Allan Selwyn Bundy, pilote (né en 1920, à Dartmouth, en Nouvelle‑Écosse; décédé le 9 décembre 2001, à Toronto, en Ontario). Allan Bundy est l’un des deux pilotes de combat noirs canadiens connus de la Deuxième Guerre mondiale. Il a servi dans l’Aviation royale canadienne (ARC) et, selon le registre des opérations du 404e Escadron, a effectué 28 missions de combat.
Jeunesse et formation
Allan Bundy est l’aîné de trois garçons et d’une fille, nés de William Henry et Ruth Bundy. Son père, William, sert dans le 2e Bataillon de construction au cours de la Première Guerre mondiale. (Voir aussi Volontaires noirs dans le Corps expéditionnaire canadien.) Carl, le frère d’Allan Bundy, servira tout comme Allan dans l’ARC pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Allan Bundy fréquente la Dartmouth High School où il excelle dans le sport, pratiquant notamment le saut à la perche et décrochant des titres de champion junior sur le demi‑mile et le mile. (Voir aussi Athlétisme.) Ses capacités athlétiques et ses prouesses scolaires lui valent une bourse d’études de l’Imperial Order Daughters of the Empire. Il étudie deux ans à l’Université Dalhousie, où il se spécialise en chimie, avec comme objectif de devenir médecin.
En 1942, Allan Bundy quitte l’Université Dalhousie et commence à travailler comme porteur pour les Chemins de fer nationaux du Canada. Le 13 janvier 1942, il épouse Marie Della Kane. Plus tard, cette année‑là, il s’enrôle dans l’ARC.
Engagement dans l’ARC
Peu de temps après le début de la guerre, Allan Bundy tente, avec un ami, de s’enrôler dans l’ARC. À l’époque, les politiques de l’ARC empêchent l’enrôlement des Canadiens d’origine asiatique et des Canadiens noirs. (Voir aussi Racisme anti‑Asiatiques au Canada et Racisme anti‑Noirs au Canada.) De fait, alors que son ami blanc est accepté, lui‑même est rejeté parce qu’il est noir. Plus tard, lorsqu’il reçoit un avis de conscription, il choisit de l’ignorer. Quand un agent de la GRC se présente ultérieurement à son domicile pour faire respecter l’ordre de mobilisation, il lui demande pourquoi il devrait intégrer l’Armée, alors qu’on a jugé qu’il n’était pas assez bon pour se joindre à l’ARC. L’agent de la GRC se rend à ses raisons. L’ARC ayant, à ce moment‑là, levé les barrières raciales à l’enrôlement, Allan Bundy se rend à nouveau au centre de recrutement.
Formation à l’ARC
Allan Bundy s’enrôle dans l’ARC le 17 juin 1942, espérant devenir pilote ou navigateur. Il suit une formation de base au dépôt des effectifs no 5, à Lachine, au Québec, le 19 août. Il poursuit ensuite cette formation de base à l’École de pilotage militaire no 9 de Centralia, en Ontario. Comme la plupart des candidats en attente d’une formation de pilote, il accomplit des tâches subalternes jusqu’à ce qu’une place se libère dans une école de formation initiale spécialisée. Il commence sa formation de pilote à l’École de formation initiale no 1, à Toronto, où il apprend les bases de l’aviation et où il passe des examens pour déterminer ses capacités à suivre une formation complémentaire pour devenir pilote. Il obtient son diplôme le 30 décembre 1942, ce qui lui vaut désormais le grade d’aviateur‑chef.
Allan Bundy est ensuite affecté à l’École élémentaire de pilotage no 7, à Windsor, en Ontario, pour commencer sa véritable formation de pilote. Au cours de son vol en solo, son avion décroche et s’écrase d’une altitude de 250 pi. Il est grièvement blessé et passe un mois à l’hôpital, ce qui ne l’empêche pas de se qualifier pour la phase suivante de sa formation.
Le 15 mai 1943, Allan Bundy commence à s’entraîner à l’École de pilotage militaire no 14, à Aylmer, en Ontario, une unité spécialisée dans les appareils bimoteurs, où il apprend les subtilités du vol militaire. Il obtient son diplôme le 3 septembre et reçoit le très convoité brevet de pilote de l’ARC. En raison de son classement élevé à sa sortie de l’école, il est nommé officier‑pilote, soit un grade équivalent au grade contemporain de sous‑lieutenant d’aviation.
Le 19 septembre 1943, l’officier‑pilote Allan Bundy est affecté à l’École Générale de Reconnaissance (GRS) no 1, à Summerside, à l’Île‑du‑Prince‑Édouard, pour suivre une formation spécialisée aux opérations de patrouille maritime. En novembre, il se rend en visite à Dartmouth, où il est chaleureusement accueilli par la communauté noire. Le révérend W.P. Oliver lui rend hommage, tandis que la communauté noire de Halifax‑Dartmouth lui fait don d’une montre. Un autre militaire noir, le maître Piercy Haynes, de Winnipeg, qui sert dans la Marine royale canadienne, à Halifax, assiste également à cet événement. Après avoir obtenu son diplôme de la GRS no 1, le pilote néo‑écossais est envoyé en Europe, arrivant en Angleterre le 14 février, à l’issue d’une période de congé.
