossignol cède la direction artistique à René Richard Cyr. Celui-ci fait découvrir au public de nouveaux auteurs, dont Serge Boucher, Évelyne de la Chenelière, François ARCHAMBAULT, Daniel Danis et Sébastien Harrisson, des plumes aujourd'hui confirmées, dont les œuvres sont reprises sur les plus grandes scènes, au Québec comme à l'étranger. La comédienne Marie-Thérèse Fortin, qui dirigea le Théâtre du Trident à Québec de 1997 à 2003, assume la direction artistique du Théâtre d'Aujourd'hui depuis 2004 et a su lui insuffler un nouveau dynamisme.
On pense aux nouvelles voies théâtrales qui se sont produites dans l'intimité de la salle Jean-Claude Germain, fière de la vocation que lui a donné Marie-Thérèse Fortin de la consacrer aux jeunes troupes. Madame Fortin a de plus accueilli en résidence nombre de nouveaux artistes, présentant ainsi les oeuvres d'une relève talentueuse et fort prometteuse. On pense aux pièces comme Bob (de René Daniel Dubois) ou encore La Liste (de Jennifer Tremblay). Le 12 juin 2012, Marie-Thérèse Fortin annoncait son départ de la direction du théâtre afin de pouvoir se consacrer à d'autres projets artistiques d'envergure.