Vidéo
Vidéo. Une des principales innovations dans l'exécution et la mise en marché de la musique pop dans les années 1980, le vidéoclip présente une version visuelle d'une chanson ou (plus rarement) d'une pièce instrumentale pop. Habituellement de la même durée que la chanson elle-même, le clip peut faire appel à une variété de démarches de représentation ou d'interprétation, seules ou mariées les unes aux autres, notamment des extraits d'exécutions réelles ou contrefaites, des scénarios complémentaires, des images résultant d'associations libres et des techniques d'animation. Parmi les antécédents possibles de ce genre figurent les scènes de spectacles dans les comédies musicales de Hollywood, les films de Walt Disney (Fantasia, par exemple) et, au Canada, les films d'animation de Norman McLaren. À la fin des années 1970, les maisons de disques utilisèrent les clips à des fins promotionnelles, en plus des exécutions en direct, pour familiariser davantage le public avec leurs artistes. En 1981, le poste MTV (Music Television) vit le jour au réseau de câblodistribution des États-Unis expressément dans le but de diffuser des vidéoclips. MuchMusic suivit au Canada en 1984, et sa contrepartie francophone, MusiquePlus, emboîta le pas en 1986. La télévision de la SRC a diffusé à son réseau national des émissions consacrées aux vidéoclips - notamment « Good Rockin' Tonight », créée en 1983, « Video Hits », inaugurée en 1984, et son pendant francophone « Vidéo Club », de 1984 également. À la fin de la décennie, rares étaient les nouvelles chansons pop lancées sans un clip correspondant destiné à la télévision, et MTV, MuchMusic et MusiquePlus concurrençaient la radio comme véhicules des derniers succès. En 1991, plus de 500 clips avaient été réalisés au Canada avec le soutien financier de VideoFACT (fondé par MuchMusic en 1984) ou de FACTOR. Les maisons de disques prévoient désormais automatiquement un budget (pouvant atteindre 60 000 $ par clip) à cette fin pour le lancement de chaque nouveau titre. Du milieu à la fin des années 1980, l'ascension de plusieurs vedettes pop canadiennes (Glass Tiger, Corey Hart et Mitsou, entre autres) doit énormément à la popularité des vidéoclips. La catégorie « meilleur vidéoclip » figure parmi les prix Juno depuis 1984, et parmi les trophées Félix depuis 1985. Les Junos ont décoré « Sunglasses at Night » de Corey Hart (1984, réalisé par Rob Quartly), « Criminal Mind » de Gowan (1985, Rob Quartly), « How Many Rivers to Cross » de Luba (1986, Greg Masuak), « Love is Fire » de Parachute Club (1987, Ron Berti), « Try » de Blue Rodeo (1988, Michael Buckley), « Boomtown » d'Andrew Cash (1989, Cosimo Cavallaro) et « Drop the Needle » de Fresh-Wes (1990, Joel Goldberg). Des trophées Félix sont allés à « Rumeurs sur la ville » de Michel Rivard (1985, réalisé par Louis Saïa et André Gagnon), « Le Feu sauvage de l'amour » de Rock et belles oreilles (1986, Michel Poulette), « Closer Together » de The Box (1987, Sean Mark), « Tourne la page » de René Simard (1988, Marc-André Chicoine et Pierre Savard), « Amère America » de Luc de Larochellière (1989, Gabriel Pelletier), « Tomber, tomber » de Laurence Jalbert (1990, Claude Grégoire) et « Je sais, je sais » de Marjo (1991, Lyne Charlebois). MuchMusic et MusiquePlus ont créé leurs propres prix de vidéo en 1990. Parmi d'autres réalisateurs canadiens de marque, citons Don Allen, Alain DesRochers, Dale Heslip, Philip Kates, Michael Rosen et Deborah Samuel. Quelques musiciens ont réalisé des vidéos, notamment Doug Bennett (de Doug and the Slugs), Jean-Marc Pisapia (The Box) et Lorraine Segato (Parachute Club).
Le format plus long, pour visionnement à la maison (vidéocassette), a servi à publiciser des recueils de vidéoclips (par exemple Reckless de Bryan Adams, Chronicles de Rush) ou des concerts en version intégrale (comme Triumph Live at the US Festival et plusieurs réalisations de Rush). Ce format a également servi de support pour la musique classique, notamment la présentation d'opéras.