Angela Sidney (Stóow Ch’óonehte’ Máa) | l'Encyclopédie Canadienne

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Angela Sidney (Stóow Ch’óonehte’ Máa)

Angela Sidney (née Johns), (Stóow Ch’óonehte’ Máa), C.M, aînée autochtone, conteuse, autrice (née le 4 janvier 1902 près de Carcross, au Yukon; décédée le 17 juillet 1991 à Whitehorse, au Yukon). De descendance tagish et tlingit, Angela Sidney a été l’une des dernières personnes à parler couramment la langue tagish. Étant conteuse, Angela Sidney a enregistré et préservé les histoires, les traditions, les langues, les noms d’endroits, et les généalogies de son peuple. Elle a été la première femme autochtone du Yukon à être nommée membre de l’Ordre du Canada.

Jeunesse

Angela Johns naît le 4 janvier 1902 près de Carcross, dans le sud du Yukon. À sa naissance, on lui donne trois noms : un nom tlinglit, Stóow; un nom tagish, Ch’óonehte’ Máa; et un nom anglophone, Angela. Elle fait partie du clan tagish Deisheetaan (Crow) du côté de sa mère, Ła.oos Tláa Ḵaax’anshée’s (aussi connue sous le nom de Maria), et du clan Daḵl’aweidí (Wolf moiety) du côté de son père, Ḵaajinéek’ Haandeyéił (aussi connu sous le nom Tagish John). Ses parents perdent leurs quatre premiers enfants dans une série d’épidémies avant la naissance d’Angela, et elle et ses frères et sœurs sont le deuxième groupe d’enfants du couple. La famille voyage à travers les terres du sud du Yukon. Ils vivent dans les communautés de Tagish et de Carcross au cours de leurs déplacements pour le camping, le piégeage et le travail.

En tant que fille aînée survivante, Angela Johns s’occupe souvent de sa mère qui souffre d’une maladie récurrente après avoir contracté la rougeole en 1898. Angela Johns fréquente brièvement le pensionnat indien Chooutla, mais son père la retire du pensionnat avec son frère, après le décès de leur sœur au pensionnat. (Voir aussi Pensionnats indiens au Canada.) Avec sa mère, elle apprend les techniques de guérison traditionnelle et apprend la médecine occidentale grâce à un manuel de médecine que son frère lui donne. Elle utilise ses connaissances par la suite alors qu’elle travaille comme infirmière durant les épidémies qui ravagent sa communauté. (Voir aussi Santé des Autochtones au Canada.)

Alors qu’elle est enfant, Angela Johns apprend les traditions et les histoires de ses ancêtres tagish et tlingit par ses parents, ses oncles et tantes, qui lui parlent dans leur langue maternelle. (Voir aussi Langues autochtones au Canada.) Tout au long de sa vie, elle doit garder un équilibre entre ce qu’elle connaît des anciens modes de vie et la réalité du présent changeant. Le fait de ne pas recevoir son nom potlatch fait partie de cette nouvelle réalité.

Mariage et vie de famille

À 14 ans, Angela Johns épouse George Sidney (également connu sous le nom Keshduk Gweix Tleixteen), un homme tlingit du clan Yanyedi, qui a deux fois son âge. George Sidney est cantonnier pour le chemin de fer White Pass & Yukon Route, et il devient éventuellement chef de Carcross pendant trois ans. Le couple s’est marié selon leur manière traditionnelle, mais les membres de l’Église anglicane les persuadent de faire une deuxième cérémonie à l’église l’année suivante. Pendant un certain temps après leur mariage, le couple vit avec les parents d’Angela, et celle-ci continue à s’occuper du foyer et à élever ses frères et sœurs plus jeunes. Le premier enfant du couple naît en 1917. De leurs sept enfants, seuls trois survivent à l’enfance. Angela Sidney parle le tlingit avec son mari et avec leurs enfants, car George ne parle pas le tagish. Elle s’efforce d’élever ses enfants dans un équilibre d’anciennes et de nouvelles traditions.

