Windsor, Ontario,
ville constituée en 1892, population de 217 188 habitants (recensement de
2016), de 210 891 (recensement de 2011). Windsor, ville la plus méridionale du
Canada, est située en bordure de la rivière Detroit à l’extrême sud-ouest de la
province. Elle se trouve directement au sud de Detroit, dans la riche péninsule
agricole située entre les lacs Érié et Sainte-Claire, et est chaque année la porte d’entrée
de millions de visiteurs au Canada.
Peuplement
Des
missionnaires jésuites et des explorateurs français explorent la région au 17e siècle.
Une colonie permanente s’y établit à la suite de la fondation de Detroit par Antoine
Laumet de Lamothe Cadillac. En 1749, les premières terres sont concédées. Dans
les années 1780, des loyalistes de langue anglaise viennent s’ajouter
aux colons français. À l’époque de la colonisation européenne, les Premières Nations
vivant dans la région de Windsor sont la Confédération des Trois Feux (ojibwé, odawa et potawatomi)
et les Hurons-Wendats.
Pour ouvrir la région située entre les lacs Érié et
St.
Clair à la colonisation, le gouvernement colonial britannique demande à un
agent indien de Detroit, Alexander McKee, de négocier un traité. Ce traité,
connu sous le nom d’achat de McKee, est signé en 1790. En échange des terres,
les Britanniques donnent aux Ojibwés, aux Odawas, aux Potawatomis et aux
Hurons-Wendats signataires des biens d’une valeur de 1 200 livres.
Vers 1820,
l’introduction de bateaux à vapeur sur le lac Érié, l’ouverture du canal Érié
et du canal Welland ainsi que le service régulier de
transport du courrier en provenance de l’est encouragent la colonisation vers l’ouest.
La liaison par traversier avec Detroit mène à la formation d’un hameau à
proximité de l’embarcadère, connu successivement sous les noms de The Ferry, de
Richmond et de South Detroit. En 1836, la communauté s’entend avec les
associations loyaliste et britannique locales pour lui donner le nom de
Windsor.
Développement
Le village
est officiellement constitué en 1854, au moment de l’arrivée de la Great Western Railway. Quatre ans plus tard, elle acquiert
le statut de ville. Au départ, des obstacles y entravent le commerce international
et les déplacements. Par exemple, il y a l’enjeu de l’écartement des rails, qui
n’est pas le même qu’aux États-Unis. Cependant, à compter des années 1860,
la standardisation des écartements et la mise en service d’énormes traversiers
pouvant transporter des trains entiers permettent aux marchandises et aux
voyageurs de traverser directement la rivière. À cette époque, Windsor est
aussi devenue un centre de services pour toute la région agricole avoisinante.
En 1910, le réseau ferroviaire est parachevé avec l’ouverture d’un tunnel sous
la rivière.
L’activité
industrielle commence en amont, à Walkerville. Constituée en 1890, Walkerville
est une ville de compagnie construite par Hiram Walker autour
de sa distillerie. En 1904, la Ford Motor Company of Canada s’établit juste à l’est
de la distillerie. Ainsi commence l’industrie qui deviendra plus tard le moteur
économique de la région. (Voir Industrie
automobile.) Durant tout le début du 20e siècle, Ford,
General Motors, Chrysler et de nombreux constructeurs d’automobiles et de
pièces oubliés depuis longtemps contribuent à faire de la région la « capitale
de l’automobile de l’Empire britannique ».
Grâce aux
centaines de compagnies américaines qui profitent des politiques douanières
avantageuses, la région connaît une prospérité et un optimisme inégalés. La
nouvelle ère de l’automobile est couronnée par l’inauguration du pont
Ambassador en 1929, le plus long pont suspendu entre deux pays au monde, et du
tunnel Detroit-Windsor en 1930, alors le seul tunnel routier international au
monde.
Paysage urbain
Le mode
français de division des terres favorise l’échelonnement de la colonisation le
long de la rivière Detroit. Au fil du temps, des villages naissent (par
exemple, Sandwich) ou se regroupent autour d’un lieu d’activité. C’est le cas
de Windsor et de son quai de traversier, de Walkerville et de sa distillerie et
de Ford City avec une usine de construction d’automobiles. La transformation de
l’assise industrielle par l’industrie de l’automobile entraîne une croissance
rapide de la population, qui à son tour accroît les demandes visant à
administrer la région métropolitaine comme une seule entité.
Des plans
de zonage, l’embellissement des berges et d’autres aménagements urbains sont
mis de côté au profit de ceux dont la priorité consiste à reconstruire l’assiette
fiscale de la ville et à créer des emplois. Ce développement à tout prix,
dépourvu de vision, se traduit par un constat décevant en ce qui a trait à l’aménagement
des rives, mais la communauté a tiré la leçon de ses erreurs. De nos jours,
elle manifeste un engagement accru envers les berges et leur protection.
