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Tr'ondëk-Klondike

Tr’ondëk-Klondike est un paysage culturel vivant situé dans la zone subarctique du nord-ouest du Canada. En septembre 2023, il est officiellement inscrit sur la liste des sites du patrimoine mondial de l’UNESCO. Le site du patrimoine mondial Tr’ondëk-Klondike est établi sur le territoire traditionnel de la Première Nation Tr'ondëk Hwëch'in. Il est composé de huit éléments qui témoignent de l’évolution du paysage depuis son état précolonial, résultant de l’adaptation des peuples autochtones au colonialisme européen.

Définition

Un paysage culturel est une zone géographique précise façonnée par les activités humaines au cours d’une période donnée et revêtant une grande importance pour une collectivité en raison de son riche patrimoine culturel.

Caractéristiques physiques

Tr’ondëk-Klondike se trouve près du corridor du fleuve Yukon (Chu kon'dëk), qui traverse la région de Dawson. Cette région du nord-ouest du Canada se caractérise par de vastes forêts boréales parsemées de collines ondulantes et de vallées traversées par les affluents du fleuve Yukon, dont la rivière Klondike. À environ 170 kilomètres au nord-est se trouvent les hautes terres de Blackstone, une étendue de toundra avec des montagnes déchiquetées et des buissons bas près de la limite forestière de la zone subarctique.

Situé sur le territoire traditionnel des Tr’ondek Hwech’in, le site du patrimoine mondial est composé de huit parcelles de terre, soit :

  • Fort Reliance, premier poste européen de traite des fourrures au Yukon, construit en 1874.
  • Ch’ëdähdëk (Forty Mile), lieu de chasse traditionnel et première ville de la ruée vers l’or au Yukon.
  • Ch’ëdähdëk Tth’än K’et (Cimetière Dënezhu), lieu de sépulture témoignant des pratiques culturelles des Autochtones et des impacts du colonialisme.
  • Fort Cudahy et Fort Constantine, poste de traite et poste de la Police à cheval du Nord-Ouest (P.C.N.-O.) établis respectivement en 1893 et 1895.
  • Tr'ochëk, important lieu de pêche connu des peuples autochtones sous le nom de « lieu à l’embouchure de la rivière », apprécié pour ses ressources naturelles.
  • Dawson City, principal lotissement urbain et ville portuaire le long du fleuve Yukon pendant la ruée vers l’or du Klondike, illustrant l’afflux rapide des nouveaux arrivants et les transformations qui en ont résulté dans la région.
  • Jëjik Dhä Dënezhu Kek’it (Village Moosehide), lieu de rassemblement traditionnel des Tr’ondëk Hwëch’in, où ils se sont installés après avoir été déplacés par les nouveaux arrivants pendant la ruée vers l’or.
  • Tthe Zrąy Kek’it (Black City), village saisonnier gwich'in situé sur le trajet migratoire des caribous.

Sept des propriétés se trouvent sur les rives du fleuve Yukon, entre Tr’ochëk et Ch’ëdähdëk. Seul le site de Black City est situé le long d’une section de la rivière Blackstone. Au total, les huit sites couvrent une superficie de 334 hectares (3,34 km2), auxquels s’ajoutent 54 hectares (5,38 km2) de zone tampon protégée autour des parties intérieures des sites constitutifs.

Importance historique et culturelle

Les limites géographiques définies de Tr’ondëk-Klondike incluent des ressources archéologiques et historiques témoignant de la présence d’une collectivité autochtone en évolution, mais constante, ainsi que de son adaptation au colonialisme européen, qui a commencé à la fin du XIXe siècle.

De nombreuses populations autochtones, dont la Première Nation Tr'ondëk Hwëch'in de langue han, vivaient depuis des milliers d’années sur les terres entourant le fleuve Yukon. Cependant, l’arrivée des colons a profondément transformé les modes de vie traditionnels ainsi que les liens durables des Autochtones avec leurs terres ancestrales. En 1867, à l’époque de la Confédération, Tr’ondëk-Klondike faisait partie de la Terre de Rupert, rebaptisée plus tard les Territoires du Nord-Ouest. Au fur et à mesure que le Canada s’étend vers l’ouest, des tensions apparaissent entre le gouvernement et les peuples autochtones. Le gouvernement fédéral crée la Police à cheval du Nord-Ouest en 1873, négocie des traités et adopte la Loi sur les Indiens en 1876.

