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Thelma Chalifoux

Thelma Julia Chalifoux, Métisse, sénatrice, femme d’affaires et militante (née le 8 février 1929 à Calgary, en Alberta; décédée le 22 septembre 2017 à St. Albert, en Alberta). Thelma Chalifoux est la première Métisse nommée au Sénat du Canada. En tant que sénatrice, elle s’intéresse à un éventail de sujets dont l’hébergement des Métis, les relations qu’entretiennent les compagnies pharmaceutiques avec le gouvernement fédéral et les lois environnementales. Ardente défenseure des droits des femmes et des droits des Autochtones, Thelma Chalifoux s’implique dans des organismes comme l’Aboriginal Women’s Business Development Corporation et le Métis Women’s Council. Elle est également connue pour son travail dans la protection de la culture métisse, ayant servi au Sénat métis de l’Alberta et au Michif Cultural and Métis Resource Institute (aujourd’hui Michif Cultural Connections).

Jeunesse et éducation

Thelma Chalifoux naît en 1929 de l’union de Helene (née Ingwersen) et Paul Villeneuve. Sa famille est métisse du côté paternel, les racines ancestrales remontant aux premières communautés métisses de St. Albert et de Lac Ste. Anne. Née juste avant la crise économique des années 1930, elle grandit à une époque économique difficile. À un très jeune âge, elle apprend la valeur du travail acharné. Toujours prête à aider les autres, elle se porte volontaire dans des soupes populaires durant la Deuxième Guerre mondiale. Elle se joint aussi à la réserve militaire et travaille dans la cantine de l’Armée du Salut.

À un jeune âge, Thelma Chalifoux épouse Robert Coulter. À son retour de la guerre de Corée, il souffre de ce qui semble être un trouble de stress posttraumatique. Elle finit par le quitter. Selon le Globe and Mail (6 octobre 2017), quand elle se présente aux services sociaux en 1958 en quête d’aide pour subvenir aux besoins de sa famille, on lui enlève ses quatre enfants dans le cadre de ce qu’on connaît aujourd’hui comme la rafle des années soixante. Thelma Chalifoux travaille assidument pour récupérer ses enfants, terminant ses études secondaires et cumulant au moins deux emplois. Pour cette mère célibataire, qui donne aussi naissance à une fille durant cette période, réunir sa famille n’est pas une mince tâche. Toutefois, en 1965, Thelma Chalifoux recouvre la garde de ses enfants. Après cette épreuve, elle donne naissance à d’autres enfants. Son expérience façonne le travail communautaire qu’elle entreprend plus tard, surtout auprès des enfants, des familles et des communautés autochtones. (Voir aussi Conditions sociales des peuples autochtones au Canada.)

Thelma Chalifoux étudie la sociologie au Lethbridge Junior College (aujourd’hui Lethbridge College) et suit des cours en estimation des bâtiments au Southern Alberta Institute of Technology.

Début de carrière

À la fin des années 1960, Thelma Chalifoux déménage à Edmonton pour y trouver du travail. Elle se présente à la Métis Association of Alberta pour mettre à jour sa carte de membre, ce qui l’amène à faire la connaissance de Clarence Longmore et de Ben Courtoureille, deux anciens employés de l’organisme. On lui offre un emploi sur le terrain presque immédiatement. Le regretté Stan Daniels, alors président de l’association, la nomme responsable de mettre sur pied les services juridique et foncier de l’organisation. Durant la période où elle travaille au sein de l’association, Thelma Chalifoux plaide pour une hausse de logements et de nourriture abordables, de prestations sociales et de subventions offertes aux familles métisses. Dans le cadre de son travail, elle est envoyée dans des villes du sud et du centre de l’Alberta, puis à Slave Lake, dans le nord de l’Alberta, où elle vit durant les 12 années suivantes.

Thelma Chalifoux sert au sein de la Compagnie des jeunes Canadiens, travaillant sur les dossiers du logement rural et autochtone et du développement communautaire. Elle anime et produit également une émission de radio hebdomadaire sur les ondes de CKYL Radio Peace River. Thelma Chalifoux est la première Métisse radiodiffusée sur une radio privée.

Carrière politique

Le chambre du Sénat, Ottawa, ON.

Au début des années 1980, à titre de membre d’une délégation métisse en visite à Ottawa, Thelma Chalifoux prend part aux négociations constitutionnelles avec le premier ministre Pierre Elliott Trudeau. La délégation a l’intention d’obtenir la reconnaissance des Inuits, des Premières Nations et des Métis comme nations distinctes.