Population
La
population de Windsor croît de 21 000 en 1908 à 105 000 en 1928. Cette
augmentation est presque entièrement attribuable à l’offre d’emploi au sein de
l’industrie de l’automobile. Les travailleurs sont jeunes, et ce sont surtout
des hommes, dont un fort pourcentage d’étrangers. Les possibilités d’emploi à
Detroit constituent un autre attrait. En 1927, plus de 15 000 résidants de
Windsor y travaillent. Pendant la crise des années 1930, le chômage touche 30 pour cent de
sa population active. L’immigration s’interrompt également et des habitants
quittent la région.
La
production de matériel de guerre pendant la Deuxième
Guerre mondiale et la demande d’automobiles dans l’après-guerre engendrent
l’amélioration de l’emploi et l’accroissement de la population. De 1953 à 1962,
toutefois, le nombre des travailleurs de l’automobile diminue de près de
moitié. En 1965, à la suite de la signature du Pacte de l’automobile,
le chômage est en baisse, et l’immigration augmente. Les immigrants italiens
constituent le groupe le plus important de l’après-guerre. Aujourd’hui, un
grand pourcentage des habitants de Windsor s’identifient comme étant Français
(20,8 %), selon le recensement de 2016. Les deux autres ethnies les plus
souvent citées sont canadienne (24,7 %) et anglaise (18 %). Windsor
compte également une importante population de personnes racisées. Selon Statistique Canada, 26,9 %
de la population de Windsor en 2016 font partie d'une minorité visible. Les Arabes, les Noirs
et les Asiatiques du Sud constituent les groupes racisés les plus importants. En outre, 2,6 % des habitants de
Windsor s’identifient comme étant Autochtones.
Économie et main-d’œuvre
Depuis sa
création, l’industrie
de l’automobile donne le ton en ce qui a trait à la structure des salaires
et de l’emploi dans la région de Windsor. Bien que Chrylser et Ford continuent
à investir massivement dans la ville, General Motors a fermé son usine de
transmission de Windsor en 2010. Cette fermeture a marqué la fin d’une présence
de plus de 90 ans dans la ville.
Malgré le
départ de General Motors, l’industrie manufacturière
continue de dominer l’économie locale. En 2016, plus de 20 % de la main-d’œuvre
employée à Windsor travaille dans le secteur manufacturier. En plus de la
fabrication automobile, les entreprises basées à Windsor produisent des
machines, des plastiques, du caoutchouc et des produits métalliques
manufacturés.
Les secteurs
de la construction, des transports, du commerce et des services emploient
également une main-d’œuvre considérable. L’industrie de l’alimentation et des
boissons s’occupe surtout de la transformation de produits agricoles régionaux.
L’entreprise la plus connue dans ce domaine est la Hiram Walker and Sons, qui
fabrique le whisky J. P. Wiser. Windsor est aussi l’un des centres ontariens du
tourisme et des congrès.
Transports
Située au cœur
de l’Amérique du Nord, Windsor est un centre des transports et le poste
frontalier terrestre le plus achalandé au Canada. Windsor est un port en eau
profonde situé presque au centre de la voie maritime du Saint-Laurent. La ville compte aussi l’Aéroport
international de Windsor.
Administration et
politique
En 1918, le
mouvement syndical fait son entrée dans la politique municipale. La section
locale du Congrès des métiers et du travail propose une liste de candidats qui
remporte le tiers des sièges au conseil municipal. L’activisme syndical atteint
son apogée en 1935 lors de l’élection à titre de maire de George Bennett. Bennett
est un syndicaliste et membre de la Co-operative Commonwealth Federation (CCF).
À Windsor, l’influence des syndicats est contrecarrée par deux maires libéraux
remarquables, David Croll et Arthur Réaume. Ces derniers dominent la politique
locale de 1930 à 1954.
Le
gouvernement actuel de Windsor est composé d’un maire et de dix conseillers.
Chaque conseiller représente un quartier. Comme d’autres municipalités de l’Ontario,
Windsor organise des élections municipales tous les quatre ans.
Vie culturelle
Les centres
des arts du spectacle de Windsor comprennent le Capitol Theatre, qui abrite l’orchestre
symphonique de Windsor, et le Chrysler Theatre du St. Clair College Centre for
the Arts, qui abrite le Windsor Light Music Theatre. Le patrimoine
architectural varié comprend le Hiram Walker Historical Museum, le Mackenzie
Hall et le Willistead Manor.
L’enseignement
supérieur à Windsor débute en 1857 par la fondation de l’Assumption College.
Celui-ci devient L’Université de Windsor en 1962. Windsor compte aussi le
campus principal de St. Clair College of Applied Arts and Technology.
Le
Windsor-Detroit International Freedom Festival souligne les liens particuliers
qui unissent ces deux villes frontalières. Cette semaine d’activités et de
manifestations communes culmine dans un gigantesque feu d’artifice sur la
rivière Detroit. Windsor possède un quotidien important, le Windsor
Star, propriété de Postmedia Network.