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Loretta Todd

Loretta Todd, documentariste, artiste d’installation, essayiste (née vers 1963 à Edmonton en Alberta). Figure centrale de ce que l’on pourrait considérer comme la deuxième vague de cinéastes autochtones, Loretta Todd apporte à ses films de non-fiction de l’introspection, de la discipline, une résistance à la sentimentalité et un sens de l’aventure.

Carrière et style

Loretta Todd combine des techniques standards, comme les entrevues et les séquences d’archives et de style réalité, à des éléments atmosphériques et inventifs de sa propre création. Ainsi, les films de Loretta Todd doivent autant aux documentaristes non conformistes Errol Morris et Werner Herzog, dont les films expérimentent souvent avec la forme et le style, qu’à Alanis Obomsawin et Phil Lucas qui, des années 1960 aux années 1980, contribuent à établir le cinéma autochtone comme un mouvement distinctif. Dans les années 1990, la combinaison de la rigueur narrative et de l’expérimentation stylistique de Loretta Todd contribuent à élargir les perceptions concernant ce à quoi un film autochtone devrait ressembler.

Enfant, Loretta Todd comprend rapidement le pouvoir de l’image mobile en tant que moyen de narration. Alors qu’elle regarde le classique d’horreur de F.W. Murnau Nosferatu de 1922 à l’âge de 7 ans, Loretta Todd dit qu’elle « a commencé à comprendre que les réalisateurs utilisaient des outils de conteurs, ce qui a fait appel à mon amour pour l’art en tant que Crie ». Les films lui offrent également un sentiment de possibilités et d’évasion. Elle décrit son enfance comme étant remplie de création artistique et de récits, mais marquée par la pauvreté et par l’alcoolisme de son père (un sujet qu’elle explore dans un de ses premiers courts métrages, My Fathers’s DTs). Loretta Todd quitte la maison à 12 ans. À 18 ans, elle s’inscrit dans un collège communautaire où elle découvre rapidement ses talents d’écrivaine, de théoricienne et de vidéaste.

À la fin des années 1980, Loretta Todd étudie à l’Université Simon Fraser avec la théoricienne Kaja Silverman, le réalisateur expérimental Al Razutis et le directeur de photographie John Houtman. Elle commence rapidement à créer des œuvres d’installations vidéo ambitieuses et innovatrices qui reflètent son identité autochtone et les luttes historiques des peuples autochtones. Une de ses installations présente des images projetées sur le Musée d’anthropologie de Vancouver; avec un long plan-séquence, Loretta Todd entreprend de « libérer » les objets sacrés autochtones qui sont mis en tombeau à l’intérieur (voir aussi Rapatriement d’artefacts).

Le premier long métrage documentaire de Loretta Todd, The Learning Path (1991), combine des témoignages poignants de première main de survivants canadiens des pensionnats indiens avec des scènes reconstituées tournées dans un style fantomatique et atmosphérique. Son film Hands of History (1995) présente un portrait dynamique et ludique de quatre artistes féminines, et son film Forgotten Warriors (1996), qui est en nomination pour un prix Génie, commémore les soldats de la Deuxième Guerre mondiale qui ont risqué leurs vies outre-mer et qui, à leur retour au pays, constatent que leurs terres ont été confisquées (voir aussi Les peuples autochtones et la Deuxième Guerre mondiale). Le film Today is a Good Day (1999) adopte une approche biographique plus standard de la vie de l’acteur et chef Dan George, et Kainayssini Imanistaisiwa: The People Go On (2003) explore le rapatriement d’artefacts autochtones. Le travail de Loretta Todd est reconnu avec des prix d’excellence pour l’ensemble de ses réalisations au imagineNATIVE Film + Media Arts Festival et au festival Taos Talking Picture. Elle participe également au Sundance Writers Lab.

Collection des peuples autochtones

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Lecture supplémentaire

  • Loretta Todd, "Aboriginal Narratives in Cyberspace," Immersed in Technology: Art and Virtual Environments (1996); Loretta Todd, "What More Do They Want?" in Indigena (1992).