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Homer Ransford Watson

Homer Ransford Watson, peintre (né le 14 janvier 1855 à Doon, Canada‑Ouest; décédé dans cette même ville le 30 mai 1936).
Porte d
Huile sur toile collée sur contre-plaqué, vers 1900-1901, de Homer Watsonde (avec la permission de la National Gallery of Canada/Musée des Beaux-Arts du Canada, Ottawa).

Homer Ransford Watson, peintre (né le 14 janvier 1855 à Doon, Canada‑Ouest; décédé dans cette même ville le 30 mai 1936). Homer Watson, dont les œuvres ont fait partie des collections de personnalités comme la reine Victoria et lord Strathcona, cofondateur du très influent Canadian Art Club et l’un des premiers présidents de l’Académie royale des arts du Canada, a été l’un des artistes canadiens à succès les plus accomplis de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

Formation, influences et début de carrière

Très tôt habité par le désir de devenir artiste, Homer Watson sollicite à cet effet les conseils de Thomas Mower Martin et déménage à Toronto en 1874. Là, il travaille à temps partiel avec John A. Fraser et Henri Perré au studio photographique Notman‑Fraser, copie des œuvres à la Toronto Normal School et rencontre d’autres artistes tels que Lucius O’Brien. À l’occasion d’un voyage à New York en 1876, il s’imprègne des influences du pionnier de l’école de Barbizon, George Inness, et de la Hudson River School.

Homer Watson déménage en Angleterre en 1887 où il réside pendant quatre ans. À Londres, il rencontre les peintres sir George Clausen et James Abbott McNeill Whistler et peut admirer le travail des artistes de l’école de Barbizon, notamment du Français Jean‑François Millet ainsi que du très influent peintre paysagiste britannique John Constable. Au cours d’un voyage au Canada en 1882, Oscar Wilde surnommera d’ailleurs Homer Watson le « Constable canadien ». Célèbre partout dans le monde à l’apogée de sa carrière, ce dernier développe un style paysagiste qui se caractérise par l’honnêteté du traitement et une attention aux caprices de la nature. Beaucoup de ses toiles représentent la campagne des environs de Kitchener, ses arbres, ses champs de céréales et ses bovins en train de paître; c’est le « pays de la frugalité » si cher au monde des pionniers.

Dès le début de sa carrière, les toiles de Homer Watson, souvent habitées d’une dimension mythique, se caractérisent par une grande méticulosité dans les détails et par une superbe luminosité. Old Mill and Stream, une œuvre de 1879, représente, au centre de la toile, un moulin aux côtés duquel un ruisseau sinueux s’écoule avec impétuosité. Sur l’un des côtés de l’image, on aperçoit, au premier plan, deux personnages et une carriole tirée par un cheval prête à s’engager entre des arbres d’une stature imposante. Une grande partie du tableau est peinte dans des tons terreux mats; toutefois, les arbres sont éclairés de l’arrière par la lumière du soleil et l’horizon se fond dans une masse lumineuse. À l’inverse, La falaise crénelée, une toile de 1879 tout en pénombre, dégage un sentiment d’oppression : deux arbres jaillissent sur la berge d’une rivière, bloquant le soleil couchant, alors que, sur la rive opposée, des arbres noueux se dessinent sur un ciel à la luminosité déclinante à l’avant d’une falaise, dont le relief bleu‑gris évoque les tourelles et les remparts d’un château médiéval, qui donne son titre à l’œuvre. Certaines de ses œuvres ultérieures sont plus ouvertement modernistes, empreintes d’un soupçon du type d’expressionnisme nordique romantique qui aura une importante influence sur les membres du Groupe des sept. Rushing Stream by Moonlight, un tableau de 1905, donne à voir un flot dont les eaux vives réfléchissant la lumière blanche de la lune semblent se précipiter au premier plan de l’image. Les arbres sur la rive, sombres et lugubres, ont l’air de tanguer, tandis que la lune paraît à peine visible dans une trouée de nuages au‑dessus de la ligne de crête des arbres d’une forêt en arrière‑plan. Dans Moonlight, Waning Winter, une œuvre de 1924, un arbre encore dénudé s’impose au premier plan du tableau; la lune dans le ciel, presque semblable à un soleil, est éclatante et diffuse sa lumière sur un paysage à moitié recouvert par la neige. Dans son travail ultérieur, le peintre s’éloigne d’une vision pastorale suridéalisée et par trop naïve de la nature.

Succès, maturité et héritage

Homer Watson commence à exposer en 1878, mais c’est l’achat de La vieille scierie pour la collection de la reine Victoria lors de la première exposition de l’Académie royale des arts du Canada de 1880 qui lui vaut une reconnaissance précoce. On peut d’ailleurs toujours admirer cette œuvre dans les parties privatives du château de Windsor. Avant la fin du siècle, Homer Watson réalise plusieurs grandes toiles : Un champ de blé en 1883, Porte d’écluse en 1900 et Après la pluie en 1883. Lord Strathcona, gouverneur général du Canada, James Ross, Oscar Wilde et de nombreux Canadiens aisés font partie de ses soutiens. En 1907, il crée, avec Edmund Morris, le Canadian Art Club, une association dont il assure la présidence jusqu’en 1911, dans l’espoir que des œuvres locales pourront remplacer des toiles européennes importées sur le marché canadien. Il occupe également les fonctions de président de l’Académie royale des arts du Canada de 1918 à 1921. En 2005, Postes Canada émet deux timbres représentant ses toiles Dans les Laurentides (1882) et Porte d’écluse (1900‑1901) pour célébrer le 150e anniversaire de sa naissance ainsi que le 125e anniversaire du Musée des beaux‑arts du Canada et de l’Académie royale des arts du Canada. Sa maison à Doon abrite aujourd’hui une galerie d’art qui expose plusieurs de ses œuvres ainsi que celles de l’École des beaux‑arts de Doon.