Article

Département de musique de l'Université Laval

Université Laval. Fondée officiellement le 8 décembre 1852 par l'octroi d'une charte signée par la reine Victoria accordant au séminaire de Québec« droits et privilèges d'université », l'Université Laval est la plus ancienne université d'expression française en Amérique.

Université Laval

Université Laval. Fondée officiellement le 8 décembre 1852 par l'octroi d'une charte signée par la reine Victoria accordant au séminaire de Québec« droits et privilèges d'université », l'Université Laval est la plus ancienne université d'expression française en Amérique. Elle ouvrit une succursale à Montréal en 1876, laquelle devint l'Université de Montréal (1919) par un rescrit du pape Benoît XV. Une deuxième charte désignant comme autorité suprême le conseil de l'université fut promulguée en 1971. L'Université Laval comprend 12 facultés, 9 écoles affiliées et un service d'éducation permanente. En 1989-90, un total de 1396 professeurs et de 980 chargés de cours enseignaient à plus de 35 000 étudiants.

Le 9 juin 1922, une École de musique fut rattachée à la faculté des arts. Vouée d'abord à l'enseignement de la musique sacrée, elle élargit bientôt son champ d'activités. Elle fut l'une des premières au Canada à offrir un programme complet de formation théorique et instrumentale aboutissant au baccalauréat puis, dès 1936, à un diplôme de deuxième cycle. Arthur LeBlanc et Henri Vallières (professeur de 1931 à 1966) figuraient sur la première liste d'inscription d'étudiants qui comptait 11 filles et 18 garçons. Le programme comprenait alors des cours de solfège, d'harmonie, de théorie et d'histoire. En 1924 s'ajouta l'enseignement du piano, du violon et de l'orgue. Charles Lapointe et soeur Thérèse de l'Enfant-Jésus furent les premiers à obtenir le B.Mus. en 1929. Un véritable dépt de musique sacrée fut mis sur pied en 1932. Le Motu proprio de Pie X avait en effet suscité l'enthousiasme du clergé québécois par ses propositions de retour à la musique grégorienne. Des membres de l'École, notamment Marius Cayouette et plus tard Elzéar Fortier ainsi que Lucien Brochu, ont contribué activement à ce renouveau liturgique.

Les premiers doyens, Gustave Gagnon (1922-24), Joseph Vézina (1924-25) et J. Alexandre Gilbert (1925-32), établirent les structures d'un enseignement musical conduisant au baccalauréat. Avec Robert Talbot (1932-54), ce programme comprenait les cours théoriques et ceux de piano, de violon et de chant. En 1936, l'École ajouta un programme d'enseignement de licence qui, six ans plus tard, aura produit six diplomés. On inaugura en 1937 des cours d'été qui obtinrent un succès considérable; une session d'études en chant grégorien fut organisée à partir de 1944, en collaboration avec les Bénédictins de Saint-Benoît-du-Lac. L'École décerna ses premiers doctorats en 1933 à Antoine Montreuil, Joseph-Romuald Pelletier et Robert Talbot. Un groupe de professeurs avait constitué le comité de direction de la revue La Musique lors de sa dernière année d'existence (1923-24). Plus tard, des musiciens rattachés à l'École participèrent à la Revue Saint-Grégoire (1949-63) traitant de musique sacrée.

En 1942, l'École décida de ne plus décerner les diplômes extra-muros qu'elle accordait à d'autres écoles, ce qui lui fit perdre plusieurs étudiants. Elle supervise toutefois les études précollégiales un peu partout au Québec. En 1991, 4183 élèves se sont présentés aux examens de l'Extension. L'ouverture en 1944 du CMQ qui, subventionné par le gouvernement, offrait un enseignement gratuit, draina aussi considérablement la clientèle étudiante de l'École. Une entente de courte durée fut cependant conclue dès la première année afin de permettre à certains étudiants de recevoir leur formation des deux institutions.

Onésime Pouliot prit la relève comme dir. (1954-62). Avec lui, on vit s'accroître le nombre de professeurs formés notamment en Europe, tels que Jocelyne Binet et Jeanne Landry. Les sessions de cours d'été inaugurées en 1959 contribuèrent aussi à augmenter le nombre d'étudiants : on y offrait entre autres aux enseignants un programme de formation selon la méthode Ward.