Europe
Une fois en Angleterre, l’officier‑pilote Allan Allan Bundy doit suivre une formation de perfectionnement de pilote pour se mettre au courant des dernières procédures opérationnelles. À l’issue de cette formation, il est envoyé dans une unité de formation opérationnelle, où il doit trouver un navigateur avec lequel faire équipe. Les deux hommes doivent ensuite s’entraîner ensemble pour former un équipage le plus efficace possible. Bien que cette opération prenne plus de temps que prévu, le nouvel officier‑pilote s’associe finalement avec le sergent de section Elwood Cecil Wright, de l’Ontario. Tous deux se forment ensuite aux toutes dernières techniques opérationnelles utilisées lors des missions de frappe antinavires.
Le 27 septembre, le lieutenant d’aviation Allan Bundy et le sergent de section Wright arrivent au 404e Escadron (Buffalo), stationné à la base aérienne de la RAF, à Dallachy, en Écosse. Cette unité a pour mission de mener des attaques antinavires au large des côtes norvégiennes, mais également d’effectuer des patrouilles anti‑sous‑marines et des vols de reconnaissance armés. Le 404e vole sur des Bristol Beaufighter TF.X armés de canons et de roquettes.
Allan Bundy et Elwood Wright doivent, dans un premier temps, apprendre les procédures propres au 404e Escadron et maîtriser les conditions de vol dans la région. À l’issue de cette période d’apprentissage, ils sont pleinement opérationnels le 8 octobre. Leur première mission opérationnelle a lieu le 15 octobre, lorsque leur escadron envoie 12 appareils, dans le cadre d’une formation aérienne plus importante ayant pour mission d’attaquer un pétrolier et un navire de guerre allemands. À l’issue de l’attaque, les deux bâtiments ennemis sont coulés, Alan Bundy ayant réussi à atteindre le pétrolier avec ses roquettes.
Ce type d’opération de grande envergure est relativement habituelle pour les escadrons antinavires. Outre le 404e Escadron avec ses roquettes et ses canons, ces formations comprennent des chasseurs de protection pour la défense contre les attaques aériennes ennemies, un avion « antiFlak » (la Flak est la défense antiaérienne de l’armée de l’air allemande) pour tenter d’affaiblir les tirs défensifs intenses, des avions porteurs de torpilles ou d’autres appareils porteurs de roquettes, et souvent un aéronef de recherche et de sauvetage susceptible de larguer un canot de sauvetage à destination de tout équipage qui aurait été abattu. Tous ces éléments s’avèrent nécessaires, tant ces missions sont dangereuses. Le 9 février 1945, par exemple, six des Beaufighters du 404e Escadron sont abattus.
Le lieutenant d’aviation Allan Bundy prend part à 28 missions de combat au cours de la guerre, n’étant contraint de faire le chemin du retour plus tôt que prévu qu’en une seule occasion. Outre la mission du 15 octobre, il participe, avec le pilote‑officier Wright (nommé officier le 14 octobre 1944), à cinq autres missions d’attaque contre des bâtiments ennemis.
Le 1er avril 1945, le 404e Escadron change ses appareils et vole désormais sur des Mosquito De Havilland. Alan Bundy et Elwood Wright passent les trois semaines suivantes à apprendre à maîtriser leur nouvel avion. L’escadron est à nouveau opérationnel le 22 avril. Les deux hommes ne peuvent, par la suite, effectuer que deux autres missions, toutes deux après la fin de la guerre : le 12 mai, ils font partie de l’escorte aérienne d’une force navale transportant en Norvège des personnalités de premier plan et le 22 mai, ils mènent une mission sur la côte norvégienne pour rendre compte de la météo, permettant ainsi à deux escadrons de Supermarine Spitfire de la Royal Norwegian Air Force de voler jusqu’en Norvège.
Le 404e Escadron est dissous le 25 mai et lance, à la fin du mois de mai, les préparatifs du retour de son personnel au Canada. Le 9 juillet 1945, le lieutenant d’aviation Allan Bundy est rapatrié au Canada, avant d’être libéré le 17 août, à Toronto.
Après sa libération de l’armée, Allan Bundy continue à vivre et à travailler à Toronto. Il est membre de la filiale Baron Byng de la Légion royale canadienne et du Whitevale Golf Club, à Pickering. Il décède le 9 décembre 2001 des suites d’une longue maladie.
Importance
Allan Bundy et sa famille ont démontré le désir des Canadiens noirs de servir leur pays en temps de guerre. Il a été l’un des premiers Canadiens noirs à être nommé officier dans l’ARC. Il a démontré, à tous ceux avec lesquels il a volé, que les Canadiens noirs pouvaient être tout aussi fiables dans les airs que n’importe quel autre combattant. À son époque, ce qu’il a accompli était particulièrement rare; il était en effet l’un des deux seuls pilotes noirs canadiens connus à avoir volé au combat, l’autre, Junius Lyman Edward Hokan, ayant été tué en septembre 1942.