Watson, Wilfred
Wilfred Watson, poète, dramaturge et professeur émérite de littérature anglaise à l'U. de l'Alberta (Rochester, Angl., 1er mai 1911 -- Nanaimo, 25 mars 1998). Écrivain très novateur, il fait autorité dans le théâtre canadien des années 60. Ses vers en grille numérotée revêtent un caractère important pour la prosodie et les spectacles de poésie. Son premier ouvrage, Friday's Child (1955), remporte le British Council Award et le Prix du Gouverneur général pour la poésie. Un imaginaire mythologique, littéraire et religieux, de même qu'une énergie intense marquent toute son oeuvre.
Dans les années 60, il se tourne vers le théâtre et écrit 10 pièces, surtout en vers, dont l'influence est immédiate et considérable. Parmi ces pièces, on trouve : Cockrow and the Gulls, créée en 1962; O Holy Ghost DIP YOUR FINGER IN THE BLOOD OF CANADA and write, I LOVE YOU, 1967; Lets murder Clytemnestra, according to the principles of Marshall MCLUHAN, 1969. Watson est très proche de Marshall MCLUHAN et ils ont écrit ensemble From Cliché, to Archetype (1970; trad. Du cliché à l'archétype : la foire du sens, 1973). Selon Watson, l'univers du multimédia engendre une conscience multidimensionnelle et exige donc un théâtre « radicalement absurde », où des « multi-environnements » remplacent l'action et le milieu réalistes. Son oeuvre consiste en grande partie en allégories politiques.
Dans les années 70, il revient à la poésie et publie The Sorrowful Canadians (1972), qui juxtapose des polices de caractère, des refrains et des « voix ». Dans I Began with Counting (1978) et Mass on Cowback (1982), il met au point le vers en grille numérotée : il utilise une grille verticale de 9 chiffres, avec 17 emplacements pour des mots, des syllabes ou des syntagmes. En superposant les grilles, il obtient une « partition » pour l'interprétation de poèmes à plusieurs voix; ces poèmes existent non pas sur la page, mais dans la transformation de la forme visuelle à la forme auditive. Son ouvrage Gramsci x 3 (publié en 1983, produit en 1986), bien qu'il soit en partie un « docudrame », se caractérise par l'absurde, l'expérimentation permanente de diverses formes de vers, l'alternance de la satire et du lyrisme, ainsi que par une énergie et une exaltation qui transcendent l'horreur décrite dans l'ouvrage.
Collected Poems (1986) et Plays at the Iron Bridge (1989) rassemblent ses oeuvres les plus importantes. Cinq de ses nouvelles, toutes des allégories, sont réunies dans The Baie Comeau Angel and Other Stories (1993). Ses manuscrits sont conservés dans le fonds d'archives de l'U. de l'Alberta. Watson était l'époux de l'illustre romancière Sheila WATSON.