Les décennies 1960 et 1970 furent celle d'une expansion considérable de l'École. Suite aux rapports Lafrenière et Parent, elle s'appliqua à former davantage de professeurs de musique. Le dir. suivant, Lucien Brochu (1962-77), donna à l'école une dimension vraiment universitaire, notamment par un élargissement des programmes, dont celui de l'enseignement instrumental, ce qui amena une augmentation du nombre et de la qualité des élèves. En 1969, un studio de musique électroacoustique fut fondé par Nil Parent. Un laboratoire d'informatique-musique vit le jour en 1973 sous la direction de Martin Prével; on s'y intéressait plus particulièrement aux domaines de la recherche et de la formation auditive. Le laboratoire est maintenant un atelier indépendant. En 1974, le programme de deuxième cycle, qui correspondait jusqu'alors à la licence, fut remanié et prit le nom de maîtrise. Dans le domaine du jazz, un « stage band » fondé en 1972 par Robert Monette est dirigé depuis 1979 par Pierre Lessard. Un cours d'improvisation débuta en 1974 suivi d'un cours d'arrangement en 1975. En 1976, un groupe de professeurs en collaboration avec le service pédagogique universitaire fondèrent une équipe de recherche en formation auditive, une initiative coordonnée par Gilles Simard.

Avec Antoine Bouchard, dir. de 1977 à 1980, on a tenté de rééquilibrer les diverses disciplines instrumentales. En plus de l'atelier de musique contemporaine dont Paul Cadrin est le responsable, et du petit ensemble vocal, il existe plusieurs groupes actifs de musique d'ensemble dont s'occupent deux coordonnateurs, Chantal Masson pour les grands ensembles et Armand Ferland pour la musique de chambre. Jeanne Landry est responsable des classes d'accompagnement au piano. La chorale a été dirigée par Chantal Masson, l'ensemble de musique baroque par Scott Ross, Michel Ducharme et Friedemann Fischer, et l'orchestre de chambre par Abe Kniaz. L'orchestre d'harmonie est placé sous la direction de David Bircher, et Paul Gerrits s'occupe d'un ensemble de guitares. GIMEL, un groupe de musique électroacoustique dirigé par Nil Parent, a aussi été rattaché à l'école de même que le choeur de clarinettes avec Armand Ferland. Cet ensemble se produisit au Congrès international de la clarinette à Libramont, Belgique (1979). Certains ensembles ont participé à l'enregistrement de trois albums parus sous le titre de Musique à l'Université Laval (SNE 508, SNE 521 et SNE 561).

Avec les directeurs Pierre Thibault (1980-86), Joël Pasquier (1986-91) et Lucien Poirier (1991 -), l'École a pris davantage d'expansion pour satisfaire aux exigences toujours nouvelles du milieu. Ainsi, la classe de chant a-t-elle atteint un niveau d'excellence grâce notamment à la contribution de Louise André qui a mis sur pied un atelier d'opéra (1981); la direction a été confiée à Michel Ducharme qui, après avoir fait une brève carrière de gambiste, a obtenu un doctorat en chant de l'Université de Montréal, et la mise en scène à Marc Bégin qui a acquis son expérience en Europe. Friedemann Fischer, spécialiste de l'Auffürungspraxis de la Renaissance et du Baroque, dirige l'atelier de musique ancienne depuis ses débuts en 1968. Cet atelier, à la charnière entre l'enseignement, la pratique et la recherche, a bénéficié de collaborateurs tels Scott Ross, Pierre Bouchard, Hendrik Bouman; ce dernier a été adjoint de Fischer de 1987 à 1990.

Plusieurs ensembles ont fait carrière après s'être constitués à l'École, notamment l'Ensemble vocal Chantal-Masson, l'Ensemble vocal André-Martin et la Camerata vocale, dirigée d'abord par Arthur Wenk puis par Paul Cadrin. Le Quatuor Laval, comprenant quatre professeurs, s'est produit au Canada et à l'étranger depuis sa fondation en 1982.

Plusieurs projets de recherches subventionnés s'adressant aux étudiants de deuxième et de troisième cycles ont été mis sur pied : l'histoire de la musique au Québec selon la presse, de 1764 à 1918, sous la direction de Juliette Bourassa-Trépanier et de Lucien Poirier; l'histoire du plain-chant au Canada français, sous la direction de Jean-Pierre Pinson; l'élaboration de tests permettant de mesurer l'acquis, sous la direction de Raymond Ringuette; et l'évaluation en formation auditive, sous la direction de Gilles Simard. Chantal Masson a introduit en didactique instrumentale une méthode de pédagogie des cordes (violon et alto) basée sur l'acquisition de modèles de mouvements qui accélèrent l'apprentissage instrumental.

Au cours de son histoire, l'École a occupé de nombreux emplacements. Depuis 1979, elle loge dans l'ancien grand séminaire, rebaptisé pavillon Louis-Jacques-Casault en l'honneur du premier recteur de l'université. Y sont aménagés la salle Henri-Gagnon (350 places), trois salles de répétition pour orchestre, un laboratoire d'informatique musicale, un studio de musique ancienne qui possède une collection importante de répliques d'instruments anciens, deux studios de musique de chambre et un autre d'électroacoustique. Étudiants et professeurs disposent d'une bibliothèque (pour statistiques, voir Bibliothèques) qui partage, avec d'autres institutions de la Ville de Québec, le plus ancien fonds au Canada de musique imprimée. Elle possède en outre la quasi-totalité des thèses de doctorat en éducation musicale présentées en Amérique du Nord et une collection importante de partitions et enregistrements de musique canadienne. Gisèle Ricard est responsable d'un centre de documentation indépendant de la bibliothèque et spécialisé dans la didactique musicale et la musique contemporaine. En 1978, elle participa à la fondation de l'Assn de musique actuelle de Québec.

