Aiyyana Maracle, artiste pluridisciplinaire haudenosaunee, performeuse, conteuse et éducatrice (née le 25 novembre 1950 dans la réserve des Six Nations de la rivière Grand, en Ontario; décédée au même endroit, le 24 avril 2016). Femme autochtone et transgenre, Aiyyana Maracle a créé un art centré sur la décolonisation du genre. Son travail a été acclamé par la critique et a exercé une grande influence. On croit qu’elle est la première femme autochtone à avoir reçu le prix John Hirsch, un prestigieux prix national pour les metteurs en scène de théâtre canadiens émergents.
Jeunesse et formation
Aiyyana Maracle naît près d’Ohsweken, en Ontario. Elle est un des six enfants de Kitty et Leonard Maracle. Le sexe masculin lui est assigné à sa naissance. Sa famille est chassée de la réserve parce que son père n’a pas le statut d’Indien. Sa famille déménage alors aux États-Unis, et Aiyyana Maracle grandit à Rochester et à Buffalo, dans l’État de New York. Les parents d’Aiyyana Maracle s’efforcent tous deux de s’assimiler à la culture blanche américaine prédominante du nord-ouest de l’État de New York, ce que Aiyyana considère comme une indispensable stratégie de survie. Malgré tout, elle maintient son identité autochtone et résiste à la tentative d’assimilation.
Avec le temps, Aiyyana Maracle s’éloigne de sa propre famille. Elle vit à différents endroits, notamment à Montréal, Vancouver, Toronto, et en territoire chippewa. Elle se marie deux fois et a des enfants avant d’entreprendre sa transition de genre d’homme à femme en 1990, à l’âge de 40 ans.
Carrière artistique
Les œuvres et performances d’Aiyyana Maracle remettent en question l’universalité de la conception binaire du genre. L’artiste soutient qu’il s’agit d’un concept importé d’Europe. Dans beaucoup de cultures autochtones, le concept de genre est fluide et représente une composante de la société et de la sexualité. L’identité de genre tend à s’écarter de la conception binaire dans les cultures autochtones. Aiyyana Maracle considère son travail comme un processus de décolonisation. Son œuvre reflète les transformations qu’elle a connues au cours de sa vie. Aiyyana Maracle considère sa vie comme « un voyage dans le genre ».
De 1992 à 2015, Aiyyana Maracle se produit dans plusieurs performances. Une de ses plus connues, Gender Möbius (1995), est présentée dans le cadre d’un projet multidisciplinaire appelé Halfbreed. Le projet s’intéresse aux perspectives des personnes transgenre ou ayant une identité mixte blanche et autochtone. Une autre performance, ndn wars are alive and … well? (2006-2010) contient une vidéo en boucle qui commente la colonisation et la dépossession territoriale au Canada. Death in the Shadow of the Umbrella (2015) explore l’invisibilité des femmes transgenre autochtones dans la culture populaire. Excellente couturière, Aiyyana Maracle confectionne elle-même les costumes de ses performances.
En 1992, Aiyyana Maracle commence à organiser des festivals artistiques queer et autochtones, notamment The Queer Series/Two Spirit Festival (1993) et women @ the front (2003). Elle participe aussi à la conférence Indian Acts: Aboriginal Performance Art en 2002.
Outre ses performances, Aiyyana Maracle rédige des articles et des essais sur les thèmes de l’identité autochtone et du genre. Son spectacle solo Chronicle of a Transformed Woman (2000) est centré sur son utilisation de la médecine autochtone pour contribuer à la transition, qui devient le sujet d’un mémoire qu’elle publie en 2000.
Aiyyana Maracle a été professeur invitée dans différentes institutions canadiennes, dont l’Université Concordia et l’Emily Carr Institute of Art + Design. Elle a reçu une maîtrise en beaux-arts de Goddard College en 2005. En 2006, elle a accepté un poste de professeur invité non rémunéré à l’Université McGill.
Dans une carrière qui s’est étendue sur plus de 20 ans, Aiyyana Maracle a voulu utiliser son art pour faire découvrir sa culture autochtone au grand public. Elle a développé sa propre vision et sa propre voix dans le monde de l’art contemporain. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions au pays et sur la scène internationale.
Vie ultérieure
Aiyyana Maracle reçoit une chirurgie d’affirmation du genre à Bruxelles, en Belgique, en 2010. La même année, elle revient dans la réserve des Six Nations de la rivière Grand, où elle vit avec un de ses enfants. Pendant la plus grande partie de sa vie adulte, Aiyyana Maracle est aux prises avec la dépression et le trouble de stress post-traumatique, et se soigne avec une combinaison de médication et de thérapie.
Aiyyana Maracle était grand-mère et plusieurs fois arrière-grand-mère. Elle s’est efforcée de préserver le rôle traditionnel de leader communautaire des grand-mères. En 2012, elle a co-animé un groupe de soutien par les pairs appelé Gender Journey, situé à Brantford, Ontario, et administré par le Grand River Community Health Centre.