Le 26 novembre 1997, le premier ministre Jean Chrétien nomme Thelma Chalifoux sénatrice, faisant d’elle la première Autochtone et Métisse à servir au Sénat. Elle prend sa retraite le 8 février 2004 à 75 ans, l’âge de retraite obligatoire, et retourne en Alberta.

Durant sa carrière au Sénat, Thelma Chalifoux est présidente du comité sénatorial permanent des peuples autochtones. Elle est également membre de divers comités sénatoriaux permanents, notamment ceux qui traitent de l’agriculture et de la foresterie, des droits de la personne, de la pêche et des océans, des substances illégales, et des affaires constitutionnelles et juridiques.

À titre de sénatrice, elle s’intéresse à un éventail de sujets, dont l’hébergement des Métis, les relations qu’entretiennent les compagnies pharmaceutiques avec le gouvernement fédéral et les lois environnementales. Elle s’implique dans le rapport Rassembler nos forces (1997), qui constitue la réponse du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien au rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones.

Dans une entrevue accordée au docteur Denis Wall de l’Université de l’Alberta le 13 septembre 2009, Thelma Chalifoux affirme que son rôle de sénatrice était « en partie éducatif et en partie pour soulever certaines questions, notamment celles qui touchent les Métis, car nous sommes véritablement le peuple oublié ».

Le saviez-vous?
Au nombre des autres « premières », Thelma Chalifoux est la première Métisse à être nommée au Sénat de l’Université de l’Alberta dans les années 1970. C’est aussi la première Métisse à siéger comme présidente du National Métis Senate et de la Senate Constitution Commission.


Travail communautaire

Tout au long de sa carrière, Thelma Chalifoux s’implique dans la lutte pour les droits des femmes et les droits des Autochtones. (Voir aussi Questions relatives aux femmes autochtones.) Elle sert à titre de coprésidente du Alberta Métis Senate et est membre du bureau d’appel des services sociaux et des services aux familles de l’Alberta. Elle sert également à titre de vice-présidente de l’Aboriginal Women’s Business Development Corporation. Durant les nombreuses décennies qu’elle passe en Alberta, elle travaille pour des organismes comme le Métis Women’s. À Slave Lake, dans les années 1970, elle cofonde le centre d’amitié métis, en plus de diriger le premier refuge pour victimes de violence conjugale. (Voir aussi Centres d’amitié.)

Après son passage au Sénat, Thelma Chalifoux met sur pied le Michif Cultural Institut (aujourd’hui Michif Cultural Connections), un musée et un centre de ressources dédié à la préservation et à la promotion de la culture métisse dans le nord de l’Alberta. Quelques années avant son décès, en 2017, elle se bat pour la mise sur pied du centre Meadowview, à St. Albert, pour la santé et le bien-être des femmes. Le centre ouvre ses portes en 2011. Meadowview se consacre au rétablissement des femmes dépendantes aux drogues.

Thelma Chalifoux se soucie de la préservation de la langue crie et de son enseignement dans les écoles du nord. En raison de son intérêt pour les langues, elle rédige l’avant-propos de The Alberta Elders’ Cree Dictionary (1998), coécrit par Nancy LeClaire et George Cardinal. (Voir aussi Langues autochtones au Canada.)

Thelma Chalifoux sert aussi à titre d’aînée tant au Nechi Institute: Centre of Indigenous Learning, en Alberta, qu’au Northern Alberta Institute of Technology.

Décès et héritage

La santé de Thelma Chalifoux dépérit, et elle s’éteint à 88 ans dans un foyer de soins à St. Albert, en Alberta. On se souvient d’elle comme d’une pionnière pour son travail dans les communautés métisses et pour son soutien dans la lutte des droits des femmes et des Autochtones au Canada.

Depuis 2000, le Northern Alberta Institute of Technology remet annuellement le prix du Sénat Thelma Chalifoux aux personnes ou aux organisations extérieures à l’institut qui font preuve d’un engagement constant pour le succès des étudiants autochtones, honorant ainsi le travail communautaire et le leadership politique de Thelma Chalifoux.

En juin 2018, l’Université de l’Alberta annonce qu’à compter du trimestre d’automne 2018, la résidence pour étudiants Thelma Chalifoux Hall accueillera 520 étudiants.

Prix et honneurs

  • Prix de l’excellence autochtone, aujourd’hui le prix Indspire (1994) (Thelma Chalifoux est la première métisse à recevoir ce prix)
  • Doctorat honorifique, Université de Toronto (2004) (remis pour son travail de défense)
  • Prix d’excellence pour l’ensemble de son œuvre, Ralliement national des Métis (2014)

Guide pédagogique perspectives autochtones

Collection Métis