En 1990-91, 48 professeurs et 30 chargés de cours enseignaient à environs 220 étudiants au premier cycle, 78 au deuxième cycle et 17 au troisième cycle. On offrait à ces étudiants 5 programmes au niveau du baccalauréat : B.Mus. général, en interprétation, composition, éducation musicale et littérature ; 5 au niveau de la maîtrise : M.Mus. en musicologie, composition, éducation musicale, interprétation et didactique instrumentale; et 2 au niveau du doctorat : D.Mus. en éducation musicale et musicologie. De 1968 à 1989, l'École assura les cours de musique de niveau collégial au cégep de Sainte-Foy.

Au nombre des étudiants, à diverses époques, figurent Jean-Marie Beaudet, Maurice Blackburn, Jacinthe Couture, Hélène Fortin, Lyne Fortin, Raoul Jobin, Marthe Lapointe et Jules Payment. Ils ont reçu leur formation de professeurs tels Yves Bédard, Bruno Biot, Antoine Bouchard, Gustave Gagnon, J.-Alexandre Gilbert, Anna-Marie Globenski, Jacques Hétu, Jean-Paul Jeannotte, Arthur LeBlanc, Marthe Létourneau, Omer Létourneau, Roger Matton, Élise Paré-Tousignant, Lucien Poirier, Antoine Reboulot, Hidetaro et Zeyda Suzuki, et Robert Weisz.

L'Université Laval a décerné des D.Mus. h.c. à Gustave Gagnon, J.-Alexandre Gilbert, Arthur Lavigne et Joseph Vézina (1922), Robert Talbot (1933), Berthe Roy (1943), sir Ernest MacMillan (1947), Désiré Defauw, Raoul Jobin et Wilfrid Pelletier (1952), l'abbé Joseph-G. Turcotte (1960), François Brassard (1961), Léopold Simoneau (1973), Jon Vickers (1978), James De Priest (1980), Mstislav Rostropovich (1983), Maureen Forrester (1985), Charles Dutoit (1985) et Oscar Peterson (1985). Alors qu'elle était l'hôte du XIVe congrès de l'IFMC en 1961, elle a décerné des D.èsL. h.c. à Helen Creighton et Maud Karpeles ainsi qu'à Bertrand Harris Bronson, professeur à l'Université de la Californie, et à Claudie Marcel-Dubois, dir. du dépt d'ethnomusicologie au Musée national des arts et traditions populaires de Paris.

Plusieurs congrès et festivals de musique se sont tenus à la cité universitaire, tels que le colloque annuel du Conseil canadien de la musique (1979), le Festival international de guitare (1983), le colloque de l'ARMuQ (1986), le congrès de la Northern American Saxophone Alliance (1988), le congrès des Sociétés savantes (1989) dans le cadre duquel la SMUC tenait son colloque, ainsi que le Festival international de clarinette (1990).

L'École publie annuellement la revue Recherche en éducation musicale au Québec qui fut lancée en 1982 par Lucien Brochu sous le titre Cahiers d'information sur la recherche en éducation musicale ; Raymond Ringuette en dirige la publication depuis 1988. Les Presses de l'Université Laval (1950 -) ont notamment publié, dans le domaine de la musique, les vol. V à XXIII des Archives de folklore (1951-87) incluant les six volumes du Catalogue de la chanson folklorique française (1977-87) de Conrad Laforte; plusieurs autres études de Laforte sur la chanson folklorique; l'étude de Monique Vachon, La Fugue dans la musique religieuse de W.A. Mozart (1970); une traduction de l'anglais par des professeurs de l'École de l'ouvrage de l'Américain Bennett Reimer, Une philosophie de l'éducation musicale (1970); une étude sur Les Gravures.musicales dans l'Illustration (1843-1899) (1982) par Robert Cohen avec la collaboration de Sylvia L'Écuyer et Jacques Léveillé; La Danse traditionnelle dans l'est du Québec (1986) par Simonne Voyer; et le premier volume du Répertoire des données musicales de la presse québécoise (1990) sous la direction de Juliette Bourassa-Trépanier et Lucien Poirier. Un Guide de rédaction de travaux de recherche (1985, rév. 1990) par Claude Beaudry a été publié par la bibliothèque de l'université à l'intention des professeurs et étudiants de l'École de musique.

Voir aussi Archives, Archives de folklore, Grades.