À la fin des années 1800, la région connaît une évolution rapide de l’occupation coloniale. Le Dominion du Canada est créé en 1867. En 1874, le premier poste commercial de traite des fourrures apparaît dans la région. De 1896 à 1899, la ruée vers l’or du Klondike provoque des bouleversements sociaux et des déplacements à grande échelle. L’église anglicane du village Moosehide est érigée en 1908. Plus tard, le déclin de la prospection aurifère voit passer la population du Yukon de 30 000 personnes à moins de 5 000 dans les années 1910. Au cours de cette période, les peuples autochtones de la région commencent à s’installer dans les nouvelles villes coloniales du Yukon. On a toutefois exploité la région de façon continue en vertu du système de libre accès ( voir Ruée vers l’or du Klondike).

En 1973, une délégation de 12 Premières Nations du Yukon présente une revendication territoriale globale que le gouvernement canadien accepte comme base de négociation. Cela mène à la signature des ententes définitives et des ententes d’autonomie gouvernementale entre le gouvernement du Canada et les Tr'ondëk Hwëch'in en 1998.

On a mené des campagnes archéologiques à plusieurs reprises depuis les années 1990. Le contact entre les nouveaux arrivants et les Tr'ondëk Hwëch'in a fait émerger un paysage culturel composé de camps, de villes, d’infrastructures minières et de commerces. En 2002, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada a reconnu le site de Tr'ochëk. De plus, plusieurs bâtiments patrimoniaux se trouvant à Dawson City figurent dans le Répertoire canadien des lieux patrimoniaux.

Site du patrimoine mondial

Tr’ondëk-Klondike est inscrit aux sites du patrimoine mondial pour sa « valeur universelle exceptionnelle ». Avant son inscription officielle, plusieurs propositions avaient été soumises pour que le Klondike obtienne ce statut dès les années 1970. En 2004, Dawson City a été ajoutée à la liste indicative fédérale. Ce n’est qu’une dizaine d’années plus tard, lorsqu’il est devenu une priorité au Forum sur le développement économique, que ce projet a véritablement commencé à prendre de l’ampleur. Cet effort communautaire a mené à l’inscription officielle du Klondike au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2017. La proposition initiale mettait davantage l’accent sur l’impact du secteur de l’exploitation aurifère, y compris les districts aurifères historiques, ce qui a suscité l’opposition de la population locale. En 2018, le comité local a retiré sa candidature, invoquant la difficulté pour l’UNESCO de saisir pleinement l’importance du site proposé tel qu’il était présenté.

En 2021, on accepte de réévaluer le dossier du site Tr’ondëk-Klondike. Ce processus a également bénéficié de consultations avec divers experts. En septembre 2023, Tr’ondëk-Klondike est officiellement ajouté à la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO lors des travaux du Comité du patrimoine mondial en Arabie saoudite. Cela constitue la première inscription d’un site culturel du Yukon au patrimoine mondial.

Le gouvernement Tr'ondëk Hwëch'in, en partenariat avec Parcs Canada, le gouvernement du Yukon et Dawson City, a dirigé la formation d’un comité d’intendance après la désignation du site du patrimoine mondial. Selon l’UNESCO, le paysage culturel fait face à des défis de conservation et de gestion, notamment à cause de l’impact du changement climatique et d’autres facteurs environnementaux.

Vue aérienne de Dawson City

Visite de Tr’ondëk-Klondike

Aujourd’hui, Tr’ondëk-Klondike abrite un vaste éventail de biens patrimoniaux. Au cœur de Dawson City, le centre culturel Dänojà Zho propose aux visiteurs une fenêtre sur l’histoire et les traditions des Tr'ondëk Hwëch'in. Le village Moosehide est quant à lui un site historique ouvert au public, avec des installations très développées. Il accueille le Rassemblement Moosehide, un événement communautaire qui s’étend sur trois jours et qui a lieu tous les deux ans, en juillet.

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