L’histoire orale est le récit du passé transmis par la parole. Elle a apporté beaucoup à nos façons de comprendre et d’interpréter le passé et est aujourd’hui un domaine d’étude important. Les récits oraux sont au cœur des cultures autochtones traditionnelles et contemporaines. (Voir aussi Sources historiques et Récits oraux et sources primaires autochtones.)
Qu’est-ce que l’histoire orale?
L’Oral History Association définit l’histoire orale comme une méthode servant à recueillir, à préserver et à interpréter le point de vue et les souvenirs des peuples, des communautés et des participants des événements du passé. Il s’agit de la plus ancienne manière de raconter des événements historiques.
Histoire orale autochtone
Les récits oraux jouent un rôle essentiel dans les cultures autochtones. Parfois regroupés sous le nom de « tradition orale », ils permettent de partager des histoires, des récits et des enseignements importants avec les nouvelles générations. Les récits oraux permettent aux peuples autochtones d’enseigner leur culture dans leurs propres mots. Aujourd’hui, les chercheurs et les conservateurs de musée utilisent de telles sources pour mettre en valeur le point de vue autochtone. (Voir aussi Récits oraux et sources primaires autochtones.)
Mouvement moderne d’histoire orale
Allan Nevins, de l’Université Columbia, à New York, est généralement considéré comme le précurseur du mouvement moderne de l’histoire orale. Il fonde en 1948 l’Oral History Research Office (Bureau de recherche sur l’histoire orale), qui regroupe maintenant près de 8 000 récits enregistrés et environ 1 000 000 de pages de transcription.
Les projets et les études portant sur l’histoire orale se popularisent à la fin des années 1960 et dans les années 1970. Aujourd’hui, bon nombre d’universités offrent des cours et des programmes sur l’histoire orale alors que plusieurs organismes aident à la préserver et à la promouvoir.
Parmi les plus grands promoteurs de l’histoire orale se trouvent les universités, les musées, les médias et les archives et organismes gouvernementaux. L’histoire orale ne relève toutefois pas seulement des institutions. Bien des personnes et des groupes d’amateurs s’y consacrent comme passe-temps.
Le saviez-vous?
Au début des années 1950, l’enregistrement des récits oraux se généralise en Amérique du Nord. Le premier enregistreur portatif, le magnétophone Webcor, a la taille d’une valise et pèse plus de 11 kg. Déjà dans les années 1970, le magnétophone à cassettes est assez petit pour être porté sur l’épaule ou glissé dans une poche. Dans les années 1980 et 1990, l’histoire orale s’insère dans l’ère électronique et prend de l’ampleur. Elle devient une activité organisée, un mouvement populaire et un passe-temps alors que l’équipement se miniaturise. Depuis, l’enregistrement et la préservation des récits oraux sont façonnés par la présence d’Internet et d’une technologie d’enregistrement avancée.
Récits oraux sous forme d’entrevues
Les récits oraux se manifestent sous plusieurs formes, comme le folklore et la musique folklorique, mais l’histoire orale se transmet aujourd’hui surtout par l’entrevue. Plusieurs d’entre elles visent à enregistrer les témoignages de gens importants. D’autres ne ciblent que des gens ordinaires. Ces récits illustrent le point de vue de ceux qui sont souvent oubliés ou mis de côté dans les histoires écrites traditionnelles. Par exemple, les témoignages peuvent raconter le parcours d’immigrants et de minorités, l’histoire de survivants d’une tragédie (comme l’Holocauste), les souvenirs d’anciens combattants ou les récits de citoyens ordinaires.
L’entrevue avec des personnes ordinaires humanise les récits historiques et donne une voix à ceux qui n’en auraient autrement pas. De plus, des centaines d’entrevues démontrent que les gens sont généralement plus sincères lorsqu’ils parlent, même devant un micro et un enregistreur, que lorsqu’ils écrivent.
Toutefois, de bonnes entrevues nécessitent bien plus qu’un micro et une personne volontaire : les questions doivent être posées avec adresse et impartialité. Si les résultats sont destinés à être publiés, le montage des entrevues, souvent ardu et complexe, doit être réalisé avec soin pour que l’histoire du conteur soit exprimée dans ses propres mots, avec une distorsion minimale.
Forces et faiblesses de l’histoire orale
Aux débuts du mouvement moderne d’histoire orale, certains chercheurs sceptiques avancent que les souvenirs d’une personne sont souvent déformés avec le temps et rarement dénués d’opinion et de subjectivité. Ils affirment donc que les récits oraux sont souvent peu fiables. Bien que de nombreux historiens et chercheurs valorisent aujourd’hui davantage l’histoire orale, ils encouragent généralement les gens à vérifier les souvenirs d’une personne, si possible, en les comparant à des sources documentaires.
Malgré les problèmes potentiels liés aux récits oraux, ceux-ci s’avèrent être une méthode importante pour enregistrer et comprendre le passé. Ils permettent aux gens de raconter leur histoire dans leurs propres mots et de partager leur point de vue avec leurs contemporains et leurs descendants.