Langue tagish

Angela Sidney parle couramment le tagish, le tlingit et l’anglais, et elle connaît un peu de tahltan, de tutchoni du sud, et de kaska. Elle comprend et parle le tagish jusqu’à l’âge de cinq ans, mais utilise par la suite le tlingit et l’anglais. Elle est l’une des dernières personnes à pouvoir parler couramment la langue tagish. Plus tard dans sa vie, elle a déploré sa perte de la maîtrise de sa langue parce qu’il n’y avait personne avec qui elle pouvait la parler.

La langue tagish est utilisée dans la région des lacs du sud du Yukon. À l’époque où Angela Sidney est née, quelques centaines de personnes parlaient le tagish, mais ce nombre baisse en raison d’un afflux de personnes parlant le tlingit et l’anglais dans la région. La perte de la langue est également aggravée par le fait que les enfants sont envoyés dans les pensionnats indiens, où on leur interdit de parler dans leur langue maternelle. De nos jours, il ne reste que quelques personnes capables de parler en partie la langue.

« Je n’ai pas d’argent à léguer à mes petits-enfants. Mes histoires sont ma richesse. »— Angela Sidney.


Récits

Après la mort de George en 1971, Angela Sidney voyage dans le sud-est de l’Alaska, et visite les terres de ses ancêtres tlingit. Elle ne veut pas que la culture et les traditions de son peuple disparaissent et elle commence à enseigner leurs histoires dans les écoles. Les récits d’Angela Sidney sont enracinés dans les histoires des clans, et il est nécessaire d’avoir une compréhension des liens de parenté pour comprendre ces histoires, et vice versa. Certains des récits racontés par Angela relatent les événements et les histoires de sa famille et de son peuple, comme la découverte de la ruée vers l’or du Klondike par les membres de sa parenté Keish (Skookum Jim), Shaaw Tláa (Kate Carmack), et Káa Goox (Dawson Charlie). Avec les autres, elle utilise des récits traditionnels pour donner un sens aux événements actuels. Elle utilise des récits pour expliquer aux enfants la raison pour laquelle les choses sont faites d’une certaine manière et pour leur donner des leçons. Pour Angela Sidney, ces histoires dépeignent des valeurs que l’on doit s’efforcer d’avoir, et elle déclare : « j’ai essayé de vivre ma vie de la bonne manière, tout comme dans un récit ».

Publications

Angela Sidney a travaillé avec des linguistes et des anthropologues pour préserver les langues et les cultures des peuples tagish et tlingit. Elle a travaillé en étroite collaboration avec l’anthropologue Julie Cruikshank sur plusieurs projets. En 1980, Angela Sidney et Julia Cruikshank ont voyagé à travers le sud du Yukon, et ont enregistré des noms de lieux en tagish et en tlingit. Elles ont enregistré 230 noms sur 130 lieux. Dans certains cas, Angela Sidney n’avait pas remis les pieds dans ces endroits depuis des décennies. Ces visites ont également révélé des histoires de personnes associées à ces lieux, ce qui a été utilisé pour créer des listes de clans et des généalogies. Les récits d’Angela Sidney ont été enregistrés sur bandes et transcrits, et elle a publié des ouvrages sur les histoires tagish, sur l’histoire de sa famille, et sur les noms des lieux.

Vie ultérieure et legs

En 1985, Angela Sidney prend la parole au Toronto Festival of Storytelling. Son voyage à Toronto, et le fait qu’elle doive voyager si loin pour parler devant un large public, lui inspire la création du Yukon International Storytelling Festival, ce qui offre des occasions dans le nord du Canada. Le premier festival a lieu en 1988, avec des conteurs qui présentent des récits dans 23 langues différentes. Ce festival se déroule jusqu’en 2010.

En 1985, Angela Sidney est nommée membre de l’Ordre du Canada pour son travail consistant à préserver et enseigner les langues, les cultures et les traditions tagish et tlingit. Elle est la première femme autochtone du Yukon à recevoir cet honneur.

Angela Sidney meurt le 17 juillet 1991 à Whitehorse. On se souvient d’elle pour son importante contribution à la préservation de la langue et de la culture tagish. Après son décès, l’aînée autochtone de Carcross, Lucy Wren, poursuit son travail de préservation de la langue en enseignant le tagish et le tlingit. La vie et l’œuvre d’Angela Sidney sont commémorées par un buste et une plaque érigés à Whitehorse en 1997. En 2017, le buste est déplacé dans un endroit plus en vue, sur la rue Main de Whitehorse.

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